Existerait-il de bonnes séries françaises ?

Série ne rime pas avec frenchy ? C’est ce que vous croyez. Mais nous pensons à tort que seuls les britanniques et les américains sont capables de faire de bonnes séries. Alors aujourd’hui, soyons un peu chauvins : levez-vous spectateurs français et soyez fiers de notre patrie cinématographique.

Pourquoi ai-je décidé aujourd’hui de jouer les Gavroche et défendre les séries françaises ? Parce que j’ai été agréablement surprise de la qualité des dernières séries que j’ai regardées. Et, oh stupeur, quel est leur point commun : ce sont toutes des productions françaises. Le Bureau des légendes, Baron noir, Les Sauvages ou encore Dérapages … voilà un échantillon qui me font dire que nous pouvons encore avoir Foi en notre pays. Cependant, face à ces exemples, une remarque est inévitable : ce qui l’est rapproche n’est pas seulement leur francité, mais aussi leur sujet. En effet, il semblerait que nous soyons les champions des séries réalistes politiques. Elles sont toutes construites autour d’intrigues totalement crédibles, le plus souvent inspirées de faits réels. De plus, les trois séries de Canal+ prises en exemple ont pour objet la politique ou l’espionnage étatique. C’est donc là que réside notre talent : arriver à faire des séries autour d’un sujet, de prime abord, peu excitant. Loin des séries post-apocalyptiques, fantastiques ou encore historiques qui font fureur, nous, chers français, sommes capables de rendre captivants de simples « histoires de bureaux ».

En dehors des séries mentionnées, l’on pourrait également faire une place à Dix pour cent qui a elle aussi connu son petit succès et ceci bien qu’elle soit basée sur la face moins glamour et plus bureaucratique du cinéma. Bref, nous sommes connus pour être les rois de la bureaucratie et cela se perçoit même dans nos séries ! De plus, elles peuvent compter sur un très beau casting d’acteurs français et permettent même de faire émerger de nouvelles étoiles montantes.

En revanche, je ne m’explique pas cet appétit français pour la réalisation de telles créations ; peut-être est-ce notre tendance bureaucratique et administrative tant moquée à l’étranger, qui s’exprime ? Quoi qu’il en soit, on ne peut que saluer ces productions qui ont su redorer le blason français et réussir un véritable tour de force. Car oui, arriver à trouver sa place dans le panorama audiovisuel de nos jours avec en prime des sujets aussi peu séduisants est assez courageux. Si vous n’êtes toujours pas convaincu laissez-moi vous présenter rapidement (pas de spoiler), les séries citées plus haut :

  • Le Bureau des légendes : un espion dans la vraie vie ça ne ressemble pas vraiment à James Bond mais plutôt à Guillaume Debailly, nom de code Malotru, interprété par Mathieu Kassovitz dans la série. Tout au long des cinq saisons, on se trouve immergé dans les bureaux de la DGSE et les missions de ses agents. Si la série met un peu de temps pour installer le décor et l’intrigue avec une première saison un peu lente, on se trouve vite emporté dans les rebondissements diplomatiques et affaires d’État dès la saison 2. C’est l’une des séries françaises qui a connu le plus de succès même à l’étranger. Le seul défaut que je lui trouve est qu’elle aurait gagné à être davantage resserrée avec une saison 1 plus rapide et aurait pu se terminer à la fin de la saison 4. Mais je vous laisse en juger par vous-mêmes.
  • Baron Noir : vous pensez que la politique c’est ennuyeux ? Faites confiance à Canal+ (sesréalisateurs Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon) et Kad Merad pour vous faire dire le contraire. Au cours des trois saisons, vous allez suivre les tumultes de Philippe Rickwaert, d’abord simple maire de Dunkerque qui aspire à beaucoup plus, et vise la présidence nationale. Entre stratégies, trahisons et amitiés, plongez au cœur des intrigues de couloirs du Palais de l’Elysée.
  • Les Sauvages : Une seule saison de 6 épisodes bluffants qui mêlent histoires de famille et politiques dans une France parallèle très proche de la nôtre. La qualité de la série repose en partie sur un jeu d’acteurs impressionnant que ce soit Roschdy Zem incarnant Idder Chaouch, président, tout juste arrivé au pouvoir, qui est victime d’un attentat ou Sofiane Zermani qui campe Nazir Nerrouche l’opposant au clan Chaouch. Pour le moment une saison 2 n’a pas été évoquée par la chaîne et on s’en réjouit car il serait dommage de vouloir surenchérir, au risque de détériorer la qualité de la série.
  • Dérapages : une série avec Eric Cantonna sur Netflix, quel est donc cet OVNI ? Cette mini-série (une saison de 6 épisodes comme Les Sauvages) a d’abord été diffusée sur Arte avant que Netflix n’en rachète les droits, ce qui explique aujourd’hui sa présence sur la plateforme. Le réalisateur Ziad Doueiri a adapté librement le roman Cadres noirs de Pierre Lemaitre pour en faire un thriller social haletant. En somme on assiste à du Ken Loach version française, c’est-à-dire l’histoire d’Alain Delambre un ancien cadre au chômage depuis 6 ans, prêt à tout pour retrouver du travail, ce qui va l’entraîner sur une pente très glissante…
  • Dix pour cent : on reste toujours dans les mêmes bureaux. Cette fois-ci pas question de politique, mais plutôt d’argent et de contrats. En effet, cette série comique présente le quotidien de 4 agents de l’agence artistique ASK. Chaque épisode est centré autour d’une guest star de la télévision ou du cinéma français, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui découvrent l’envers du décor du petit et du grand écran. C’est peut-être ce qui explique le succès étonnant de cette série aujourd’hui adaptée dans de nombreux pays étrangers.

Par Gaëlle Robert

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