En miettes ou en poussière ?

Réponse à l’article du Monde ou de l’importance de la NUANCE dans le travail de journaliste …

Loin de moi l’idée de remettre en doute le témoignage anonyme de l’étudiante de CPES 3 publié dans Le Monde en novembre dernier. Mais selon moi, cet article, par manque de rigueur journalistique, dépeint une condition misérabiliste qu’il essentialise à tous les étudiants du CPES et ne distingue pas les différentes structures étudiantes. De plus, les passages sélectionnés par le journaliste forcent le pathos et cela affecte forcément la qualité de l’article et donc amène à questionner son contenu. Certes, il pointe un véritable problème que l’Université et même le gouvernement se DOIT de prendre en compte : la santé mentale de ses étudiants. Mais en se centrant sur la situation décrite par « Ana », il ignore la situation plus difficile encore, voire dramatique, de bien d’autres.

  • En présentant les étudiants comme « les premiers à être touchés par les effets dévastateurs directs et indirects de la crise sanitaire » n’oublie-t-on pas d’abord les commerçants, les artistes et d’autres professionnels qui eux aussi n’ont plus de revenu. Alors que nous étudiants pouvons continuer notre activité : celle d’étudier. 
  • La mention de la surcharge de travail est certes réelle mais n’est pas la même pour tous que ce soit au sein des différentes filières du CPES ou même des différentes universités. C’est encore ici que le journaliste a failli dans son travail en oubliant de contextualiser un peu plus ce qu’était le CPES et de nuancer le propos. S’il avait pris le temps, d’expliquer en quelques lignes, la nature très proche du CPES avec une Prépa, le lecteur serait moins étonné que l’étudiante soit autant sollicitée !
  • Les difficultés financières dont « Ana » parle sont véritables. De ce que décrit l’étudiante, elle a cependant la chance d’être soutenue financièrement par sa famille, si bien qu’elle peut louer une chambre (et non pas par exemple être en Cité U). Une enquête un peu plus sérieuse, avec un recours aux  statistiques démontrerait sûrement qu’entre 60% et 80% des étudiantes de CPES sont dans des couches moyennes voire hautes de la société. Alors que partout en France, d’autres étudiants sont dans des situations de détresse telles qu’ils se retrouvent à aller chercher des colis alimentaires au Secours Populaire, privés des emplois précaires qui leur permettaient de subsister. Je sais que les étudiantes de CPES, comme les autres n’ont pas eu, à la suite de la Covid, la possibilité de réaliser leurs stages ou d’avoir un job étudiant mais il ne faut tout de même pas oublier les aides proposées par l’Etat qui sont, je le sais, pas énormes, compliquées à obtenir, mais qui ont le mérite d’exister. 
  • Les propositions faites en fin d’articles sont très justes mais certaines ont déjà été mises en place par l’administration au CPES. En revanche, il est vrai que Dauphine semble ne pas respecter ces règles. C’est peut être là qu’est à faire la critique. Une charte éthique d’enseignement en période de confinement aurait dû être élaborée et signée par toutes les universités de France ou au moins toutes les écoles de PSL : les pauses entre les cours, des aides financières pour l’accès au numérique, des pauses méridiennes… 
  • Et le besoin « être écouté » comme le demande Ana, existe dans certaines sections. Une des premières questions de certains de nos professeurs à chaque début de cours en ce moment, n’est-elle pas de nous demander comment allons-nous ? D’autres se rendant même disponibles sur des créneaux hors du cours pour parler avec les étudiantes de leurs difficultés et leurs situations.

Ce témoignage, ou en tout cas sa publication telle quelle, est incomplet et manque donc cruellement de nuance. Si l’on prend le temps de le relire et se questionner, on se rend compte que la situation de certains est bien pire ailleurs. Alors voilà mon propre témoignage : certes le rythme de travail au CPES est très dur et intense mais la plupart d’entre nous étions prévenus, nous avons « signé pour cela » en connaissance de cause. La charge de travail, surtout en fin de semestre, n’est pas sensiblement plus lourde qu’en temps normal, elle prend juste des formes différentes selon moi. Je suis bien d’accord que les cours à distance sont épuisants et pas du tout agréables, mais cela l’est tout autant pour les professeurs. Je pense que nous traversons tous une période très difficile peu importe de quel côté nous nous trouvons. Chacun rencontre des hausses et des baisses de moral et cela est bien normal. C’est ici que le journaliste aurait dû faire son travail et nuancer le propos d’Ana, tenu probablement lors d’une de ces périodes de découragement. Il aurait dû effectuer une enquête plus complète en interrogeant des étudiants d’autres établissements et filières. Mais en mauvais intervieweur, il a profité de cet exemple pour en faire un manifeste de la condition étudiante comme si tous les étudiants du CPES étaient en permanence dans une détresse extrême. Ce n’est pas le cas. Si ces derniers sont en miettes, d’autres tombent en poussière….

Par Plume anonyme


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Aspill

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