Dernier lundi du mois et on espère que vous allez bien ! Aujourd’hui on se retrouve pour le portrait haut en couleurs de Marie Durrieu, 26 ans, alumni de la deuxième promo du CPES !
Elle découvre aussi et adore l’histoire de l’art : « On avait deux supers profs, dont Julien Magné, qui nous ont fait des initiations éclairées et super approfondies sur l’HTA moderne et contemporain, la peinture et sculpture, la performance : c’était vraiment des cours impressionnants, avec une grande qualité de synthèse, et très denses ! »
Faisant son lycée à Nice en L section européenne anglais, elle entend parler du CPES grâce à son père, qui a lu un article sur cette formation dans le journal. N’ayant pas envie d’aller en prépa et hésitant à faire une double licence à la fac, le CPES lui semblait donc être une bonne alternative, avec son panel d’institutions prestigieuses !
Elle fait son entrée au CPES en septembre 2013, en humanités. « Au début c’était assez violent car lorsqu’un vient de province, même d’un bon lycée, on se rend compte des différences culturelles et sociales avec ceux venant de grands lycées parisiens. » Marie est donc un peu déstabilisée par les notes qu’elle obtient en anglais et en littérature, censées être ses matières fortes : « J’ai beaucoup bossé, je me suis accrochée et j’ai réussi dès le premier semestre à remonter drastiquement mes notes. » Par ailleurs, l’ambiance de promo est idéale et permet de se sentir à l’aise, elle souligne la chance de pouvoir côtoyer les élèves des autres filières et de partager des cours avec ceux en sciences ou en économie. Elle découvre aussi et adore l’histoire de l’art : « On avait deux supers profs, dont Julien Magné, qui nous ont fait des initiations éclairées et super approfondies sur l’HTA moderne et contemporain, la peinture et sculpture, la performance : c’était vraiment des cours impressionnants, avec une grande qualité de synthèse, et très denses ! » Elle se souvient également de sa prof de théâtre, qui permettait aux élèves de s’initier à la théorie théâtrale tout en mettant en place des activités pratiques d’acteur, comme l’écriture et la mise en scène, alliant très justement la pratique et la théorie.
C’est pourquoi elle choisit HTA en deuxième année, ainsi que littérature (oui oui, il y avait une majeure littérature fut un temps). « Des déçus de la prépa sont arrivés dans notre promo, et ça rajoutait des nouvelles personnes, c’était assez sympa et c’était marrant de les voir en semi burn-out reprendre vie à PSL. » Pour ce qui est des cours, l’HTA ne la déçoit pas : « Je découvrais l’HTA dans toute sa variété : ce n’était pas juste des cours comme à la fac sur la peinture et la sculpture. Les cours sur le théâtre et le ciné étaient vraiment incroyables. Les profs étaient jeunes, c’était des doctorants ou postdoctorants donc ils étaient proches de nous, très investis et très accessibles, ayant conscience de ce qui nous intéressait ».
La L3 est un peu plus triste pour l’ambiance de la promo : « On était tous éclatés dans des établissements différents, donc on n’avait plus trop d’endroits de communauté CPES ». Les cours restent cependant toujours passionnants et approfondis : le cours de cinéma donné par un professeur ayant une formation en scénario à la FEMIS lui fait découvrir le genre du documentaire. « Il nous avait fait un cours sur la colonisation à travers le cinéma, et c’était les premiers moments où j’entendais parler de décolonisation, de post-colonisation, on a vu des films très forts de Jean Rouch, René Vautier… J’ai découvert le documentaire en L3, et c’est aujourd’hui mon métier ! »
Elle est prise comme mastérienne à l’ENS, sur la base d’une proposition de mémoire portant sur les subterfuges de noms et les pseudos dans des œuvres comme celles de Boris Vian ou Romain Gary. Elle ne fait pourtant que le M1 car cela ne lui plait pas tant que ça.
Mais n’allons pas trop vite en besogne, car le chemin de Marie jusqu’au documentaire se fait progressivement : dans un premier temps, Marie voulait être professeur de littérature, donc elle postule dans un master entre Paris 1 et l’ENS Ulm, « théorie de la littérature ». Elle est prise comme mastérienne à l’ENS, sur la base d’une proposition de mémoire portant sur les subterfuges de noms et les pseudos dans des œuvres comme celles de Boris Vian ou Romain Gary. Elle ne fait pourtant que le M1 car cela ne lui plait pas tant que ça. En parallèle elle suit des cours de théâtre. Elle bascule alors dans un M2 entre Paris 3 (Sorbonne Nouvelle) et Ulm, en « théâtre et autres arts ». « Je voulais un master entre le cinéma et le théâtre : c’était le choix idéal, avec une double codirection par une enseignante de ciné à l’ENS et une prof de théâtre à P3. J’ai travaillé sur l’influence du théâtre de la danse et des autres arts sur le cinéma grec contemporain et son renouveau en temps de crise économique. » Marie apprécie vraiment son projet de mémoire et les cours de ciné et de théâtre à l’ENS : elle décide qu’elle ne veut plus passer l’AGREG de lettres.
« A ce moment-là je ne sais plus quoi faire et je ne sais pas ce que je veux, peut-être une thèse en cinéma car j’avais eu une bonne note à mon mémoire, c’était un sujet original et on m’encourageait à me diriger vers cette voie, je réfléchissais beaucoup, mais je sentais que je me tournais davantage en tout cas vers le cinéma que le théâtre. »
Marie postule alors à un stage à Athènes pour un festival de cinéma, le Festival international de Thessalonique. Il y a deux éditions à ce festival, une en novembre portant sur la fiction, et une en février portant sur le documentaire. Marie s’installe donc à Athènes d’août à décembre 2018. Elle n’était jamais allée là-bas et ne parlait pas du tout grec, mais comme elle a beaucoup travaillé sur deux réalisateurs grecs dans le cadre de son mémoire, elle était attirée par cette destination. « J’ai débarqué sans rien connaître, en tant qu’assistante à la programmation. Je regardais toute la journée des films que des boîtes de production et des réalisateurs nous envoyaient, il fallait faire un premier filtre, donner son avis sur les films. C’était un stage non rémunéré donc j’avais bossé tout l’été chez H&M pour payer mon stage non-payé, et mes parents m’ont aussi aidée financièrement. » En dehors de son stage, venue avec son copain qui l’a suivie, ils se font beaucoup d’ami.e.s « J’ai vécu ma bestlife à Athènes, j’ai rencontré des gens supers, et on bossait avec mon copain dans l’associatif en même temps, il avait monté une classe dans un squat de réfugiés. » Elle rédige en même temps un projet de thèse (oui oui mais vous connaissez les cpesiens, ils ne s’arrêtent jamais) et est en contact avec des boîtes de production qui lui donnent éventuellement envie de faire un stage en production en rentrant en France. « En Grèce on n’avait pas de pause le midi mais on finissait plus tôt l’après-midi : j’avais le temps de bosser sur ma thèse, de consulter des bouquins, de regarder des films, c’était l’équilibre parfait ! J’aurais aimé rester plus longtemps mais on avait fait un deal avec mon copain, on avait divisé l’année en deux : d’abord on allait à Athènes pour moi, puis on allait à Stockholm pour lui et ses études. »
Elle rencontre un réalisateur devant faire un film culturel sur la jeunesse pour une semaine dédiée à cette thématique sur ARTE. Elle s’entend si bien avec qu’elle finit par écrire et coréaliser le film avec lui. Marie devient donc auteure coréalisatrice du film Histoire bruyante de la jeunesse (1949-2020), diffusé en deux parties sur Arte en novembre 2020.
À son retour de Grèce, elle passe un mois en France : elle rencontre un directeur de thèse potentiel, mais elle se rend compte que ça va être compliqué car elle s’y prend très tard. Elle essaye donc de trouver un stage en production pour quand elle rentrera de Suède en mai : grâce à un contact, elle envoie un mail à une boite de prod de documentaire, dont elle a eu des bons retours quant à leur façon de traiter les stagiaires. Il s’agit de la boîte de prod YAMI2, qui lui répond très rapidement : « Ils aimaient beaucoup mon profil et voulaient me rencontrer deux jours plus tard, la veille de mon départ en Suède ». Cette boite travaillait avec ARTE sur le thème de la jeunesse, et ils étaient intéressés par l’expérience de Marie : elle avait en effet dirigé pendant son master un journal étudiant, La Gazelle et elle était en charge de la distribution, de l’édition et des équipes, et dont le dernier numéro qu’elle avait dirigé portait sur la jeunesse. Grâce à cette expérience, YAMI2 la prend en stage tout de suite : la voici donc en télétravail en Suède ! Ses journées sont très chargées : elle travaillait jusque 16 heures pour son stage, et devait proposer des idées de documentaire autour de la jeunesse, réfléchir aux films qu’ils pouvaient faire et le soir elle faisait du baby-sitting pour compléter son salaire. Au terme de cinq mois passés à Stockholm, elle rentre en France et finit son stage chez YAMI2. Elle passe et obtient un concours pour faire un master de création documentaire à l’INA, mais refuse lorsque la boite de prod lui propose un poste de chargée de développement en CDD. Son travail consiste alors à chercher des sujets de films, faire de la veille documentaire, lire des livres pour trouver des idées… Elle rencontre un réalisateur devant faire un film culturel sur la jeunesse pour une semaine dédiée à cette thématique sur ARTE. Elle s’entend si bien avec qu’elle finit par écrire et coréaliser le film avec lui. Marie devient donc auteure coréalisatrice du film Histoire bruyante de la jeunesse (1949-2020), diffusé en deux parties sur Arte en novembre 2020.
Actuellement, elle s’est lancée en freelance pour les boîtes de prod : « J’écris des dossiers de films en tant qu’intermittente du spectacle, je travaille beaucoup, toujours avec YAMI2, je développe des documentaires, des projets transmedias avec France Culture et ARTE, je crée des questionnaires en ligne à vocation audiovisuelle et sociologique. »
Ainsi, le parcours de Marie est, comme tout bon alumni CPES qui se respecte, bien rempli, en espérant qu’il vous inspire 🙂