En Islande, le féminisme n’est pas un gros mot

Ce mardi 24 octobre en Islande, des dizaines de milliers de femmes, dont la Première ministre islandaise Katrìn Jakobsdòttir, ont fait grève. Cette journée, intitulée « Kvennafri » (se traduisant « journée libre pour les femmes ») a lieu pour la septième fois dans l’histoire de l’Islande et constitue le plus grand mouvement de grève féminine depuis près de 50 ans. L’événement a pour but de demander l’égalité salariale et de protester contre les violences faites aux femmes. Il témoigne de l’importance de reconnaître la contribution des femmes à la société et permet la mise en lumière des problèmes persistants auxquels elles sont confrontées depuis des décennies.

Image de l’immense rassemblement qui a eu lieu mardi dernier à 14 heures en plein cœur de Reykjavik – Photo d’Arni Torfason.

L’Islande est souvent considérée comme ayant une longueur d’avance en matière d’égalité entre les genres. En 2017, elle devient le premier pays au monde à rendre obligatoire l’égalité salariale, et ce indépendamment du genre du travailleur. Si une entreprise ne respecte pas cette parité, elle peut se voir financièrement sanctionnée. Mais, même après 6 ans, cette égalité n’est pas encore parfaite : selon Statistic Iceland, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes est en moyenne de 4,5%. C’est le résultat le plus faible au monde. Selon une enquête de l’INSEE de 2021, en France une femme gagne 24% de moins qu’un homme tout temps de travail confondu, 15% de moins à temps de travail égal. En effet, tout temps de travail confondu, le salaire net moyen d’un homme est de 2 053 €, tandis que celui d’une femme est de 1 553 €. 

Une barrière à briser

Cela fait longtemps que l’égalité salariale entre les hommes et les femmes est au cœur des débats sociétaux. Dans cette quête, le féminisme s’impose comme un pilier essentiel, appelant à des actions concrètes pour réformer les structures professionnelles et salariales obsolètes et discriminatoires. Selon les données de l’Union Européenne, en Europe, cet écart de rémunération était en moyenne de 14% à temps de travail équivalent en 2021. Cette inégalité des rémunérations expose davantage les femmes à la pauvreté et contribue à l’écart de pensions de retraite entre les genres. Certaines femmes se voient souvent dans l’obligation de mettre leur carrière professionnelle de côté à cause des inégalités de genres qui persistent dans la répartition des tâches domestiques au sein des foyers, ou encore en raison d’une maternité. Plus concrètement encore, avec une « carrière complète », la pension d’un homme à la retraite s’élèverait en moyenne à 1 660 €, tandis qu’une femme ne toucherait que 1 007 €.

Une égalité salariale ne profiterait pas seulement aux femmes. En éliminant cette barrière fondée uniquement sur le genre, la société ouvrirait la voie à une distribution plus juste des ressources, une productivité accrue et un climat de confiance au sein des milieux professionnels. Dans une ère où l’évolution sociale et la diversité croissante au sein de la société s’imposent, il est impératif de poursuivre nos efforts. Des actions collectives de la part des gouvernements, des entreprises et des populations sont nécessaires.

Maria Jermoumi

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