“Quand je chante, je veux chanter juste”

Ce jeudi 16 novembre, le ciné club du Cpesmd a projeté Azur et Asmar au cinéma Les Écoles. Une occasion de renouer avec la féérie de l’enfance, de retrouver l’air de la berceuse et surtout de rencontrer celui qui a fait voyager des millions d’enfants. Car l’équipe du Ciné Club ne fait pas les choses à moitié, Michel Ocelot était présent pour passer un moment de discussion et de convivialité avec des enfants devenus presque adultes.

Différentes photos prises lors de la projection du jeudi 16 novembre.

Le générique se lance, les lumières s’allument, le bruit des applaudissements remplit la salle, Michel Ocelot arrive sur scène. Une entrée remarquable avec un pull bariolé. L’émotion est vive, des sourires se dessinent. Les questions fusent, on veut tout savoir sur cet être particulier. Le réalisateur s’est prêté au jeu et a répondu avec joie. Cpeculations vous présente une synthèse de ces réponses.

Dieu

Michel Ocelot pour chacun de ses films se donne une mission. Celle pour Azur et Asmar était de montrer “l’hostilité quotidienne qui nous gâche la vie” , d’étudier les gens qui se détestent. Pour se faire, il fallait amasser des gens différents. Dans le film, il met en confrontation une culture chrétienne et une culture musulmane. *Attention au spoil* À la fin de l’histoire, les deux cultures s’entendent bien. Cela lui tenait à coeur car en France la migration maghrébine étant majoritaire, il voulait montrer la richesse et l’ouverture de l’Islam.
Cette richesse, dans Azur et Asmar, nous saute aux yeux. Les architectures des bâtiments, les couleurs chaudes et azur sont représentées tout au long du film. Pour arriver à un tel réalisme, il a découvert de nombreux endroits, de l’Andalousie à la Turquie, en passant par le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Par exemple, le palais de la fée des Djins s’inspire directement d’une mosquée perse située en Iran.

“J’ai demandé à un ami où je devais aller pour voir la plus belle architecture maghrébine, il m’a dit d’aller en Andalousie

Michel Ocelot pour chacun de ses films tient à avoir une fin positive. “En gros, je suis dieu. Comme je suis dieu, je décide que ça finisse bien et qu’il y ait un message positif”. Si la fin de ses œuvres est heureuse, certaines parties peuvent-être dures. Il nous a raconté l’histoire de Karaba la sorcière dans Kirikou. L’épine empoisonnée dans le dos de Karaba représente la souffrance qui reste après un viol. La sorcière est à l’origine une jeune fille qui a subit un viol par plusieurs hommes de son village  et “donc, toute sa vie elle détestera tout les hommes et je la comprends” assure-t-il. Ensuite, il nous a évoqué l’histoire d’une psy qui avait voulu le rencontrer. Elle avait été violée dans son cabinet et elle s’est soignée avec le film. Elle a ensuite écrit sa thèse avec toutes les 5/6 pages une illustration de Kirikou. Aujourd’hui, cela l’aide à soigner ses patientes.

Michel Ocelot pour chacun de ses films veut être honnête, humain quitte à être un peu borné. “Je suis l’imbécile du village qui va tout droit mais au bon endroit. Je dis ce qui me tiens et je parle avec mes tripes.” Selon lui même, c’est grâce à cette sincérité qu’il arrive à toucher les gens et que ses films sont un succès. Une réussite importante qui a deux sens. 
Un premier sens littéral. Il nous a conté la réussite de son premier long métrage, Kirikou et La Sorcière. Au début, aucun producteur reconnu ne s’intéressait à ce film. Heureusement, un distributeur lyonnais a eu l’intelligence de flairer le futur succès de ce film. Pas assez d’argent pour faire une campagne publicitaire, la communication est restée simple : du bouche à oreille. Les deux premières semaines les salles étaient vides. La troisième, elles commençaient à se remplir. Lors de la quatrième semaine, les salles étaient pleines et pendant la cinquième ? Les gens faisaient la queue. Les salles de cinéma ont fini par se battre et engager des procès contre Michel Ocelot pour obtenir des copies du chef d’œuvre Kirikou.
Un second sens plus philosophique. “Ma vie se divise en deux. Avant Kirikou ma vie était ratée. Et voilà maintenant que je suis en face de vous : je pense que je n’ai pas raté ma vie.

Sacha Derrien/LB

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