LUNDI ALUMNI #29 Sylsphée Bertili

Cette semaine, Lundi Alumni vous emmène à la découverte de Sylsphée Bertili, étudiante issue de la promo 2017 du CPES, actuellement journaliste pigiste. Syslphée revient sur son parcours qui l’a amené de Paris à Londres, du CPES au journalisme. 

« J’étais très contente du mot magique de PSL qu’était la pluridisciplinarité »

Comme beaucoup de CPESien.ne.s, c’est par hasard que Sylsphée découvre l’existence du CPES et surtout de ses portes ouvertes. Initialement convaincue par Sciences Po Paris, pour lequel elle se préparait, ce jour-là, sur un coup de tête, elle s’est rendue avec ses amies aux portes ouvertes du lycée Henri IV. Elle s’y plait et décide d’y candidater quelques semaines plus tard. 

Le CPES représente une grande marche pour Sylsphée. Très vite, elle sent que le niveau est assez élevé et que son lycée d’origine ne l’y a pas assez préparé. Très rapidement, elle s’est dit qu’il allait « falloir cravacher ». Mais elle est conquise, absorbe tout ce que ses professeurs en humanités lui donnent et apprend énormément. « J’étais très contente du mot magique de PSL qu’était la pluridisciplinarité ». Un bémol seulement et sept ans après, cela la marque encore : « Je me sentais à l’écart, j’avais l’impression de détonner par rapport à la population d’H4 qui restait très bourgeoise et blanche ». Ce sentiment, elle le ressent au niveau de sa socialisation. Même si ses camarades ne lui ont jamais dit qu’elle était différente, elle se sent en décalage. « Je ne ressentais pas de fossé avec les autres élèves mais j’avais vraiment l’impression de devoir travailler plus que tout le monde… Je me sentais différente ». C’est un sentiment qui s’est un peu atténué au fur à mesure que de nouvelles têtes ont intégré le CPES, chaque année. Mais c’est un sentiment qui est resté présent car « il n’y avait pas beaucoup de différences entre les élèves d’H4 et ceux de PSL ». 

Pour sa deuxième année, elle choisit les majeures philosophie et histoire de l’art. Si elle a toujours aimé la philosophie depuis la terminale, elle a choisi l’histoire de l’art de manière assez stratégique. « J’étais intéressée par le journalisme de mode et ce qui s’en rapprochait le plus, ou qui du moins me permettait d’y toucher le plus, c’était l’histoire de l’art ». C’est donc assez naturellement qu’elle se spécialise en histoire de l’art en dernière année. 

« Je trouvais qu’il n’y avait pas de ville plus adéquate que Londres pour mon projet professionnel »

L’après CPES, c’est le grand bain et Sylsphée décide de se lancer. Elle candidate à London College of Fashion pour un master de Fashion Journalism. Au fur à mesure de ses années, un peu étriquées, à Paris, Londres apparaissait comme une évidence. « Je trouvais qu’il n’y avait pas de ville plus adéquate que Londres pour mon projet professionnel ». Syslphée voyait Londres comme libérateur par rapport à Paris, qu’elle trouvait trop monochrome. « J’avais toujours vu Londres comme une ville où tout le monde s’accepte et j’ai trouvé la mode incroyable là-bas ». Cette année-là, elle est restée plusieurs fois émerveillée devant la multitude de styles différents, devant les opportunités et les possibilités offertes, qu’elle entrapercevait dans le métro. « Le métro c’était super pour l’inspiration. Je m’asseyais et j’avais face à moi, cinq personnes et cinq styles différents. C’était beaucoup plus diversifié qu’à Paris ». 

« Le niveau à PSL est très élevé et donc, quand tu poursuis tes études par la suite, ailleurs, tu t’attends à un niveau tout aussi élevé ».

De son master à London College of Fashion, Syslphée est moins enthousiaste. Ce master ne répondait pas tout à fait à ses attentes, elle se sentait trop livrée à elle-même et même si elle a profité de ses opportunités, elle aurait aimé être plus encadrée. « Le niveau à PSL est très élevé et donc, quand tu poursuis tes études par la suite, ailleurs, tu t’attends à un niveau tout aussi élevé ». Plusieurs fois, elle se félicite d’avoir participé au CMJ en troisième année avec l’IPJ. « Même si j’ai appris une certaine débrouillardise à LCF, j’aurais galéré si je n’avais pas fait le CMJ avant de partir ». Elle n’est pas totalement convaincue par les cours qu’elle suit, même si, elle le reconnait, la latitude qu’on lui laisse lors du choix de ses projets, lui permet d’explorer des thématiques très diverses, mêlant société et mode. 

Son projet de fin de master, Sylsphée le fait sur l’afro-féminisme dans la mode. Elle hésite désormais et n’est plus sûre de vouloir devenir une journaliste « que de mode ». Syslphée se rappelle que déjà, à l’époque où elle avait candidaté à London College of Fashion, elle avait préparé un article journalistique sur la mode du wax qui prenait à l’époque beaucoup d’ampleur à Paris. Elle avait axé son travail sur le caractère problématique de cette mode et de son appropriation. À l’entretien d’admission, elle se rappelle, son dossier et son essai avaient beaucoup plu. 

« J’ai été recrutée en communication mais je gardais tout de même un lien avec le journalisme car je devais relayer les nouvelles qui venaient d’Outre-mer »

Son master en poche, Syslphée revient de Londres, très optimiste. Toutefois, l’entrée dans le monde du travail est plus éprouvante que prévu : son expérience à Londres n’est pas valorisée. Elle envoie beaucoup de candidatures spontanées, d’abord à des magazines de mode, puis elle rayonne plus large avec des médias généralistes, des thématiques autres que celles de la mode. C’est difficile, elle ne trouve pas. Sylsphée fait appel aux communautés virtuelles auxquelles elle appartient, et finit par poster une annonce, désespérée, sur un groupe facebook. La créatrice de l’association AESSFOM, Association économique sociale et solidaire pour les Français d’Outre-mer, la contacte alors pour lui proposer une position de bénévole. « C’est une association qui aidait les entreprises d’Outre-mer à s’implanter. J’ai été recrutée en communication mais je gardais tout de même un lien avec le journalisme car je devais relayer les nouvelles qui venaient d’Outre-mer ». Syslphée le reconnait, ce bénévolat, même si éloigné de son objectif, est arrivé au bon moment. Elle travaille dans cette association pendant six mois ce qui lui permet de se sentir utile, se vider la tête mais surtout de continuer à écrire. « J’avais créé un blog pour ne pas perdre la main et je me suis remise à envoyer des candidatures spontanées ».

« Ce n’était pas une embauche à proprement parler, c’était des piges mais ça m’a permis d’être payée et puis repérée et publiée »

Sur un coup de tête, en se disant qu’elle n’a rien à perdre, Syslphée postule au Bondy Blog dont elle lit assiduement les articles. C’est alors qu’elle pose son premier pied dans le monde du journalisme. « Ce n’était pas une embauche à proprement parler, c’était des piges mais ça m’a permis d’être payée et puis repérée et publiée ». Avec le Bondy Blog, elle écrit sur des problématiques sociétales larges : elle parle de féminisme et de race. Elle s’épanouie énormément en tant que journaliste au Bondy Blog. Ces premières piges la rendent plus confiante et elle se met à en écrire d’autres pour Les Inrockset puis pour Causette. Toutefois, être pigiste est un statut précaire et Sylsphée l’a ressenti pendant la crise sanitaire. « Aucun média n’avait plus la possibilité de rémunérer ses pigistes ». Alors elle a continué avec le Bondy Blog. Elle passe d’ailleurs à la radio, en partenariat avec Radio Nova. 

« Je me suis dit, entre ma liberté, ma santé mentale… je préfère être en accord avec mes valeurs que d’avoir un salaire sûr qui tombe tous les mois »

En septembre 2020 se présente une nouvelle opportunité. Le journal en ligne féministe, Madmoizelle, modifie sa ligne éditoriale qui devient plus inclusive, plus intersectionnelle. Elle s’y reconnait plus. Elle postule, plusieurs fois. Essuie des refus, plusieurs fois. Puis, elle est rappelée pour le poste de journaliste culture. Elle décide de s’y essayer. Chez Madmoizelle, elle fait l’expérience d’une autre manière de travailler et d’un autre environnement. Le passage de pigiste à journaliste salariée l’affecte aussi, finalement. Syslphée se sent moins libre de ses horaires, de ses choix d’articles, de sa ligne éditoriale, de son métier de journaliste. Elle saute le pas et repart pour la pige. « Je me suis dit, entre ma liberté, ma santé mentale… je préfère être en accord avec mes valeurs que d’avoir un salaire sûr qui tombe tous les mois ». Ses expériences et les difficultés qu’elle a déjà rencontrées l’ont rendu plus confiante et plus assurée. « Je sais que je retomberai forcément sur mes pattes, alors je me lance et puis on verra bien »

Envie d’en savoir plus sur le profil de Sylsphée ? Rendez-vous sur son Linkedin : https://www.linkedin.com/in/sylsph%C3%A9e-bertili/?originalSubdomain=fr

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