LUNDI ALUMNI #2 : Kamil Moreau

Parce qu’il faut toujours bien commencer la semaine, CPES-PSL Alumni et CPEculationS vous présentent chaque lundi un.e ancien.ne étudiant.e du CPES, son parcours, ses galères, ses succès et ses conseils.

Pour la deuxième édition, on vous présente Kamil Moreau (Promo 2016), ancien de la filière Sciences, et pionnier de la filière maths-info, puisqu’il en a été le tout premier étudiant !  Retour sur son parcours et ses conseils : 

Pour toute question, crise existentielle ou recherche d’âme soeur pour vous guider après le CPES, CPES-PSL Alumni est là pour vous aider ! :

« On était un peu les groupes cobayes » dit-il en riant.

Depuis sa chambre de la Studentenstadt, résidence étudiante de Munich, c’est Kamil Moreau qui nous raconte cette semaine son expérience au sein du CPES et son parcours post-CPES. 

Étudiant de la 2ème promo du CPES, Kamil a fait son choix d’orientation post-bac sans savoir précisément à quoi cela mènerait. Ce qui l’a aidé à se décider : les logements à la cité U pour les boursiers, qui lui ont permis d’avoir « pour la première fois de [sa] vie [sa] propre chambre ».  

En entrant au CPES, ils étaient 20 en filière Science. « On était un peu les groupes cobayes » dit-il en riant. Ce cursus lui semblait être une alternative à la classe préparatoire qu’il trouvait trop spécialisée, mais aussi un parcours dont le but, apprendre et assouvir sa curiosité, plutôt que d’accéder à tout prix aux grandes écoles, correspondait à ses attentes. Un autre atout pour Kamil était l’importance donnée aux langues : « J’adore les langues et j’ai grandi dans un univers multilingue, c’était important pour moi de continuer. » 

Son meilleur souvenir du CPES, c’est tous les amis qu’il s’y est fait. « Avant je me sentais un peu comme un extra-terrestre au lycée, en rencontrant d’autres extra-terrestres je me sentais enfin sur la même planète que les autres. Quel bonheur d’appartenir à cette grande communauté de gens bizarres ! » 

« On avait entre 40 et 45 heures de cours et examens par semaine, et nos notes étaient soumises à des exigences éliminatoires. Courtes nuits, stress… ça a aussi joué sur ma santé. On était vus comme des glandeurs par les classes prépa bien qu’on travaillât autant et parfois plus ! »

En deuxième année, Kamil continue en filière maths-physique, mais l’année suivante, ces deux majeures ne lui convenaient plus : « c’est comme ça que je suis devenu le tout premier élève de la filière maths-info. » 

Reconnaissant envers le CPES qui lui a donné les outils pour développer sa curiosité et son ouverture d’esprit, il regrette cependant le format trop intense que constituait le cursus à l’époque : « On avait entre 40 et 45 heures de cours et examens par semaine, et nos notes étaient soumises à des exigences éliminatoires. Courtes nuits, stress… ça a aussi joué sur ma santé. On était vus comme des glandeurs par les classes prépa bien qu’on travaillât autant et parfois plus ! ». L’absence de vie étudiante et de temps pour apprécier pleinement la formation aux débuts du CPES étaient pour lui “un gros moins”.  

À la fin de sa première année de CPES, il décide de voyager en Allemagne en train pendant 3 semaines et parcourt tout le pays. Sa fascination pour les réseaux allemands ne le quitte plus durant tout son cursus. « J’avais envie d’étudier les transports, et surtout l’ingénierie ferroviaire après ma licence. J’ai vu que je pouvais faire ça à Dresde en Allemagne de l’Est, le souci [dont je me suis rendu compte en 3e année], c’est que si je partais en Allemagne, je n’aurais pas de diplôme réellement reconnu à mon retour en France. Avec un diplôme d’ingénieur non français, on n’a pas la même reconnaissance et pas les mêmes salaires. C’est dur mais la vérité est comme ça. »  

Toujours avide de grands espaces, il découvre lIMT Atlantique à Brest. Il est admis au concours d’ingénieur post-licence. « Je suis allé à Brest pour l’oral de motivation et je suis tombé amoureux du campus. Il pleuvait dans toute la France mais étrangement il faisait 30 degrés ici. Quand j’ai vu l’océan, le bout du monde j’ai eu envie de rester et j’ai débuté à la rentrée en formation d’ingénieur généraliste. » 

À l’IMT Atlantique, grâce au CPES, il avait le sentiment d’être l’élève le mieux préparé à la formation bien que la plupart des étudiants venaient de classe prépa : autonomie, compétences d’organisation, polyvalence, et le fait d’avoir déjà travaillé avec les langages qu’enseigne l’école (java, python).  

Après 3 semestres à l’IMT Atlantique, l’attrait pour l’étranger s’est de nouveau fait sentir : il part en semestre Erasmus en Slovaquie, dans les montagnes à Zilina. « Au bout d’une semaine j’ai eu envie de rester plus longtemps. » Il s’y installe pour une année de césure en tant que consultant pour Detecon, filiale de la Deutsche Telekom, et rentre finalement à Paris « J’ai appris beaucoup de choses, mais quand on voit tout l’aspect financier derrière, ça me posait un petit problème idéologique ». 

Il a ensuite été accepté à l’Université Technique de Munich, où il est actuellement en deuxième année, en master systèmes de transport. Il n’y étudie pas uniquement la technique mais aussi la planification et l’urbanisme : « comment construire telle ligne, comment influencer la demande de transport… Les interactions entre les êtres humains et leur environnement, cela me passionne. »

« N’allez pas dans une école pour son prestige, juste parce que c’est la meilleure chose que vous avez obtenu. Si on n’est pas allé en classe prépa c’est justement pour ça »

Aujourd’hui, Kamil a su donner un sens à ses choix de formation : il se sent enfin spécialiste d’une discipline et peut se définir selon des compétences précises. Ce qui l’a conduit où il est : l’expérience, une sensibilité pour le multiculturalisme et surtout le compromis que constitue la spécialisation. « C’est difficile à accepter quand on commence les études, surtout quand on veut tout étudier, mais c’est important à un moment de se spécialiser dans quelque chose ».  

Se spécialiser ne veut pas dire faire un choix définitif selon lui : on peut toujours recommencer si cela ne nous plait pas, et aucun chemin n’est prédéfini : « Je suis dans les transports mais je n’ai jamais étudié le génie civil de ma vie ! » Se spécialiser ne veut pas dire non plus frustrer sa curiosité et ses intérêts divers : « À côté de mes enseignements obligatoires j’ai étudié la botanique, l’architecture paysagère, le russe, l’arabe, l’espagnol… Les compétences qu’on développe ne se résument pas forcément aux attentes minimales de notre école. »  

Soucieux de transmettre ce qu’il a appris jusqu’aujourd’hui, il nous encourage après le CPES à aller dans ce qui nous plait vraiment, un domaine où on sait qu’on pourra pleinement développer nos compétences en lien avec nos centres d’intérêt. « N’allez pas dans une école pour son prestige, juste parce que c’est la meilleure chose que vous avez obtenu. Si on n’est pas allé en classe prépa c’est justement pour ça ». Pour lui, cette tendance est liée au système français : « il faut que le CV soit clinquant, avec les meilleures écoles, alors qu’en Allemagne par exemple, on nous prend pour nos compétences réelles, il n’y a d’ailleurs pas de compétition entre les universités, et c’est ça que j’apprécie vraiment. » 

Après ces années de tâtonnement, Kamil sait où il veut aller et fulmine de projets : « Je sais que je me formerai toute ma vie. J’ai envie de faire mon mémoire sur les interactions entre l’être humain et son environnement en Pologne, mon deuxième pays ; mon rêve est aussi de dynamiser la campagne française. Je suis un grand idéaliste, travailler pour une entreprise n’est pas fait pour moi. Je voudrais travailler pour l’intérêt public, faire de la politique locale, voire plus globale un jour, aménager le territoire et valoriser le multiculturalisme en France…». 

C’est tout pour aujourd’hui, RDV Lundi prochain !

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