LUNDI ALUMNI #25 : Thomas Randriamahazaka

Ça y est, le compte à rebours est officiellement lancé, dans trois semaines, les lundi alumni prennent des vacances. Alors délectez-vous à la lecture de cet antépénultième portrait à la croisée des mathématiques et de la philosophie. Vous ne voyez pas comment il est possible de lier les deux ? Raisons de plus pour lire ce portrait et découvrir le parcours étonnant de Thomas qui, arrivé au CPES en SESJ, écrit aujourd’hui une thèse de philosophie de l’arithmétique !

Pour toute question, crise existentielle ou recherche d’âme sœur pour vous guider après le CPES, CPES-PSL Alumni est là pour vous aider !

« La raison pour laquelle j’ai choisi de faire de l’économie en L2 c’est parce que c’était incroyable en L1 et c’était incroyable parce que c’était Combemale sauf qu’en fait c’était pas du tout de l’économie »

Avant le CPES, Thomas étudiait dans un lycée de banlieue parisienne : « c’était un bon lycée pour là où j’étais mais c’était pas non plus Henri IV ». Après quelques recherches sur internet et alors qu’il n’a aucune idée de ce qu’il veut faire, il est séduit par l’offre proposée par le CPES. A la suite de son bac ES, c’est tout naturellement qu’il intègre la filière SESJ (option philosophie et histoire). L’année suivante, après s’être battu avec l’administration pour que la filière reste ouverte alors que seulement deux élèves souhaitaient la suivre cette année-là, il parvient finalement à faire la double majeure économie-philosophie. Mais, la L2 est l’année de la désillusion vis-à-vis de l’économie : « La raison pour laquelle j’ai choisi de faire de l’économie en L2 c’est parce que c’était incroyable en L1 et c’était incroyable parce que c’était Combemale sauf qu’en fait c’était pas du tout de l’économie » nous confie-t-il en explosant de rire. « C’était très très bien parce que c’était des sciences sociales. Or, ça fait très longtemps que l’économie a arrêté d’être une sciences sociale ». En L3, son choix se porte donc sur la philosophie. En parallèle, de celle-ci, il suit une L2 de mathématiques à Paris VI à distance.

Tout au long du CPES, Thomas, qui se décrit lui-même comme un des plus grands fêtards de sa promotion, a profité de la vie associative permise par la licence et son environnement : BDE, soirée des mines, etc. Pour lui, il était impensable de passer la tête dans ses cahiers sans se divertir par ailleurs : « J’ai l’impression que quand tu vis une vie saine et où t’es satisfait, t’es bien meilleur dans ce que tu fais. S’enfermer dans le travail, je pense que c’est jamais une solution ». 

« Je voulais faire de la philo et quand on veut faire de la philo, il n’y a pas 35 choix, c’est le doctorat ou l’enseignement »

Après la L3, vient le temps de s’interroger sur les masters : « je voulais faire de la philo et quand on veut faire de la philo, il n’y a pas 35 choix, c’est le doctorat ou l’enseignement ». Il se tourne donc vers le diplôme de philosophie de l’ENS Ulm auquel il est accepté. Pour lui qui avait hésité à finir sa licence de maths, poursuivre sa scolarité à l’ENS était particulièrement intéressant en ce que ça lui permettait de suivre des cours de maths en plus de ses enseignements de philosophie. Après son Erasmus à Amsterdam auprès de l’Institut de Logique de la fac d’Amsterdam (Institute for Logic, Language and Computation ILLC) qui « était incroyable intellectuellement et humainement », il décide de parfaire sa formation mathématique. Il suit alors le M2 de Mathématiques « Logique et Fondements de l’Informatique » à Paris 7. Même s’il n’avait pas de M1 de mathématiques, il nous précise : « j’ai réussi à gruger le système mais c’est assez fréquent qu’ils prennent des gens avec des profils comme le mien ». Mais, un peu déçu de son expérience, il confie ne pas avoir beaucoup aimé ce master qui, en plus, s’est déroulé dans le contexte dégradé de la crise sanitaire.

Après cette dernière année à l’ENS, Thomas soumet plusieurs candidatures afin de faire une thèse sur la philosophie de l’arithmétique. « C’est un domaine dans lequel je voulais travailler, j’avais déjà lu pas mal de choses sur ça ». Il candidate alors à la Sorbonne, à Saint Andrews et à Cambridge. Accepté à Saint Andrews et à la Sorbonne, il décide finalement de partir étudier en Écosse.

« Il y a une réelle communauté de chercheurs et de doctorants […] et être chargé de TD c’est vraiment cool et puis ça permet de voir l’envers du décor »

Aujourd’hui satisfait de sa vie de thésard, il assiste à 5 ou 6 séminaires par semaine, et donne des cours en tant que chargé de TD. « Il y a une réelle communauté de chercheurs et de doctorants […] et être chargé de TD c’est vraiment cool et puis ça permet de voir l’envers du décor ». Si la vie étudiante a été compliquée par le covid, Thomas s’est néanmoins découvert un réel goût pour les apéros zoom avec ses collègues doctorants jusqu’au petit matin. Actuellement, il travaille activement sur sa thèse tournée autour de deux idées. A l’instar d’un doctorant participant à « ma thèse en 180 secondes », il nous présente un teaser imagé et vulgarisé de son sujet d’étude : « La première idée c’est que les nombres n’existent pas mais que ça ne pose aucun problème pour faire des mathématiques. Il faut reconnaître les nombres comme des objets qui ont un peu le même statut que les personnages de fiction comme Sherlock Holmes ou les légendes comme le père Noël. Une fois qu’on appréhende les nombres à travers ce prisme là, ça permet de comprendre, d’une part, certaines de leur propriétés mathématiques et d’autre part, d’expliquer que la manière dont on apprend les choses en mathématiques n’est fondamentalement pas différente de celle dont on sait que Sherlock Holmes est détective ou que le Père Noël a une barbe. Grosso modo, ce sont les mêmes mécanismes qui sont en jeux ».

A l’issu de cette première année de thèse, Thomas est très enthousiaste et souhaite poursuivre dans la recherche : « très probablement, je vais essayer de chercher un post-doc même si ce n’est pas sûr que je trouve car la recherche c’est toujours très incertain ». En rigolant, il nous précise néanmoins qu’on l’a mis en garde sur le fait que les doctorants sont souvent un peu moins enthousiastes à l’issue de la deuxième année, il se laisse donc le temps de voir si son projet sera toujours le même l’année prochaine. Si pour l’instant son domaine de spécialisation est la philosophie des mathématiques, la métaphysique et la logique, il envisage peut-être à terme de se former à un domaine de la philosophie plus appliqué comme la philosophie sociale et la philosophie féministe autour desquelles « il y a aujourd’hui une sorte de boom ».

That’s all folks ! Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau portrait !

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