“Président du désordre, de la pénurie et du mensonge”. Voilà les mots utilisés par Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde et cofondateur de Médiapart, site d’information et d’actualités orienté à gauche, dans un article publié mardi dernier.

La crise sanitaire du Covid 19 qui touche actuellement la France et les autres pays du monde entier est venue bouleverser nos sociétés contemporaines. Après 8 semaines de confinement, les autorités françaises peinent à trouver un remède au désordre pluridimensionnel ambiant…

Désordre politique.

Après avoir traversé main dans la main, le mouvement des Gilets Jaunes ou encore les grèves contre la réforme des retraites, le duo Macron-Philippe se retrouve fragilisé par la pandémie du Covid-19. Selon La Repubblica, le quotidien romain de centre gauche, “le couple semble vraiment en crise”. Le quotidien Le Monde se revendiquant non partisan confirme  cette idée : “des divergences de fond apparaissent entre le Président et le Premier ministre”.  Ces divergences sont visibles depuis le début du confinement avec notamment la question du maintien des élections municipales fortement motivé par Edouard Philippe, candidat à la mairie du Havre. Autre désordre politique : l’opposition des maires à certaines décisions gouvernementales. Premier point de tension : la réouverture des écoles le 12 mai. De nombreux maires y sont opposés. C’est le cas de Michèle Berty maire de la ville de Montmorency au nord de Paris interviewée par  le quotidien américain The Los Angeles Times. Elle juge le protocole sanitaire établie par l’Etat “inexécutable” dans sa commune. Comme beaucoup d’autres maires de France, elle est convaincue que la fermeture des écoles permettrait de mieux protéger la santé publique qui selon elle “doit rester notre priorité”.  Autre point de tension entre le gouvernement et les maires : le maintien de la fermeture des plages. “Encore une décision des parisiens sans connaissances des réalités locales” selon Romain Bail, maire LR de Ouistreham en Normandie, interviewé par Ouest France,  leader de la presse quotidienne régionale. Il n’est pas le seul à s’insurger face à cette décision car plusieurs pétitions et appels ont été créés sur les réseaux sociaux pour libérer les côtes françaises et particulièrement celles de Bretagne et de Normandie.

Désordre économique.

En plus des oppositions qui affaiblissent profondément le corps exécutif, l’Etat doit aussi faire face à un déséquilibre économique d’une ampleur inégalée. Selon Les Echos, quotidien français d’information économique et financière d’orientation libérale, “en novembre Bruxelles anticipait une croissance de 1,1% en 2020” alors que la Commission européenne anticipe une chute du PIB de 7,7% dans la zone euro. Les propos tenus par Edouard Philippe jeudi ne sont pas plus rassurants : “une fois la crise sanitaire passée, [la France] répondra à la crise économique et à l’appauvrissement général qui va intervenir”. Cet appauvrissement de la population pourra être la conséquence d’un “bain de sang social” si l’on reprend les mots d’un journaliste de Mediapart. Futur apocalyptique mais qui pourrait pourtant devenir réalité. La France a déjà perdu un demi-million d’emplois d’après Le Monde.

Désordre financier.

Une récession durable, pourrait être facteur d’une crise financière. La finance a en effet été bouleversée par la crise du Covid-19. En France, cela a notamment été aperçu sur le marché de l’immobilier. La crise sanitaire fait craindre aux professionnels du secteur immobilier un effondrement du marché. D’après une étude menée par l’organisme de certification Opinion System et relayée par le quotidien régional Le Parisien, 53% des agences immobilières “craignent pour leur avenir et le maintien de l’emploi” et “70% redoutent un durcissement de l’accès au crédit, facteur clé du redémarrage de l’immobilier”.

Désordres dans les hôpitaux.

“C’est la guerre des clans” affirme un médecin de l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, dans l’Express, hebdomadaire d’informations plutôt centriste. Il existe de nombreuses divisions entre les différents membres du personnel de Santé. On pense de prime abord aux divergences d’opinion entre le Pr Didier Raoult, promoteur du traitement à base de chloroquine et ses détracteurs. L’un déclare d’ailleurs dans l’Express que “c’est un truand, voire plus”. Il existe aussi une forte opposition entre les médecins urgentistes du SAMU et les pompiers. Selon un observateur interviewé par ce même journal, “Le médecin-chef du Samu de Paris […] a refusé de travailler avec les soldats du feu. Il a préféré collaborer avec la Croix-Rouge, la Sécurité Civile et les ambulanciers”.

La crise du Covid-19 est un phénomène sans précédent qui engendre des dysfonctionnements à tous niveaux. Toutefois, ces désordres reposent sur des mesures politiques largement contestées à travers de nombreuses manifestations et grèves récentes mais dont les revendications ont été négligées. On peut légitimement se demander si la crise du Covid-19 changera profondément la manière de gouverner de l’Etat français.

– Contribution Anonyme