LUNDI ALUMNI #40: Oriane Martin

Qui dit lundi dit… Alumni ! Et aujourd’hui on vous retrouve avec le portrait haut en couleur d’Oriane Martin, de la première promotion du CPES ! Cette franco-argentine de 28 ans a un parcours très spécial Un parcours de CPES quoi !

Ayant fait toute sa scolarité jusqu’au lycée dans des établissements franco-argentins en Argentine et à travers le monde, c’est à tâtons qu’Oriane découvre le système d’orientation français. Dès la terminale elle savait qu’elle voulait venir en France. Fille d’un diplomate, il lui semblait plus facile de pouvoir travailler à l’international après ses études avec un diplôme français plutôt qu’argentin. Elle rêvait de se faire une place dans le milieu du cinéma : son père préférant qu’elle ait un diplôme dans un domaine plus « sûr » avant de s’engager dans ce domaine, souhaitait qu’elle fasse Sciences Po avant d’entrer dans une école de cinéma.

« J’ai mis un moment avant de me rendre compte de la chance que j’avais à PSL »

Les cours en Amérique latine commençant en février et se terminant en novembre, elle est arrivée en janvier 2012 en France. Elle suit alors à raison d’une fois par semaine une prepa aux concours de SciencePo ayant lieu à Versailles, bien qu’elle n’ait elle-même pas spécialement envie d’intégrer cette grande école. Elle s’inscrit en même temps sur APB (admission post bac, ex Parcours Sup) bien qu’elle ne comprenne pas vraiment comment cela fonctionne, ni à quoi correspondaient les intitulés des formations. C’est alors qu’à quelques jours du concours de SciencesPo, elle découvre qu’elle a été acceptée au CPES à PSL. Ne sachant plus trop de quoi il s’agissait, elle se renseigne davantage sur internet (ce que nous avons tous plus ou moins fait, si si, souvenez-vous). La mention des prestigieux établissements de PSL telle l’ENS convainc son père : bien qu’admissible à SciencePo, elle préfère se tourner vers le CPES.

La voici alors en L1, en septembre 2012. « J’ai mis un moment avant de me rendre compte de la chance que j’avais à PSLcomparativement à d’autres amis dans d’autres formations, le CPES était incroyable ». Oriane ayant toujours aimé faire plein de choses en même temps, c’était un luxe pour elle de pouvoir attendre un peu avant de se spécialiser et suivre plein de matières : « c’est très rare dans le système français de voir ce fonctionnement, de pouvoir tout suivre à fond, pouvoir aller chercher des cours dans d’autres filières qu’on ne connaît pas. »

« il y avait une vraie effervescence, à la pause dej on parlait et on débattait de philo, les gens étaient au CPES parce qu’ils étaient vraiment motivés et ils en faisaient plus, ils étaient passionnés, et c’était vraiment inspirant ! ».

Les débuts sont un peu durs, Oriane ayant été habituée comme beaucoup d’entre nous à être première de sa classe sans trop d’efforts : « je me souviens de mon premier devoir de littérature, alors que j’avais toujours été forte dans cette matière, je me suis pris un 5 ! ». « C’était dur, mais challenging, ce n’était pas des mauvaises notes juste pour te démoraliser et te casser ». Elle découvre en même temps d’autres disciplines, comme l’économie, mais aussi pour son malheur le latin. « Les cours de latin étaient obligatoires et c’était avec les khâgnes et hypokhâgnes, je n’en avais jamais fait en Argentine, et c’était super dur à suivre ! Mes devoirs de latin me hantaient jusque dans mes rêves, j’ai failli louper ma première année à cause de ça ».

Elle redécouvre aussi la philosophie, « la vraie philo, pas celle du lycée » ! L’ambiance avec les autres élèves lui plait énormément : « il y avait une vraie effervescence, à la pause dej on parlait et on débattait de philo, les gens étaient au CPES parce qu’ils étaient vraiment motivés et ils en faisaient plus, ils étaient passionnés, et c’était vraiment inspirant ! ».

Elle aurait aimé en L2 pouvoir allier philo et éco, mais cette combinaison n’était alors pas possible. Elle se retrouve donc en philo et socio, bien que sa préférence aille à cette première. Les cours de socio, donnés à l’école des mines, étaient dans des grandes salles avec beaucoup de monde : « c’était des cours magistraux, et même si la qualité était au rendez-vous, la relation avec le prof était un peu moins directe, un peu plus impersonnel… Sauf avec P.Riutort qui m’a fait beaucoup rire ! ». En philo, ils n’étaient qu’une dizaine, les élèves s’entraidaient énormément.

C’est donc la philosophie qu’Oriane garde avec elle en troisième et dernière année. L’ancien système du CPES reposant sur une majeure et une mineure en dernière année (en deuxième année les deux disciplines étaient égales en termes d’horaires), elle décide de découvrir l’Histoire et Théorie des Arts en mineure, ce qui la ramène d’ailleurs vers son projet initial : le cinéma. Elle apprécie particulièrement les cours d’histoire du théâtre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, ainsi que les cours d’analyse filmique donnés par un professeur sortant de la FEMIS. En philo elle avait beaucoup de cours à l’ENS, avec les élèves de l’ENS  « c’était un luxe énorme de pouvoir y assister alors qu’on n’était pas rentré à l’ENS, les cours étaient supers ! ». Cependant, c’est une période où Oriane commence à fatiguer et à remettre en question son parcours : « je me suis rendue compte que tout l’effort et tout le stress de cette formation n’étaient peut-être pas vraiment utiles : je n’avais pas envie de faire de la recherche ni de faire un master. Après deux années très chargées, la rédaction de deux mémoires, je me suis vraiment demandée : Pourquoi tout ce stress ? A quoi bon ? ». Autour d’elle, ses camarades voulaient entrer à l’ENS, faire des masters, mais ce n’était pas du tout son cas : « j’ai pris beaucoup de plaisir à étudier au CPES, mais ce n’était pas utilitariste pour ensuite me diriger vers tel master… J’ai fait de la philo à fond parce que ça me passionnait, mais je n’avais aucune vocation à faire carrière après ». C’est donc vers le cinéma qu’elle retourne, aidée par son professeur sortant de la FEMIS, qui n’hésite pas à lui donner de précieux conseils pour passer les concours de cette école à la sortie de PSL.

« Je n’avais jamais fait de cinéma, mais cette école est très bien si on veut se plonger directement dans des activités pratiques : on bosse avec du matériel pro très rapidement, on est très autonome et c’est très concret. Le retour au réel m’a fait beaucoup de bien : au CPES c’était très intellectuel, alors que là, on prenait une caméra et on filmait directement »

Deuxième sur liste d’attente, elle ne parvient pas y entrer. « Ce n’était peut-être pas plus mal, la FEMIS représente à nouveau quatre années d’études, c’est un peu PSL version cinéma, c’est très intense et il faut être prêt psychologiquement, alors qu’après le CPES j’étais un peu épuisée. » Elle entre donc en 2015 à l’ESEC, l’École Supérieure d’Études Cinématographiques située dans le 12e arrondissement, pour deux années, puisqu’ayant déjà suivi un premier cycle, il est possible d’entrer dans cette école directement en deuxième année. « Je n’avais jamais fait de cinéma, mais cette école est très bien si on veut se plonger directement dans des activités pratiques : on bosse avec du matériel pro très rapidement, on est très autonome et c’est très concret. Le retour au réel m’a fait beaucoup de bien : au CPES c’était très intellectuel, alors que là, on prenait une caméra et on filmait directement ». Oriane y fait beaucoup de rencontres et s’y fait un bon réseau, très important dans le milieu du cinéma. Les tournages dans l’année s’enchainent, avec toujours un même groupe de huit personnes, mais en changeant de poste à chaque fois, pour découvrir tous les métiers (ingé son, réalisateur, perche…). Elle réalise les courts-métrages de fin d’année à chaque fois, souhaitant d’ailleurs devenir réalisatrice.

« J’ai eu beaucoup de chance, se faire une place dans le cinéma c’est très difficile »

« Le jour où on a rendu le matériel après le court-métrage de fin d’année, j’ai eu un entretien pour un stage. Notre année se finissait en mars et après on était encore conventionné par l’école pendant 6 mois. Une directrice de casting avait besoin d’une stagiaire parlant anglais, et une amie la connaissant avait pensé à moi. On était vendredi à 18 heures, je sortais de tournage, et je suis allée passer l’entretien directement : ça a matché, elle m’a prise. Ça devait durer un mois, mais finalement je suis restée deux mois, et j’ai retravaillé avec elle ensuite. » Oriane n’a ensuite pas cessé de travailler, grâce au bouche à oreille, on l’appelait toujours. « J’ai eu beaucoup de chance, se faire une place dans le cinéma c’est très difficile ». Son travail consiste alors à assister des directeur.ice.s de casting pour trouver les comédiens qui correspondent aux rôles. Elle en vient à travailler pour le cinéma français, mais aussi américain, parfois pour la télévision et elle a même fait un peu de publicité. Lorsqu’on la recrutait, elle lisait les scénarios, réfléchissait aux gens qui correspondraient, échangeait avec les agents des acteurs… « j’ai fait beaucoup de terrain, par exemple la sortie des lycées pour trouver un profil correspondant à ce que je cherche, j’ai fait des auditions, de la direction d’acteurs filmée et de la gestion des figurants sur des plateaux ». Comme elle voulait réaliser, elle voyait là un moyen d’apprendre la direction d’acteurs. Être intermittente ne la dérangeait pas du tout, au contraire. Mais Oriane explique tout de même : « l’intermittence peut être super angoissante, on peut m’appeler pour un projet qui dure deux semaines, et après je peux ne plus rien avoir pendant deux mois ou juste trois jours… C’est un mode de vie un peu incertain, et avec le temps j’ai appris à lâcher prise, même si m’organiser des vacances dans ces conditions était compliqué ».

Mais à un moment Oriane se rend compte que ne pas voyager la frustre. « Étant jeune, j’avais beaucoup voyagé grâce au métier de mon père et j’adorais ça. Je pensais qu’avec le cinéma je pourrais partir à l’étranger, mais en fait pas du tout : à moins d’être réalisateur ou chef de poste, on reste au même endroit. Le réseau à Paris ne fonctionne que là-bas, cela ne sera pas utile pour partir ailleurs, même juste à Marseille. » Ayant donc développé un réseau tout de même important à Paris, Oriane est amie avec une berlinoise, qui lui donne des envies allemandes. La voilà alors avec un nouvel objectif : se reconvertir dans le monde de la nuit, organiser la venue d’artistes dans des soirées technos à Berlin. Mais qui voilà au même moment que ce projet se forme? Notre ami le COV*D 🙂 ! Le confinement y met donc un terme. Oriane élabore alors un plan B, toujours dans le but de voyager : faire de l’informatique, pour partir ensuite à l’étranger et juste avoir son ordi pour travailler !

En septembre 2020, elle tente le concours de l’école 42, crée par Xavier Niel, fondateur de Free. C’est un concours de quatre semaines non-stop, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour lequel il n’est pas nécessaire de savoir coder : les exercices sont évolutifs et permettent de l’apprendre. Contre toute attente elle réussit ce concours, et intègre l’école en novembre 2020, tout en poursuivant son travail dans le cinéma. « Là je fais une pause avec le cinéma pour pouvoir finir le plus vite possible l’école d’informatique. Je n’y connaissais rien, et j’ai découvert que j’aimais bien coder ! L’école est organisée comme un jeu vidéo : on commence au niveau zéro, et on fait valider notre projet par d’autres élèves pour monter au niveau suivant, c’est un système de peer learning super enrichissant, on peut être autonome et avoir notre propre rythme ». Cela fait un an qu’Oriane travaille sur le tronc commun de l’école : elle pense bientôt le finir pour ensuite partir en stage.

Mais cette franco-argentine aux compétences multiples n’a pas pour autant totalement abandonné le cinéma : « il me reste encore un an, avant mes 30ans, pour tenter la FEMIS… Je pense repasser le concours, pour honorer la Oriane du passé qui rêvait d’être réalisatrice ! »

« Je me suis mise la pression assez longtemps sur le fait d’avoir une vocation, il FALLAIT que j’en ai une… Mais en fait, peut-être que ce qui me rend heureuse c’est de chercher cette vocation !»

Comme vous l’avez constaté, Oriane ne savait pas vraiment quoi faire concrètement comme métier à son entrée au CPES, comme beaucoup d’entre vous, et elle sait toujours pas : « Je me suis mise la pression assez longtemps sur le fait d’avoir une vocation, il FALLAIT que j’en ai une… Mais en fait, peut-être que ce qui me rend heureuse c’est de chercher cette vocation ! J’adore ce que je fais actuellement, mais peut-être que si je fais la même chose trop longtemps ça ne me rend plus heureuse… Je ne me sens pas perdue dans ma tête, tout ce que j’ai fait ce n’était pas du temps perdu, c’était des expériences en plus, des compétences en plus… Si tu n’arrives pas à trouver ce que tu veux faire, tu sauras au moins ce que tu ne veux pas faire, chaque expérience est importante et font partie de qui tu es ! »

Alors, suivons ses conseils et retenons : ne pas se mettre la pression, faisons-nous confiance, et faisons ce qui nous plait avant toute chose 🙂 .

On se retrouve la semaine prochaine !

1 commentaire pour “LUNDI ALUMNI #40: Oriane Martin”

  1. Soy Silvana,la tía de Oriane,de Argentina.
    Siempre fue una niña curiosa y muy inteligente.
    Lo mejor que tiene es su versatilidad y el deseo de aprender,siempre buscando nuevos objetivos.
    La amo por eso y estoy orgullosa!!!

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