LUNDI ALUMNI #49 : Astrid A* R*

Vous vous sentez un peu perdus, ne sachant que faire de votre vie, ni même pourquoi vous êtes au CPES ? Pas de panique, c’est le cas de beaucoup d’entre vous, et nombreux sont passés par là ! Nous vous présentons justement aujourd’hui Astrid, 24 ans dont le parcours, on l’espère, vous inspirera et vous aidera à relativiser 🙂

En terminal ES euro anglais option cinéma dans un lycée de l’Oise, Astrid voulait faire SciencePo. Non admise après avoir passé l’entretien, sa sœur lui conseille de s’intéresser au CPES, un peu dans la même lignée qu’un IEP.

En terminal ES euro anglais option cinéma dans un lycée de l’Oise, Astrid voulait faire SciencePo. Non admise après avoir passé l’entretien, sa sœur lui conseille de s’intéresser au CPES, un peu dans la même lignée qu’un IEP. D’ailleurs, si elle voulait intégrer SciencePo, c’était notamment pour être dans un cursus pluridisciplinaire, puisqu’elle s’intéressait à beaucoup de choses en même temps !

Elle entre au CPES en SESJ en septembre 2015, alors qu’elle n’a encore que 17 ans. « J’étais trop contente de faire mes études à Paris, je me suis tout de suite fait des amis avec qui je suis toujours pote aujourd’hui, j’étais sur un nuage, j’étais à Henri IV, dans le Ve arrondissement, t’arrives au lycée devant le cloître… j’étais trop contente ! » Mais cet enchantement est brisé par le début des devoirs et les premières notes : 1,5 en anglais, 2 en maths. C’est un peu la douche froide, dans la mesure où Astrid avait beaucoup de facilités au lycée sans avoir à travailler énormément, comme beaucoup de cpesiens. « Je venais d’un lycée qui n’était pas excellent, et je me suis retrouvée qu’avec des premiers de classe au CPES, donc je n’étais plus du tout dans les meilleurs… La redescente était un peu sévère, surtout en maths quand j’ai vu que je galérais avec un bac ES ».

Les langues aussi lui semblent compliquées parce que beaucoup parlaient très bien anglais et allemand (oui, Astrid est de ces gens qui ont fait allemand, nous ne ferons pas de commentaire haha…). Mais elle apprécie beaucoup de n’être qu’une trentaine, d’être en petit effectif : « On avait de vrais liens avec nos profs, on n’était pas invisible, on était vraiment quelqu’un et on pouvait parler de nos doutes ».

Ce qui l’aide à tenir le cap de la L1, c’est sa coloc, une fille qui n’est pas au CPES mais à la fac (la vraie) qui avait beaucoup plus de temps libre : « il y avait un décalage entre nous car je devais travailler le soir et le week-end, mais ça m’aidait à faire d’autres choses, voir d’autres gens ».

« J’ai rencontré des personnes incroyables et je n’aurais pas réussi sans le soutien de mes amies, elles m’ont beaucoup soutenue ! C’était la galère de ouf la première année, mais j’en garde des supers souvenirs grâce aux rencontres ! »

C’est les rencontres qui permettent surtout à Astrid de s’épanouir : « J’ai rencontré des personnes incroyables et je n’aurais pas réussi sans le soutien de mes amies, elles m’ont beaucoup soutenue ! C’était la galère de ouf la première année, mais j’en garde des supers souvenirs grâce aux rencontres ! »

En deuxième année, elle fait ce que certains d’entre vous ont ou vont probablement faire : elle choisit droit-socio, mais regrette très vite d’avoir pris droit : « J’aurais kiffé faire philo ou HTA à la place, mais j’ai pris droit et je sais pas pourquoi, j’ai détesté, c’était horrible et clairement pas mon fort ! » Mais heureusement pour Astrid, la socio est là et elle adore ses cours ! « J’aurais aimé avoir plus de cours spécialisés, par exemple de socio du genre ! »

Que faire après le CPES ? Astrid se rend compte qu’elle n’a pas de vocation, qu’elle adore la socio mais qu’elle ne veut pas faire de recherche. « J’ai un peu paniqué, je me suis demandée ce que j’allais faire avec une licence en sciences sociales et politiques, donc j’ai postulé au master Stratégie de Dauphine et j’ai été prise ».

Au cours de cette même année elle emménage à la Cité U pour son plus grand plaisir : « c’était incroyable, je me suis faite des trop bons amis, on se faisait des nuits blanches dans le bunker d’Honnorat [si si vous savez, cet adorable sous-sol si accueillant…], on passait nos nuits là-bas, parce que je me retrouvais la veille avec 18 trucs à faire pour le lendemain, c’était la galère mais c’était bien, ça nous a beaucoup soudé ». Elle profite aussi davantage de Paris, de ses expos et de ses cinémas tout en donnant des cours le soir. Fâcheuse habitude cpesienne de faire trop de choses en même temps, Astrid s’oublie elle-même et tombe souvent malade : « ils ont cru au CPES que j’étais anorexique car je me suis évanouie en cours une fois. J’ai voulu tout accumuler, je ne regrette pas, mais sur le coup c’était très dur ». Astrid en tire des bénéfices tout de même, car elle apprend par la force des choses à s’organiser, à gagner en rigueur et à se dépasser, même avec peu d’heures de sommeil.

Comme vous vous en doutez, elle n’a pas conservé le droit en dernière année et se retrouve donc en socio à Dauphine. Le passage d’une année très chargée à la fac est un vent de liberté : « J’ai repris le rugby, je me suis intégrée à la vie de l’école, mais j’ai aussi beaucoup séché et je sortais énormément… Je suis même allée aux rattrapages pour le seul cours de droit que j’avais (rires) ». Elle apprécie tout de même ses cours et ses profs, notamment son cours de politique comparée du monde arabe ou de politique sociale. Mais vient le moment fatidique redouté par toutes et tous : la question de l’orientation. Que faire après le CPES ? Astrid se rend compte qu’elle n’a pas de vocation, qu’elle adore la socio mais qu’elle ne veut pas faire de recherche. « J’ai un peu paniqué, je me suis demandée ce que j’allais faire avec une licence en sciences sociales et politiques, donc j’ai postulé au master Stratégie de Dauphine et j’ai été prise ».

Astrid fait ensuite son stage de fin d’études à Montréal, grâce à la bourse d’études d’AgroparisTech (presque 5000 euros!!) Elle est chargée de projet en agriculture urbaine pour l’association Ville en Vert, dans un écoquartier de la capitale québécoise.

Elle a des cours de marketing, de stratégie, de communication, puisqu’elle s’était mise en tête vouloir travailler dans le marketing non-marchand. Mais au bout de deux mois, la déception et la lassitude sont là : « C’était très superficiel, je n’apprenais rien, je m’ennuyais comme pas possible donc j’allais jamais en cours… Mes amis avaient des masters de fou, donc je me suis demandée ce que j’avais fichu ». Astrid regrette que les profs du CPES n’aient pas davantage accompagné les élèves pour les masters et qu’ils n’aient pas profité de leur proximité avec eux pour mieux les conseiller. Mais elle profite de cette première année dans un master qui ne lui plaît pas pour prendre le temps de vraiment réfléchir à ce qu’elle veut vraiment faire. C’est en parlant avec une de ses professeurs, qui lui confirme qu’elle n’a pas le profil pour être dans ce mater, qu’elle décide de s’intéresser au climat et à la crise écologique.

Elle postule pour un master de développement durable à Dauphine et pour un master gouvernance de la transition écologique à AgroParisTech. Elle est acceptée directement en M2 à ce dernier et se réjouit de retourner dans le Ve arrondissement après deux ans dans le XVIe (admettons-le, entre nous, qu’est-ce qu’on s’ennuie dans le XVIe, et qu’est-ce que c’est cool le Ve <3). « C’était trop cool, on était que 20, l’ambiance était super et j’ai retrouvé une ambiance un peu CPES, mais en master donc avec moins de travail, plus d’autonomie, et cette fois j’allais tout le temps en cours, les profs nous accompagnaient bien ! ». Astrid fait ensuite son stage de fin d’études à Montréal, grâce à la bourse d’études d’AgroparisTech (presque 5000 euros!!) Elle est chargée de projet en agriculture urbaine pour l’association Ville en Vert, dans un écoquartier de la capitale québécoise. « J’y suis restée sept mois, et j’ai beaucoup appris ! Mon stage s’est super bien passé avec ma tutrice, j’avais beaucoup de responsabilités, je gérais un site nourricier d’agriculture urbaine, qui nourrissait cinquante familles d’un quartier défavorisé. On leur assurait une sécurité alimentaire, avec de la nourriture saine, j’ai suivi des clients et des bailleurs… C’était une belle expérience et Montréal est une ville incroyable quand tu as 22 ans ! ». Au terme de son stage, l’association lui propose même un poste, mais à cause du Covid compliquant toutes les démarches administratives (procédure de visa et de permis de travail gelés), Astrid rentre en France et doit retrouver du travail en pleine crise sanitaire.

Désillusion : la tache est bien compliquée qu’il n’y paraît. Elle essuie beaucoup de refus pendant quatre mois, n’ayant pas assez d’expérience. Durant cette période de recherche d’emploi concordant avec ses études, elle est serveuse dans un bar à jus pour gagner un peu d’argent.

En avril 2021 elle finit par trouver un poste de consultante en concertation citoyenne pour l’agence Grand Public: « en gros tu vas voir des gens en zone rurale, par exemple je partais un mois et demi en Lozère dans le cadre de la relance écologique, j’allais voir la vie des gens qui allaient en bénéficier, je faisais une enquête représentative de la population, je cherchais à connaître les attentes des personnes sur ces plans de relance… ». Astrid apprend beaucoup de cet emploi pour lequel elle a beaucoup de responsabilités, mais n’est pas complètement satisfaite : « C’était très intense, j’avais beaucoup de travail et l’équipe était très jeune, mais ce n’est pas exactement ce que je voulais faire, je me disais que c’était temporaire ».

Elle travaille actuellement pour le programme de développement des Nations-Unies, le PNUD, et cela fait à présent six mois qu’elle est là-bas. Son rôle est de mettre en place des projets pour favoriser la transition écologique tout en incluant les communautés locales de façon à ce qu’elles en bénéficient.

Elle postule dans un même temps à d’autres offres, notamment un poste de chargée de gestion de la biodiversité à Cotonou, au Bénin, pour les Nations Unies. « C’était un gros dossier de candidature, j’ai fait un entretien de 45 minutes et j’ai été choisie pour la deuxième phase de sélection, à savoir un entretien avec l’équipe avec laquelle il faudrait travailler au Bénin. Ce jour-là mon ordi ne fonctionnait plus, j’ai fait l’entretien avec une demi-heure de retard, j’étais au bout de ma vie », mais finalement le profil d’Astrid est retenu : la voilà donc partie pour le Bénin ! Elle travaille actuellement pour le programme de développement des Nations-Unies, le PNUD, et cela fait à présent six mois qu’elle est là-bas. Son rôle est de mettre en place des projets pour favoriser la transition écologique tout en incluant les communautés locales de façon à ce qu’elles en bénéficient. « Je suis dans une équipe avec 98 % de béninois, on est que deux Français expatriés. Au début c’était super cool, j’ai adoré être dans un nouveau pays à travailler pour les Nations Unies, j’étais sur un nuage avec la plage, les cocotiers, les mangues et les ananas sous trente degrés… Mais au bout d’un mois et demi je me suis dit que ça allait être long. C’était dur de s’intégrer dans une équipe d’hommes de cinquante ans en moyenne, j’ai dû passer Noël sans ma famille, donc j’étais un peu mitigée ». Astrid accepte finalement le fait de n’avoir que 24 ans et de ne pas être en mesure de pouvoir « sauver tous les éléphants », d’être patiente pour que ses projets aboutissent. Etre expatriée dans un pays anciennement colonisé par la France la fait réfléchir sur son comportement en tant que blanche, sur le fait de « ne pas être une néocolon de base ».

Astrid finit sa mission en octobre prochain, mais elle n’a pas envie de retravailler tout de suite pour les Nations-Unies. Elle aimerait pouvoir travailler pour WWF ou GreenPeace, une ONG ayant un gros impact avec des moyens, mais elle souhaite surtout pouvoir refaire une année à Paris et retrouver ses amis.

Comme vous le voyez, même plusieurs années après le CPES, Astrid ne sait toujours pas exactement ce qu’elle fera dans quelques mois, mais nul doute ne fait qu’elle trouvera vite son prochain poste ! <3

Interview et article de Lucie Courant.

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