Lundi 9 octobre, les anciens du JDD (Journal du dimanche) présentaient La nuit de l’indépendance pour une presse libre. Le théâtre du Châtelet a été animé pendant 2H30 par différentes personnalités (humoristes, musiciens, journalistes, politiciens) qui sont montées sur scène pour rappeler à quel point la liberté de la presse est importante et en danger.
Petit rappel
Les journalistes présent.es étaient celleux qui ont fait grève pendant 40 jours cet été pour lutter contre l’arrivée de Geoffroy Lejeune (*l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles) à la direction de la rédaction du JDD. Ce directeur, marqué à l’extrême droite, a été choisi par Vincent Bolloré, le propriétaire de ce média. Ce dernier possède aussi le groupe Canal + , Prisma media (Femmes Actuelles, National Geographic…), Lagardère (Europe 1, RFM…).
Un combat contemporain
Sur scène, les journalistes ont d’abord rappelé l’effet Bolloré à Europe 1, CNews ou Paris Match : une majorité des rédacteurs qui démissionnent, une ligne éditoriale d’extrême droite… Face à ces évènements, la nécessité de renforcer la liberté de la presse mais surtout l’indépendance des médias paraît évidente. Leur combat continue avec le lancement de l’association l’Article 34 dont le but est de faire du lobbying pour mieux protéger les journalistes. Le nom de l’association fait référence à un article de la Constitution définissant le pluralisme et l’indépendance des médias comme la compétence du pouvoir législatif.
“Devant vous personne n’a souhaité travailler pour la nouvelle direction et c’est notre fierté ! ”
Une phrase clamée par les ex-grévistes une fois sur scène.
Puis sont arrivés sur scène des journalistes du Monde, de Libération, des Echos et de Médiapart. Ces quatre journaux ont un point commun, ce ne sont pas les actionnaires qui choisissent la ligne éditoriale. Ainsi, les différents journalistes ont présenté leur manière d’exercer un droit de regard sur le choix du directeur, le chemin parcouru avant de l’obtenir … Une journaliste des Échos a rappelé que, récemment, la rédaction a pu voter contre la nomination de François Vidal. Car aujourd’hui, juridiquement, le propriétaire d’un média peut imposer un directeur à une rédaction qui n’en veut pas.
Dans une suite logique des choses, Julia Cagé a réalisé un entretien avec trois députés ( Sophie Taillé-Polian, écologie et territoire ; Violette Spillebout de Renaissance; Jérémie Patrier-Leitus de Horizons), venus présenter leur proposition de loi transpartisane dont le but est de défendre l’indépendance éditoriale des médias. Par exemple, elle permettrait d’éviter qu’une personne puisse arriver dans un média, se l’approprier et en changer la ligne éditoriale. Leur venue ne fut pas très bien accueillie dans le public, quelques huées, sifflements et des “on s’en fout”. De nombreux spectateurs ont même semblé avoir eu une envie pressante.
Aussi, la soirée était ponctuée de différentes interventions artistiques (Sara Forever, Albin de la Simone…), humoristiques (Guillaume Meurice, Laura Domenge…) ou des lectures (1984, Illusions perdues… ). L’ultime performance sonnait comme une déclaration de combat et concluait bien cette jolie soirée. Léonie Pernet a battu vivement sa batterie avec par dessus des enregistrements de manifestations. Un cri pour la solidarité, un cri pour la liberté, un cri pour l’égalité.
Cri
Vive la presse libre, celle qui peut dire et se contredire.
Celle dont on ne peut douter mais dont il faut savoir discuter.
Vive la presse libre, honnête, indépendante, celle qui n’a pas peur.
Au revoir les magnats des médias dont leur intérêt pour la presse réside dans le leur.
Soyons idéalistes : qu’ils usent donc de cet argent pour développer et non censurer la presse.
Investissez sans posséder, renflouez ces vides caisses.
Allons donc reconstruire des kiosques à chaque coin de rue.
Que les journaux nous tombent drus.