Ce lundi, découvrons le numéro d’équilibriste d’Auguste Bergot, diplômé de la promotion 2018 en Philosophie, amoureux de philosophie, de journalisme et de musique. « On trouve toujours le temps ! », voilà son leitmotiv.
« La L3 avait l’avantage de nous mettre dans le bain de l’ENS. On avait de nombreux cours en lien avec leurs masters et il y avait une possibilité de suivre des cours en Sciences cognitives. »
Avant le CPES, Auguste fait son collège et son lycée à Mâcon, en Bourgogne. Il passe un baccalauréat Économique et social, spécialité Mathématiques. C’est par hasard qu’il découvre le CPES, grâce à une élève dans sa classe qui y postule. Auguste est alors « paumé dans ses choix » et n’est pas sûr de vouloir faire une classe préparatoire.
Il arrive au CPES en L1 dans la filière Humanités. Il qualifie cette première année d’ « absolument géniale » même si son déracinement a été important. « Mâcon était une petite ville, sans fac, sans université, donc le passage à Paris a été un choc, dans le bon sens du terme », explique-t-il. De nouveaux liens se tissent : « Ce qu’il y a d’incroyable au CPES, ce sont les enseignements, mais il y a aussi les amitiés ! Encore aujourd’hui, les amitiés que j’ai gardées du CPES sont intenses. » En L2, il entre en double majeure Philosophie et Histoire, avec des options en Sciences cognitives. Son mémoire porte sur « La transe dans les fêtes techno », un sujet qu’il qualifie avec humour de « bien CPESien ». Il préfère l’Histoire – et le programme de Philippe Masanet – à la Philosophie – au contenu plus « expérimental et manquant un petit peu de contenu ». Néanmoins, il s’oriente en Philosophie pour sa troisième année au CPES. « La L3 avait l’avantage de nous mettre dans le bain de l’ENS. On avait de nombreux cours en lien avec leurs masters et il y avait une possibilité de suivre des cours en Sciences cognitives. » Son deuxième mémoire au CPES traite d’ailleurs du rêve et de ses interprétations. Lors de sa rédaction, Auguste apprécie le lien privilégié avec les professeurs et de jeunes chercheurs.
« Je voulais tâtonner, accomplir d’autres expériences plutôt que suivre le cursus qui mène de la philo à la philo, avec cette particularité qu’en philosophie on ne fait pas de stages, que l’on est prisonnier de cette discipline presque totalitaire qui nous pousse vers la recherche et l’enseignement. »
Lors de sa deuxième année au CPES, Auguste écrit des piges pour le média en ligne La Relève et la Peste, y rédigeant des brèves sur l’écologie plusieurs fois par semaine. Cette activité lui prend beaucoup de temps mais répond à sa peur de « se déconnecter du reste des êtres vivants, à cause de la philosophie et de discours de haute volée éloignés de la réalité. »
Suivant sa troisième année au CPES, Auguste accepte un poste de rédacteur en chef à La Relève et la Peste et, pour cela, effectue un master de Philosophie à l’université Paris Nanterre, à distance. « Je voulais tâtonner, accomplir d’autres expériences plutôt que suivre le cursus qui mène de la philo à la philo, avec cette particularité qu’en philosophie on ne fait pas de stages, que l’on est prisonnier de cette discipline presque totalitaire qui nous pousse vers la recherche et l’enseignement. » Malgré tout, Auguste a toujours voulu être professeur de philosophie.
« C’est sur le terrain que j’ai appris le journalisme. Mais au bout d’un moment j’ai vu les limites de ce type de journalisme web à La Relève et la Peste et j’ai fait un stage en presse écrite chez Socialter, un magazine sur les alternatives au modèle économique et social dominant. »
« C’est sur le terrain que j’ai appris le journalisme. Mais au bout d’un moment j’ai vu les limites de ce type de journalisme web à La Relève et la Peste et j’ai fait un stage en presse écrite chez Socialter, un magazine sur les alternatives au modèle économique et social dominant. » Auguste y a par exemple écrit sur le greenwashing, dans le cas des politiques de reforestation des entreprises.
Il apprécie les cours à distance qui lui permettent d’allier ses deux activités : la philosophie et le journalisme. « Je pense que grâce à PSL, on a une capacité d’adaptation qui est meilleure qu’à l’université », ce qui l’a beaucoup aidé. Son mémoire de première année de master, plus traditionnel que ceux réalisés au CPES, porte sur l’influence de la lecture de Machiavel dans la philosophie politique de Merleau-Ponty. Puis, en deuxième année, il s’intéresse au concept d’habiter, à partir d’une étude des pratiques autonomistes à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Les contraintes financières le rattrapent et Auguste débute, lors de sa deuxième année de master, un travail alimentaire de rédaction de comptes-rendus pour des Comités d’Entreprise. « J’allais dans les entreprises, je prenais des notes et je faisais un procès verbal de la réunion. Je l’ai fait pour des grandes entreprises comme EDF. J’ai trouvé cette expérience horriblement chiante, étant obligé de produire un nombre de pages déterminé à l’avance en fonction de la durée des réunions. Le travail était abêtissant à réécouter les enregistrements, mais cela m’a permis de découvrir le dialogue social dans les entreprises, ce qui était passionnant. » Cette expérience lui offre également une possibilité supplémentaire de se déconnecter de sa bulle philosophique.
Débute, après ce CDD de neuf mois pendant lequel il termine son master de Philosophie, une année de chômage au cours de laquelle il entame un master 2 de Lettres à Paris VII. « Comme j’avais déjà un master de Philosophie, j’ai pu commencer en M2 et valider un master en un an. L’année a été un peu spéciale avec le Covid et les cours à distance. » Toujours perdu entre le journalisme et la philosophie, la littérature s’avère une voie médiane.
Dès septembre 2021, Auguste s’est lancé dans la préparation du CAPES et de l’Agrégation de Philosophie à la faculté de Paris Nanterre – les concours de l’agrégation ont eu lieu en février et ceux du CAPES en mars. La préparation à Nanterre lui convient : une petite classe et une formation intense proche de la classe préparatoire. « J’avais cette envie de retourner à une étude poussée de la philosophie. Je n’ai jamais pris le temps de potasser des œuvres, d’ingérer du contenu pour du contenu mais après des années j’avais envie de me mettre à fond dedans. »
Admissible aux oraux du CAPES, Auguste les passera en juin !
En parallèle, Auguste conserve un pied dans le journalisme, prenant part à la programmation de la station de radio « Le Grigri », écrivant bénévolement des chroniques sur les sorties jazz, hip-hop et musiques du monde. Il dispense également des cours particuliers de philosophie.
Auguste savait qu’il voulait faire de la philosophie tout en poursuivant sa pratique de la musique – du piano jazz – et sa découverte du journalisme. Aujourd’hui, il est parvenu à concilier dans sa vie tout ce qu’il aime faire !
Interview et article de Matéo Ki Zerbo