“Le CPES se vante d’avoir 50% de boursier.ères (à vérifier dans les faits…), aujourd’hui 100% de ces boursier.ères bénéficiant du service logement sont en lutte et comptent bien faire entendre leur voix.”. Ainsi se concluait fermement l’appel à l’occupation du Logos (ndlr : bâtiment dédié au CPES sur le campus Jourdan de l’ENS) envoyé jeudi soir, 20h, sur les conversations des trois promotions actuelles du CPES par des étudiants de L2. CPEculationS a suivi cette action contestataire qui, entreprise soudainement, n’a pas manqué de faire réagir abruptement une administration bientôt familière des remises en cause internes ?
Pour commencer, un peu de contexte
C’est un mail reçu par les étudiant.es boursier.ères dans le cadre de l’aide au logement PSL qui vient troubler le calme corollaire des périodes de rush (ndlr : expression estudiantine faisant référence aux périodes de l’année universitaire où se concentrent les examens et rendus de travaux). Ce courriel leur proposait à chacun.e un logement dans le CROUS près du campus Jourdan de l’ENS, campus où se tiennent la majorité des cours des CPES 2. Par ce message était donc confirmé la fin du partenariat entre la Cité Universitaire Internationale de Paris et le CPES, bailleur traditionnel des étudiant.es boursier.ères et internationaux de la formation.
Dès lors, de chambres doubles avec espaces sanitaires communs dans des résidences universitaires mêlant étudiant.es internationaux de diverses formations, le CPES propose à ces CPESien.nes des studios personnels d’une vingtaine de mètres carrés sur un campus intégré au sein de l’ENS. Si ces changements ne sont pas négligeables, l’évolution majeure reste celle des loyers comme en témoignent les premier.ères concerné.es dans une pétition mise en ligne vendredi matin : “Le loyer de 330 euros à la CIUP (Cité Internationale Universitaire de Paris) sera désormais d’environ 450 euros, soit une hausse de 120 euros par mois, ou 1200 euros par an (ce qui est parfois plus élevé que le revenu mensuel de nos parents).”
À cela s’ajoute une décision incomprise de l’administration du CPES/PSL et notamment du service de logement quant à la revalorisation conséquente des bourses logement des CPESien.nes boursier.ères : “Nous ne comprenons donc pas cette augmentation de loyer et ce refus d’augmenter les bourses en conséquence puisque cette année seul.es les boursier.ères ont reçu (pour le moment) une réponse favorable de logement.” Cette décision paraît d’autant plus surprenante pour les étudiant.es mobilisé.es que le CPES se targuerait de proposer une “diversité sociale” aux étudiant.e.s en plus d’affirmer univoquement sur leur site : “Les ressources financières ne doivent en aucun cas constituer un frein à votre accès au CPES.”
Troublé.es par ces incompréhensions, surpris.es par ces changements en apparence brusques et exténué.es, les étudiant.es mobilisé.es se regroupent dès 09h le vendredi matin dans une salle du Logos pour discuter, préparer des affiches et bien sûr travailler leurs cours.
Un malentendu à l’origine de la mobilisation ?
Durant cette matinée, l’ambiance est au rassemblement tranquille. Certain.es professeur.es viennent faire part de leur soutien à la mobilisation ainsi que d’autres étudiant.es qui ne manquent pas de réconforter leurs camarades. Deux heures plus tard, c’est la directrice même du CPES qui visite la salle occupée. Madame Coralie Chevallier, accompagnée de Monsieur David Schreiber (ndlr : directeur de la filière humanité au sein du CPES), tente d’expliquer la politique de logement de PSL au profit des étudiant.es boursier.ères du CPES.
Au fil d’une discussion plutôt mal entamée du fait des tensions provoquées d’un côté par des revirements inattendus et de l’autre par des mobilisations virulentes contre une administration qui se battrait tous les jours pour aider ses étudiant.es (dixit le personnel administratif intervenant lors de l’occupation), des précisions majeures sont apportées. Les boursier.ères échelons 1 à 7 (ndlr : boursier.ères sur critères sociaux) bénéficieront d’un logement “gratuit” (par là il faut comprendre que la bourse octroyée par le CROUS, additionnée à celle de PSL pour le logement et aux APL viennent compenser le prix du loyer) au sein du CROUS Jourdan quand les boursier.ères échelon 0 bis devront payer leur loyer intégralement. Toutefois, ces étudiant.es non boursier.ères ou boursier.ères à échelon 0 bis pourront contacter le service de logement de PSL pour se voir octroyer des aides à la suite d’examens casuistiques, voire être logés à Concordia (ndlr : résidence du CROUS situé au Ve arrondissement). Dans le cas échéant, ces personnes seront isolées des autres étudiant.es de la promotion. Et il s’agit là d’une réponse que certain.es étudiant.es mobilisé.es ont rétorqué : le cadre de vie est bien différent puisque d’un théâtre moins cher présent à la CIUP, d’espaces communs et de rencontres estudiantes, ces bénéficiaires se retrouvent sans espaces communs au CROUS et isolé.es.
A été donc exposée la raison de la rupture du partenariat avec la CIUP : cela revenait trop cher pour PSL puisque les frais de réservation d’un logement pour chaque étudiant avoisinaient les 1600 euros; ceci alors qu’ils et elles étaient logé.es dans des habitats “vétustes” d’après l’administration. Il y aurait même eu des mails de plainte concernant les logements à la CIUP par certain.es étudiant.es. Toutefois, une précision quant à l’intention est apportée par la directrice : “ça va nous faire 0 euros d’économie”.
Enfin, ont été vanté les mérites de la politique de logement du CPES. Celle-ci serait plus généreuse que celle d’autres établissements au sein même de PSL, faisant notamment référence à l’Université Paris Dauphine-PSL. De plus, ce nouveau partenariat permettrait de proposer 40 places supplémentaires aux CPESien.nes, “une bonne nouvelle pour l’humanité” d’après Madame Chevallier. À cela répondent les personnes mobilisées qu’elles avaient toutefois “signées” pour une formation au CPES avec un logement pour 3 ans à un certain prix ne s’attendant nullement à un tel retournement de situation. En revanche, selon les dires de la nouvelle directrice du CPES depuis janvier 2021, la formation se serait engagée pour un logement pour 3 ans mais “pas obligatoirement à une même adresse” soulignant ainsi l’absence de revirement.
Une occupation qui ne plaît pas ?
Avant de quitter les étudiant.es mobilisé.es, l’administration du CPES s’est exprimée quant à la mobilisation au travers de sa directrice : “J’aurais préféré recevoir un mail pour me dire que vous ne compreniez pas la situation.” Elle présente toutefois des excuses aux étudiant.es pour ce problème de communication perçu comme à la source des inquiétudes des mobilisé.es. Elle leur précise cependant que cette mobilisation sollicitait un sentiment de harcèlement chez d’autres étudiant.es qui en ont directement informé l’administration.
Vers 13h, Monsieur Cédric Prunier, directeur général des services à l’Université PSL, prend la parole dans le même sens pour exprimer son déplaisir face à cette mobilisation, notamment les posts sur les réseaux sociaux et affiches. Il explique son incompréhension : “moi j’ai une responsabilité qui est d’aider tous les étudiant.es de PSL” quand “pour [le CPES] rien ne change”. Les étudiant.es répondent par des excuses concernant les affiches véhémentes en précisant avoir été “furieux” lors de leur rédaction (du fait de l’obligation de répondre dans les 72 heures à la proposition du CROUS au risque de ne pas avoir de logement pour l’année académique suivante). Au cours du long échange qui a suivi, il revient sur les raisons et détaille les changements pour pallier le problème de communication en s’appuyant notamment sur les règles administratives devant gouverner les politiques d’aide des établissements publics (ayant mis en avant sa formation et position de juriste) et des chiffres (le coût du CPES qui se chiffrerait à 4 millions et demi d’euros pour PSL, ceci sans prendre en compte les aides octroyées dans le cadre de cette formation).
Pour finir, une petite mise en perspective
Certain.es étudiant.es concerné.es répondent toutefois aux explications du personnel administratif en invoquant des arguments déjà mobilisés, depuis près de deux ans, par “CPES en lutte” (ndlr : collectif d’enseignant.es et d’étudiant.es revendiquant un meilleur traitement du corps professoral au sein du CPES). Il s’agit notamment de l’iDex et ses conséquences, des subventions reçues par PSL et de la précarisation du corps pédagogique du CPES. Monsieur Prunier répondra fermement : “on a aujourd’hui 0 dotation, pas un centime pour de l’aide sociale à PSL” provenant de l’État avant de revenir sur l’affiche “50% de boursiers au CPES (à voir dans les faits …)” en affirmant “oui, on n’a pas 50% de boursiers au CPES” mais qu’il ne s’agissait en tout état de cause que d’un “objectif”.
Pour finir, au cours de cet échange seront mises en avant toutes les actions sociales de PSL. “Si vous trouvez une formation aussi sélective que le CPES avec autant de boursiers alors oui on dira qu’on est mauvais” affirme Monsieur Prunier puisque le CPES aurait toujours eu entre 43% et 65% de boursiers en première année. Ce serait là toute “la vocation du CPES”, faire plus pour les étudiant.es qui en ont besoin, dans une logique d’égalité des chances.
NB : Cet article relate les faits et échanges ayant eu lieu lors de l’occupation décrite. Plusieurs allégations n’ont pas pu faire l’objet d’une vérification. Toute inexactitude n’est ainsi imputable qu’aux personnes les ayant exprimées dans le cadre de cet événement public, CPEculationS n’étant responsable que de sa retranscription des différents propos.