LUNDI ALUMNI #26 : Constantin Dalyac

Déjà les vacances pour certains, bientôt pour d’autre. Avant de vous déhancher toute la nuit dans les rues de Marseille, La Rochelle, Lyon ou Paris pour la fête de la musique, plongez dans le monde quantique avec Constantin Dalyac, doctorant en physique quantique intégré dans le monde de l’entreprise. 

Pour toute question, crise existentielle ou recherche d’âme sœur pour vous guider après le CPES, CPES-PSL Alumni est là pour vous aider !

« J’ai rarement autant ri que quand on a appris à dessiner au Louvre: un de mes ami dessinait très mal, malgré l’aide soutenue d’une plasticienne. Plein d’humour, il a fini par encadrer son dessin horrible dans sa chambre de la Cité Universitaire et on en était tous très fier« 

Ayant étudié dans un lycée international à Paris, Constantin découvre le CPES grâce à sa proviseure qui, connaissant ses deux matières préférées, la littérature et la physique, lui parle d’un nouveau cursus : « J’hésitais à partir à Londres et me spécialiser directement en ingénierie mécanique, mais le CPES avait l’air plus moderne et sympa, ça me faisait un peu rêver de voir tous les partenariats et d’avoir des profs de prépa ». 

Dès la première année en sciences expérimentales, c’est l’adéquation parfaite entre Constantin et le CPES. Il « aimait les professeurs qui savent partager ce qu’ils savent, toutes les matières [qu’il] étudiait, le fait de pouvoir avoir de l’histoire, de la littérature, de la physique…» C’est avec une émotion particulière qu’il se souvient des sorties culturelles de la première année, entre danse, musique, sculpture, théâtre, opéra… « J’ai rarement autant ri que quand on a appris à dessiner au Louvre: un de mes ami dessinait très mal, malgré l’aide soutenue d’une plasticienne. Plein d’humour, il a fini par encadrer son dessin horrible dans sa chambre de la Cité Universitaire et on en était tous très fier. ». L’engagement social que le CPES soutient à ses débuts est aussi un atout majeur de la formation pour Constantin : « Je ne suis pas boursier, mais savoir que le CPES maintenait 50% de boursiers parmi ses élèves me plaisait, ça fait du mélange social, c’est agréable et important ».  

Il poursuit sa L2 en maths-physique à l’ESPCI puis en maths à Dauphine, un peu par défaut puisque la majeure physique n’existait pas à PSL : « Je n’aimais vraiment pas la bio et la chimie, je suis donc allé en maths, mais c’était des maths très financières, beaucoup de statistiques et ce n’est pas ce que je préfère ».  

Ce qui lui plaît également c’est l’importance donnée à la recherche au CPES, qui permet de se poser les bonnes questions, d’avoir les outils pour explorer et réfléchir. Dans cet esprit il fait un stage l’été de la deuxième année du CPES en Physique quantique à l’ENS, au LKB (Laboratoire Kastler-Brossel). « C’était ma première fois dans un labo, j’avais adoré, après avoir bataillé pour me faire prendre à cause de mon seul statut de L2 ». En troisième année, il fait un stage assez théorique dans un laboratoire de mathématiques sur les chaînes de Markov.  

Après le CPES, il est possible pour les sciences d’être admis dans les grandes écoles par des concours parallèles. Constantin tente alors polytechnique et les Mines, mais n’est pas admis. Sachant qu’il pouvait rentrer en M2 aux ENS, il va à la Sorbonne en M1 faire de la physique fondamentale. Durant cette année, il fait un stage de physique quantique au Chili, puis postule sur dossier au master « systèmes complexes » à l’ENS de Lyon où il est pris, à l’interface entre informatique, physique, biologie et théorie des graphes. L’ambiance y est studieuse mais beaucoup plus détendue qu’au CPES.  

« J’aime travailler dans une boîte car on sait ce qu’il y a à développer, ce qui est important présentement. Travailler proche des machines sur lesquelles on fait de la recherche théorique est utile car ça permet de ne pas proposer des protocoles irréalisables »

Dans cette deuxième année de master, six mois sont consacrés à un stage en laboratoire, mais Constantin cherche un stage moins académique et contacte donc la startup PASQAL.  Elle est issue d’un laboratoire du CNRS et développe le premier ordinateur quantique français. Les ordinateurs quantiques utilisent les propriétés de la physique quantique (qui est à l’échelle des atomes, contrairement à la physique classique qui est à notre échelle) pour faire des opérations sur des données.  PASQAL utilise les propriétés des atomes pour résoudre des problèmes très difficiles. Par exemple, les problèmes d’optimisation – tels que la création d’emploi du temps ou la gestion de recharges de véhicules électriques – peuvent devenir très difficiles à résoudre sur des ordinateurs classiques et nécessitent d’autres outils que pourraient constituer les ordinateurs quantiques. C’est le cas par exemple pour la fabrication de médicaments : ce sont des molécules qui prennent la forme d’une sorte de clé pour agir, mais qui peuvent agir à d’autre endroits que prévu selon les personnes, étant à l’origine d’effet secondaires. Calculer la forme de la molécule adaptée à chaque personne demande beaucoup de capacité de calcul, mais serait possible grâce à ces ordinateurs quantiques qui sont très puissants.  

Constantin fait ensuite sa thèse en CIFRE dans la même startup, et fais de la recherche avec LIP6, le plus gros laboratoire d’informatique en France. Dans le cadre de la CIFRE, le sujet de thèse et les intérêts de l’entreprise sont censés converger : « J’aime travailler dans une boîte car on sait ce qu’il y a à développer, ce qui est important présentement. Travailler proche des machines sur lesquelles on fait de la recherche théorique est utile car ça permet de ne pas proposer des protocoles irréalisables ». Il relate d’ailleurs les propos ironiques de proches théoriciens : « Etre théoricien c’est publier une proposition de protocole, attendre dix ans qu’un groupe expérimental fasse la manipulation pour qu’on nous dise qu’au final ça ne sert à rien. C’est pour ça que j’aime bien travailler proche de la machine, on connait ses capacités et ses limites ».   

« En tout cas c’est pour cela que je suis en CIFRE : je suis mieux payé qu’un thésard académique, qui pendant 3 ans a un salaire assez précaire »

À l’avenir, Constantin aimerait à son tour créer une entreprise « car [il a] plus la fibre entrepreneuriale ; l’académique est intellectuellement stimulant mais ce n’est pas ce [qu’il] veut faire toute sa vie ». Il aimerait également avoir une expérience aux États-Unis : « c’est là-bas que tout se passe, ils sont impressionnants sur la recherche et je pense que ça vaut le coût d’y passer un peu de temps … Mais bon j’aime bien la France quand même ! ». Les États-Unis, c’est aussi un univers de la recherche qui est très différent. « Contrairement à la France où il n’y a aucun pont entre le laboratoire de recherche et la commercialisation de technologie, il y a aux Etats-Unis une myriade de start-up issues des laboratoires. Les chercheurs français sont pourtant tout aussi brillants et si on investissait plus là-dedans, on se rendrait compte que ça ferait profiter tout le monde et que ça génèrerait un réel cercle vertueux ». Pour lui, les faibles salaires et les perspectives bouchées du monde de la recherche font fuir les gens qui pourraient permettre aux technologies françaises d’entrer sur les marchés. 

C’est aussi absurde la manière dont sont payés les chercheurs, ça ne donne pas envie de s’y plonger: « En tout cas c’est pour cela que je suis en CIFRE : je suis mieux payé qu’un thésard académique, qui pendant 3 ans a un salaire assez précaire ».  Le financement de la recherche par le privé ne constitue pas un frein pour Constantin : « Il ne faut pas oublier que ce sont les industriels qui ont de l’argent à investir. J’ai peut-être un regard biaisé car je suis dans le domaine des sciences dures, mais les labos restent libres dans leurs projets et recherches, il n’y a pas vraiment de politique comme il pourrait y en avoir dans les sciences sociales ». 

That’s all folks ! Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau portrait !

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est new-logo-version-blanc.png.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Logo_Alumni-1.png.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *