Nous avons tendance à dire que la parole c’est le pouvoir. Qu’à l’image de la cité démocratique athénienne du Ve siècle, cellui qui sait parler est cellui qui domine. Le discours aurait donc un pouvoir immense auquel nous pourrions accéder dès que nous ouvrons la bouche. Certains reprocheront – et sans doute le faites-vous vous-même à cet instant en lisant ce texte – à cette parole d’être trop superficielle, peu raisonnée, peu nuancée : en somme, pas légitime. C’est là toute la complexité de la parole, du discours. Ce qui est énoncé doit répondre à des règles de structure, de scientificité, de morale sans quoi il n’est pas considéré comme audible. Les interrogations sur le langage et sur son accès sont paradoxales. En ce sens qu’elles sont les interrogations de celleux qui font partie prenante de l’ordre du discours. Mais pourquoi et comment renverser cet ordre?