La coupe menstruelle : quels avantages et quels inconvénients ?

Plus communément appelée “cup”, la coupe menstruelle est un mode de protection hygiénique apparu en 1867 et développé au XXe siècle aux Etats-Unis. Elle n’est arrivée en Europe que dans les années 2000, ce qui explique, encore 20 ans plus tard, sa discrétion sur le marché des produits de protection intime et son utilisation limitée en France.    

Peu relayée, la cup est ainsi peu connue. Il semblait ainsi pertinent et nécessaire d’en décrire les bienfaits et les inconvénients et nous avons, pour ce faire, recueilli quelques témoignages de nos chères camarades du CPES qui sauront vous éclairer à propos de son utilisation !   

Quelle médiatisation pour la cup ?  

On la connaît souvent grâce à cette amie qui nous dit à quel point c’est révolutionnaire et pratique, sans jamais prendre le temps de s’y intéresser davantage. En effet, elle est peu relayée par les grands médias, et c’est surtout par le biais de notre entourage ou par les réseaux sociaux qu’on a appris son existence : un grand nombre de publicités sponsorisées sur Instagram, Youtube ou Twitter attirent notre attention sur la coupe menstruelle, souvent associée à des idées écologiques ou féministes.    

C’est le cas d’Estelle, qui a découvert la cup grâce à une vidéo Youtube qui lui était dédiée, et celui de Solène et Ambre qui en ont entendu parler par le biais de différents médias féministes ou blogs à la démarche éco-responsable, comme celui de Mango & Salt et son article intitulé “green ragnagnas”.    

La cup pour des menstruations plus pratiques ? 

Les plus : plus de liberté et de confort 

Quand on pose la question, une des raisons principales données en faveur de l’utilisation de la cup est sa praticité ! En effet, elle se change toutes les quatre à douze heures en fonction des modèles et, ne présentant aucune gêne une fois bien mise en place, elle se fait oublier toute la journée grâce à sa grande capacité de contenance. Elle semble ainsi épargner une charge mentale et une énergie considérable.    

Solène témoigne en ce sens : “Avant d’avoir une cup je n’ai utilisé que des tampons, sans problème particulier. Mais je trouve la cup plus pratique dans la mesure où on n’en a qu’une, donc pas besoin de surveiller ses réserves et s’inquiéter d’avoir à y penser ; on ne se retrouve jamais dans la situation de constater l’arrivée de ses règles un soir et ne pas avoir de protection sous la main, ni de devoir s’éclipser le midi pendant une journée de cours pour acheter une énième boîte parce qu’on a oublié d’en prendre le matin. Concrètement je ne risque pas d’oublier d’emporter quelque chose qui est déjà dans mon vagin #malin”   

Ambre déclare également que son utilisation lui permet une grande liberté puisqu’elle n’a pas besoin de la changer pendant la journée. Elle souligne cependant qu’elle met des serviettes quand elle est pressée car il faut, selon elle, prévoir un temps pour mettre la cup en place afin de ne pas la sentir et être à l’aise toute la journée. Elle la recommande ainsi par rapport à d’autres modes de protection hygiénique, pour son confort : “la cup est souple grâce au silicone chirurgical dont elle est constituée et ne se sent pas, tandis que les tampons sont plus durs, et me faisaient personnellement mal”.   

Le moins : la nécessité d’un temps d’adaptation 

Selon Estelle, l’inconvénient réside principalement dans le vidage de la cup : “ce n’est pas très pratique quand on n’est pas chez soi et qu’on doit la vider, parce qu’il est préférable de la laver avant de la remettre mais on n’a pas toujours un lavabo à proximité.” En effet, selon le nombre d’heures qu’on peut la porter, il est possible de devoir la vider dans des toilettes publiques ou autres lieux qui ne comportent pas toujours de source d’eau, ce qui peut poser un problème concret de lavage ou simplement de gêne (puisqu’encore aujourd’hui les règles sont malheureusement un tabou et peuvent être source de pudeur ou d’embarras).   

Néanmoins, la plupart des coupes menstruelles ont une grande contenance et peuvent se porter entre huit et douze heures, soit une journée entière, laissant la possibilité de s’organiser pour le vidage, comme le souligne Héloïse :  » il suffit d’avoir sa gourde et un peu de savon solide dans le pire des cas.”  

Le côté technique de la cup : l’insertion   

La cup soulève d’autres problématiques : son utilisation nécessite d’acquérir le coup de main et d’être à l’aise avec son corps puisqu’il s’agit d’insérer un objet, certes en silicone médical souple, dans son vagin. Il existe pour cela de nombreuses techniques de pliage expliquées généralement dans la notice ou sur des sites très complets comme Menstruelle  ou Organicup.    

Ambre avait pour sa part acheté une cup il y a longtemps, qu’elle n’utilise que depuis récemment pour ces raisons : “quand je l’ai achetée en seconde, je n’avais pas encore eu de rapports sexuels, et je connaissais mal mon corps. Je n’étais pas habituée à l’idée d’introduire quelque chose dans mon vagin. En outre, ce qui m’a empêché de la mettre était le manque de lubrification dû à des règles trop peu abondantes. Finalement, c’est une fois que ma vie sexuelle a commencé et que j’ai été plus à l’aise avec ma vulve que j’ai pu en profiter pleinement.”    

Il n’est cependant pas nécessaire d’avoir eu des rapports sexuels pour utiliser la cup. Différents modèles et tailles existent avec souvent au moins deux ou trois options : la version plus petite, s’il n’y a jamais eu de rapport sexuel et/ou un flux peu important et une version un peu plus grande pour un flux plus important et s’il y a déjà eu rapport sexuel. Il y en a pour tous les goûts ! Néanmoins, avoir des difficultés à la mettre et à l’enlever en premier lieu est tout à fait normal : Estelle précise sur ce point “au début, ce n’est pas tellement pratique parce qu’on galère à mettre correctement ou à enlever sa cup, mais on prend très vite l’habitude.”    

Prévention : le risque de choc toxique  

Plusieurs cas de choc toxique dus à la coupe menstruelle ont été relevé. En effet, la cup présente, tout comme les tampons, des risques pour la santé. Le choc toxique est dû à la présence de bactéries appelées staphylocoques dorés (bactérie TSST1), qui se multiplient dans l’environnement favorable créé par la stagnation du sang, produisant des toxines qui passent dans le sang. Cela se traduit par des vomissements, une baisse de tension, jusqu’à l’arrêt des organes vitaux menant parfois à des amputations ou la mort. Le risque est faible car ne concerne que 4% de la population et touche seulement 100 personnes par an en France. Ce chiffre pourrait cependant être diminué par la médiation des producteurs de tampons et cup, ainsi que des gynécologues qui n’informent pas assez sur les dangers d’une mauvaise utilisation de ces produits et des mesures à prendre en cas de symptômes de choc toxique.  

En somme, le choc toxique est rare : ce qui le favorise est une défaillance dans la diffusion d’informations autour de ce danger. Il s’agit donc d’être vigilante en n’oubliant pas qu’on porte une coupe menstruelle et en suivant les indications de la notice, notamment le temps de port préconisé. 

La cup, ou le bénéfice du doute 

Face aux tampons, la cup présente cependant l’avantage d’être transparente sur sa composition, ce qui décide souvent les utilisatrices comme Justine : “Il y a toujours ce gros point d’interrogation autour de la composition des tampons. Je me demandais donc si c’était vraiment bien de continuer à mettre quelque chose dans mon corps dont je ne connaissais pas certainement la contenance ni la dangerosité. Avec la cup, c’est un seul matériau donc ça me paraît plus sûr.”  

En effet, les procédés de fabrication et la composition des tampons et serviettes demeurent souvent non divulgués aux consommatrices. Des études par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) ont montré la présence de substances chimiques dans ces protections. Leurs effets sur le long terme demeurent en revanche inconnus en raison de l’absence d’étude sur le sujet. Les tampons contiennent par exemple des dioxines, substances dont la présence pourrait être liée aux cas d’endométriose. Le lien n’est pas prouvé mais la corrélation entre ces substances contenues dans les tampons et la maladie existe.    

Adopter la cup, une attitude éco-responsable 

En effet, les serviettes et les tampons contiennent une part importante de plastique : partie étanche et collante des serviettes, applicateur, emballages… À cela s’ajoute le coton qui les compose, nécessitant pour leur production une quantité d’eau considérable. Cet impact environnemental est parfois affligeant :   

Justine, « J’en avais marre de voir tous les déchets que produisaient les tampons. »  

Les règles impliquent des déchets quotidiens qui, comme les autres, peuvent être minimisés pour répondre aux inquiétudes environnementales. La cup semble être ainsi l’alternative idéale, mais il existe aussi des protections externes réutilisables présentant également de nombreux avantages. Alors certes, la cup ne va pas à elle seule faire disparaître le 6e continent de plastique ou arrêter les incendies en Australie, mais il s’agit d’un pas de plus vers une existence éco-responsable, et c’est cette idée qui aide parfois à sauter le pas comme Héloïse, qui se dit « très très zéro déchet ». 

L’aspect économique  

Il ne faut pas être spécialiste de la cup pour constater les économies qu’elle génère. Le calcul est simple : les règles surviennent tous les mois chez les femmes en âge de procréer, soit douze fois par an. Jusqu’à la ménopause, comptons 40 années de cycles. Supposons que nous utilisions une boîte de tampon ou un paquet de serviettes par cycle, coûtant en moyenne 4,5 euro. Cela fait donc :   

40 x 12 x 4,5 = 2160 euros !!! 

La cup se change tous les 10 ans environs (donc à changer 4 fois dans une vie), et coûte en moyenne 25 euros. On a alors :   

25 x 4 = 100 euros   

Même si les coûts menstruels (incluant également d’autre dépenses comme les anti-douleurs) paraissent infimes pour certains, la cup permettrait de limiter la précarité menstruelle et les inégalités de pouvoir d’achat entre hommes et femmes.  

Vous pouvez par ailleurs calculer ce que vous avez déjà dépensé dans votre vie pour ces protections en fonction de la durée de vos règles, du nombre de protections utilisées par jour et autres dépenses grâce à l’ingénieuse calculette inventée par le quotidien Le Monde.

Les coupes menstruelles peuvent par ailleurs s’obtenir en pharmacie ou sur des sites spécialisés comme Organicup.

En somme, les utilisatrices de la cup retiennent surtout sa praticité et ses avantages écologique et économique. Merci à celles qui ont bien voulu faire part de leur expérience ! Leurs points de vue sont évidemment partiels et subjectifs, mais ils donnent une idée concrète et pertinente de ce mode de protection hygiénique en mettant en lumière une autre manière de vivre ses règles. 

Ceci étant, à vos cups !

😉

Par Lena Perrinet et Marine Bachot

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