Entre débat et controverse écologique : retour sur l’affaire de l’A69

53 kilomètres, 15 à 25 min de gagnées et déjà une nationale 126 : voici le projet de la A69 résumé par quelques chiffres. Après plusieurs semaines au cœur de l’actualité que ce soit sur les réseaux sociaux ou aux journaux télévisés, un récapitulatif est à faire sur ce projet qui divise. Mais qu’est ce que l’autoroute A69 devant relier Toulouse à Castres et que représente-t-elle?

©afp

Ce projet, né au début des années 2010 et repris par le gouvernement Macron, inquiète collectivement du fait de son impact écologique. Celui-ci annonçait pourtant un mandat écologique lors de sa campagne de réélection en 2022, comme l’a rappelé Jean-Michel Aphatie sur l’émission Quotidien, mettant en avant la contradiction du projet et le mot d’ordre du mandat du président . Malgré les mobilisations et les protestations, le gouvernement reste aveugle. Il répète ainsi en boucle deux arguments:  le désengorgement des routes et le gain de temps permis. Pourtant, ce gain de temps ne représente en effet que 25 minutes, au mieux, et a également un prix : celui de 13,54 euros l’aller-retour. Quant au trafic, la nationale est déjà peu empruntée par les automobilistes, ce qui augmente le mécontentement des activistes écologiques, dénonçant en plus du désastre écologique une inutilité assez évidente.

Un projet critiqué par 2000 scientifiques

Thomas Brail, grimpeur arboriste et engagé pour la protection des arbres, a mené une grève de la faim puis de la soif en contestation. Pendant plus d’un mois (de la fin août à la mi-octobre 2023), il est resté perché en haut d’un platane en face du ministère de la transition écologique, et cela sans manger. Une action marquante pour lutter contre l’abattage des 150 à 200 arbres qui s’avèrerait nécessaire pour la construction de l’A69. Deux jours après s’être fait délogé et un passage en garde à vue plus tard, il a été reçu dans une émission radiophonique de France Inter durant laquelle il a échangé avec la chroniqueuse Maïa Mazauzette. Cette dernière lui a reproché un mode d’action « enfantin » qui aurait contribué à invisibiliser sa cause plutôt que de la défendre.

Face à un ministre des transports qui prône un Etat de droit dans lequel les individus peuvent s’exprimer, mais dont l’opinion ne semble pas prise en compte, le défenseur des arbres évoque quant à lui “l’article 163-1 du Code de l’environnement [qui] indique que si les atteintes liées au projet ne peuvent être ni évitées, ni réduites, ni compensées de façon satisfaisante, celui-ci ne doit pas voir le jour”. Cet article vise à rappeler au gouvernement que le projet n’est pas tout à fait en règle légalement, et les activistes écologiques manifestent pour le montrer. 
Pour continuer sur les données qui illustrent ce projet hautement critiqué, 2000 scientifiques se sont positionnés contre cette autoroute. La prochaine A69 représente ainsi “entre 5 000 et 8 000 tonnes de CO2 supplémentaires émises par an« , explique le géologue Odin Marc du CNRS à franceinfo. Il estime donc que “la priorité devrait être de baisser les émissions, et non de construire des infrastructures qui vont les faire augmenter. » Contre cela, le gouvernement avance la “compensation carbone”.

L’entêtement du gouvernement

L’expulsion des activistes occupant une partie des travaux de la future autoroute s’est déroulée le weekend dernier.  Une ZAD (zone à défendre) avait commencé à s’y installer. Le gouvernement ne voulant pas se retrouver face à une situation comparable à celle de Sainte-Soline, les forces de l’ordre ont été rapidement dépêchées sur place. 

Un mouvement anti-bassines d’eau à Sainte-Soline avait grandement inquiété le gouvernement. En réponse à la présence des éco-militants sur le champ, plus de 2000 policiers avaient été envoyés afin d’éviter l’installation d’une ZAD

Les images du week-end dernier ont largement circulé sur les réseaux sociaux, et montrent des militants violemment délogés par les policiers à coup de matraques et de grenades lacrymogène. Cette ZAD aura duré moins de 24 heures.
Sans attendre, Gérald Darmanin a posté un message accusateur sur Twitter faisant référence à “des violences inouïes et inacceptables” dont font preuve les activistes face à aux forces de l’ordre chargées de l’évacuation de la ZAD.

X de Darmanin sur l’évacuation des militants de la ZAD

Toutefois, contre ce discours réprobateur, les militants expliquent l’interruption d’une conférence à laquelle des enfants et personnes âgées participaient, rejetant la faute du début d’un combat musclé sur la police. 

L’entêtement du gouvernement et de Clément Beaunes, ministre des transports, entraîne un débat par piques interposées. Toutefois, aucun dialogue ne semble être possible. Les images des policiers en pleine action pour le délogement de la ZAD témoignent bien du refus de la conversation. 

Sofia Husse

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