LUNDI ALUMNI #9 : Walid Bekhti

Lundi 18 janvier, 18h30 : ça y est, vous tournez déjà en rond dans votre 15m2 et ne pouvez même pas sortir pour vous dégourdir les jambes… Heureusement, à défaut de vous aider à sculpter votre corps de rêve, nous sommes là pour vous stimuler l’esprit ! Et cette semaine, on vous présente le portrait de Walid Bekhti, élève de la 2ème promotion du CPES. De la politique, au cinéma en passant par le droit, découvrez son parcours inspirant !

« La 2ème année on est rentrés dans le dur, j’avais 40-42 heures par semaine, j’ai pris cher, c’était les nuits blanches. Nous c’était l’année de la dépression, tout le monde tombait autour de toi mais c’était une année de la force de travail, il fallait se buter au taff ».

Originaire de Saint-Etienne, depuis qu’il est monté à Paris pour le CPES en 2013, il n’en est plus parti. Il confie d’ailleurs lui-même en riant être devenu « un bobo parisien ». Son année de L1 en Huma est donc surtout marquée par sa découverte de la ville de Paris, mais aussi par les rencontres et la folle vie à la Cité U (brunchs, barbecues, etc.).

En 2ème année, le rythme s’intensifie, et la charge de travail est éprouvante. Il faut dire que son choix de prendre majeure Droit mineure HTA tout en multipliant les options en Socio n’a pas aidé : « La 2ème année on est rentrés dans le dur, j’avais 40-42 heures par semaine, j’ai pris cher, c’était les nuits blanches. Nous c’était l’année de la dépression, tout le monde tombait autour de toi mais c’était une année de la force de travail, il fallait se buter au taff ».

« On a fait les premières grosses soirées du CPES dans un bateau tout pourri. Ça c’était cool, on faisait les courses, on prenait le tram. On prenait pas de taxi, on avait pas de thunes, on était comme des galériens mais c’était vraiment cool, à la fin tout le monde était content ».

Enfin en troisième année, c’est « l’année de l’envol », il quitte le cadre du CPES dans lequel il se sent bien trop coucouné pour arriver en L3 Droit à Dauphine. Cette année sera alors décisive puisque s’il avait avant pu avoir les velléités de devenir avocat d’affaire ou faire des affaires publiques pour « faire des pépettes », une chose est sûre à ses yeux à la fin de cette année, il ne se dirigera pas vers cette voie.

Mais, durant le CPES, Walid qui se décrit comme un « élève moyen », va surtout en profiter pour mener divers projets : associatifs, politiques ou encore militants.

Ça commence déjà par son engagement en tant que trésorier adjoint puis trésorier au BDE. Pour les plus chanceux.ses d’entre vous qui ont connu le CPES quand le mot Corona ne nous évoquait encore qu’une marque de bière, vous vous souvenez du fameux voyage du BDE ou encore du Gala. Or, tout ça n’existerait peut-être pas aujourd’hui sans le BDE, Walid et ses camarades de l’époque. Il évoque, nostalgique, les premiers moments du BDE : « on a fait les premières grosses soirées du CPES dans un bateau tout pourri. Ça c’était cool, on faisait les courses, on prenait le tram. On prenait pas de taxi, on avait pas de thunes, on était comme des galériens mais c’était vraiment cool, à la fin tout le monde était content ».

À propos de son M1 : « J’y allais parce que j’avais des potes et c’était intéressant quand même mais j’y étais pas vraiment, c’est cette année-là où j’ai pris le temps [de me consacrer au cinéma]»

Pour compléter son engagement associatif, il est président de l’association de la Maison Honnorat. Il a notamment monté des expositions photos qui lui donnèrent son goût pour organiser des projets culturels et font écho au parcours qu’il suit aujourd’hui.

Outre ça, Walid est très engagé en politique. D’abord au PS, (il fait d’ailleurs un stage à l’Assemblée Nationale avec le porte-parole de Benoit Hamon) puis, sentant dès 2016 que le bateau commençait à prendre l’eau, il fit le choix de « quitter le navire ». Il devient alors directeur des finances de la campagne de Juan Branco.

Suite au CPES, Walid fait un détour par le M1 APRS de Dauphine, aujourd’hui devenu le Master Politiques Publiques. Mais, comme il le dit lui-même, cette année-là il se concentra davantage sur le cinéma que sur son Master 1 : « J’y allais parce que j’avais des potes et c’était intéressant quand même mais j’y étais pas vraiment, c’est cette année-là où j’ai pris le temps [de me consacrer au cinéma]». En effet, s’il a travaillé pour Juan Branco c’est surtout pour son père, Paulo Branco, producteur de cinéma, avec qui il a collaboré initialement.

« J’ai très vite compris que si j’avais un rôle à jouer dans le milieu artistique c’était peut-être pas celui d’artiste mais j’avais un talent pour me débrouiller et aider les gens »

Avant cette rencontre, Walid avait pu furtivement avoir un aperçu du milieu cinématographique. Tout d’abord, lors du stage à la Femis en L2 réalisé dans le cadre de la semaine des arts du CPES. Puis, en juillet 2016, après sa L3, il a participé à un atelier égalité des chances d’un mois organisé par La Femis.

C’est donc à peu près au même moment que ce deuxième stage qu’il rencontre Paulo Branco et il y a un « truc qui se passe ». Le feeling passant bien, Paulo lui propose de travailler avec lui : « Le stage à la Femis, j’avais adoré c’était génial et tout ça, ça me trottait dans la tête, en rencontrant Paolo j’ai compris le métier de producteur […] c’est vraiment à travers lui que j’ai découvert le cinéma ». Walid l’a donc suivi au Portugal, pour bosser sur la programmation d’une rétrospective de Godard puis à Cannes pour le festival. Cette même année, il a commencé à « produire des petits trucs » et il a passé le concours de la Femis, dans la branche production, qu’il a obtenu.

Rétrospectivement, son parcours prend sens : « J’ai vu que j’étais bon dans certaines choses comme monter des projets. Je montais des expos, je faisais ça déjà quand j’avais 19 piges et j’avais besoin et envie de soutenir des ami.e.s. J’ai très vite compris que si j’avais un rôle à jouer dans le milieu artistique c’était peut-être pas celui d’artiste mais j’avais un talent pour me débrouiller et aider les gens ». Il voit également un lien entre ses engagements politiques passés et le milieu du cinéma : « La politique et le ciné se sont croisés. Par exemple, mon premier contact avec Clichy-Sous- Bois était politique, j’y ai fait campagne et j’ai continué le cinéma là-bas. J’y connais pas mal de gens, j’ai produit un film là-bas deux ans plus tard pour Ladj Ly et ensuite un clip pour un grand rappeur français, Mac Tyer, et tout cela dans le décors du film Les Misérables ».

« [La Fémis] c’est une école qui, ou te change ta vie, ou accélère ta carrière. Je suis pas sûr que j’aurais fait ce métier là si j’avais pas fait La Femis parce que je viens d’un milieu modeste et que j’ai besoin des labels, on a rassuré les parents, on s’est rassurés, on est légitimes ».

Depuis 2017, Walid est donc à La Femis et cette année 2021 conclura la fin de son cycle. « 4 ans c’est long, c’est une école de l’élite, c’est un petit milieu, etc. ça a tous ces défauts-là mais c’est quand même une chance extraordinaire. C’est une école qui, ou te change ta vie, ou accélère ta carrière. Je suis pas sûr que j’aurais fait ce métier là si j’avais pas fait La Femis parce que je viens d’un milieu modeste et que j’ai besoin des labels, on a rassuré les parents, on s’est rassurés, on est légitimes ». Cette expérience de quatre ans, lui a permis de comprendre les enjeux du métier et d’en apprendre les ficelles. La grande majorité de ses cours ne sont pas théoriques. Il s’agit surtout d’apprendre et de fabriquer soi-même, et de faire des rencontres, notamment avec le « petit cinéma d’auteurs parisiens ». S’il est bien entretenu, c’est un réseau qui peut être très puissant. Grâce à la bourse du CROUS ainsi qu’a la bourse d’étude de la fondation « Culture et Diversités », « fondation qui soutient des gamins qui viennent du bitume et qui veulent taffer dans l’art et la culture », pour Walid, les 4 ans à la Femis ont représenté « 4 ans où t’es en sécurité ».

Fidèle à lui-même, en parallèle de la Femis, il a multiplié les projets dans lesquels il s’est grandement investi à tel point que ses camarades lui demandent parfois où est-ce qu’il est encore passé. Il a notamment monté une association de production et travaillé pendant deux ans chez Iconoclast en tant que responsable du développement sur des projets français, anglais et africains puis producteur junior. Mais, surtout, il a monté sa propre maison de production l’année dernière : Mal’famés films, avec son frère et sa sœur. Pour l’instant il se concentre dessus : « J’ai déjà des films en catalogue, j’ai un court métrage de fiction qui a été présenté au Festival de Cannes – Pavillon Africain, j’ai un long métrage documentaire qu’on a tourné en Russie il y a 2 ans qui vient d’être sélectionné au Cinéma du Réel, j’ai aussi fait mon premier clip il y a 2 semaines qui va péter, il y a déjà une activité, la boîte est lancée ». Aussi, avec ses anciens camarades de l’ACD de Dauphine, il ont monté une boite de prod New Shoes où ils développent des auteurs dans une ligne éditoriale plus cinéma auteur et qui a déjà eu la reconnaissance de grands festivals français.

Même si la fondation Article 1 l’aide et le soutien dans son projet entrepreneurial, le temps de pouvoir dégager des revenus de son activité et de pouvoir en vivre, il faut compter quelques années. « C’est un métier où ta valeur c’est aussi tes artistes et développer des artistes et faire des films ça prend des années, j’aurai une vraie valeur marchande et je pourrais être indépendant d’ici 3-4 ans ». D’ici là, plusieurs options s’offrent donc à lui. Soit il se met en indépendant, prend encore des risques et investit dans sa boîte, soit il trouve une structure dans laquelle il évolue, au prix peut être de sa liberté de producteur. Quelles que soient ses évolutions de carrière, nous ne manquerons pas de vous tenir informé.e.s et qui sait, vous le reverrez peut être d’ici quelques années obtenir la Palme d’Or au festival de Cannes !

Le profil de Walid Bekhti vous intéresse ? N’hésitez pas à le suivre sur Linkedin : https://www.linkedin.com/in/walid-yitzhak-bekhti-ammour-073195a3/

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