Éloge de l’école buissonnière

Je voudrais aujourd’hui rétablir la juste vérité sur l’école buissonnière, qui, à mes yeux, n’a jamais été reconnue à sa juste valeur. Éclipsée et laissée dans l’ombre par l’éloge de l’instruction.

Car on nous répète depuis notre enfance que l’école nous instruit et nous rend meilleur qu’on ne l’était auparavant tandis que l’école buissonnière a mauvaise réputation.

Mais je vais vous montrer pourquoi chacun est meilleur avant qu’on ne lui enseigne quoi que ce soit qu’après.

Je vais vous montrer pourquoi contrairement à ce que l’on croit souvent, se faire enseigner quelque chose n’est pas devenir meilleur mais au contraire c’est devenir moindre.

En effet, quand je me rends à l’école pour qu’on m’enseigne quelque chose :

  • soit j’y apprend quelque chose que je savais déjà
  • soit j’y apprends quelque chose que je ne savais pas encore

Car, comme chacun peut en juger, il ne peut exister d’autre alternative.

  1. Si je me rends à l’école pour qu’on m’enseigne quelque chose que je savais déjà

Alors cela ne m’apporte rien. Mon âme n’est en rien meilleure après m’y être rendu qu’elle ne l’était avant, elle demeure inchangée.

Donc j’aurai pu aussi bien rester chez moi. Or pour aller suivre ce cours, j’ai dû sortir de chez moi et marcher jusqu’au lieu du cours. En conséquence j’ai perdu de l’énergie en me rendant jusqu’à mon école. Donc finalement mon âme n’a rien gagné et mon corps a perdu.

Donc si je me rends à l’école pour qu’on m’enseigne quelque chose que je savais déjà, alors je termine la journée en étant non pas meilleur mais dans un état moindre que je ne l’ai commencée.

  1. Si je me rends à l’école pour qu’on m’enseigne quelque chose que je ne savais pas encore.
  • Soit, à propos de ce qu’on va m’enseigner j’avais une idée contraire
  • Soit à propos de ce qu’on va m’enseigner je n’avais pas d’idée.

Car, comme chacun peut en juger, il ne peut exister d’autre alternative.

A. Si jamais à propos de ce qu’on va m’enseigner j’avais une opinion contraire 

Alors cela veut dire que j’apprends que j’avais tort. Je commence donc ma journée avec une vérité dans l’âme et en me rendant à l’école on transforme cette vérité en erreur. Je passe donc de la possession d’une vérité à la possession d’une erreur.

Je termine donc la journée avec une âme plus diminuée que je ne l’ai commencée.

Donc si à propos de ce qu’on va m’enseigner j’avais une idée contraire, alors je termine la journée dans un état bien moindre que je ne l’ai commencée.

B. Supposons donc, dernier cas possible, que je me rende à l’école pour qu’on m’enseigne quelque chose que je ne savais pas et à propos de quoi je n’avais pas d’idée. 

Si je n’avais pas d’idée sur cette chose avant de me rendre à l’école c’est bien que j’ai survécu sans avoir d’idée à ce propos durant des années. Or si j’ai survécu sans cette connaissance c’est qu’elle ne m’est pas nécessaire. Or tout ce qui n’est pas nécessaire est un luxe et chacun sait que le goût pour le luxe n’est pas une qualité. Au contraire se contenter de peu et vivre humblement sans désirer des biens qui ne sont qu’accessoires est une vertu. Donc se rendre à l’école pour apprendre quelque chose que je ne savais pas et dont je n’avais aucune idée, c’est cultiver un vice. Or cultiver un vice n’est pas me rendre meilleur. Donc dans ce cas où l’on m’enseigne quelque chose que je ne savais pas, l’école ne m’aura pas rendu meilleur mais bien pire.

Donc, si je me rends à l’école pour qu’on m’enseigne quelque chose que je ne savais pas, qu’à ce propos j’ai au préalable une idée contraire ou qu’à ce propos je n’ai au préalable aucune idée du tout, alors je termine la journée en étant dans un état moindre que je ne l’ai commencé. 

J’aurai d’ailleurs pu préciser que, en outre, pour subir cette diminution de l’âme, j’ai dû me rendre à l’école et user de l’énergie. Donc non seulement mon âme mais aussi mon corps a été diminué comme je l’ai déjà montré dans le premier cas. 

En conséquence je vous aurai bien montré que dans chacun des cas, aller à l’école ne m’aura pas rendu meilleur que je ne l’étais, bien au contraire. 

La conséquence de tout cela parait sans doute dès à présent à vos yeux comme une évidence mais je vais aller au bout de mon raisonnement pour que tout soit clair et que vous soyez convaincus.

Si se rendre à l’école est un mal comme je pense l’avoir assez bien démontré.

Alors ne pas se rendre à l’école c’est éviter ce mal. 

Et nous serons tous d’accord sur le fait qu’éviter un mal est un bien.

Donc l’école buissonnière est un bien.

Par Lou Laval

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