LUNDI ALUMNI #12 : Lauren Launay

Sortez vos lunettes et ouvrez grands les yeux, l’artiste entre en scène ! L’équipe Alumni vous présente ce lundi le portrait inspirant de Lauren Launay, assistante éditoriale pour l’école du Louvre et étudiante aux cours Florent.

« J’avais une vision très désintéressée de ce que devaient être certaines disciplines comme la philosophie ou la littérature : je les envisageais comme des exercices de liberté, autorisant une expression très personnelle, conçus pour rendre libre. Je n’avais jamais été une élève très scolaire auparavant, j’ai donc vécu la préparation au concours de l’ENS, ses normes formelles, son programme précis, comme un carcan. Surtout, la majorité de mes camarades de classe, dont plus de la moitié seraient amenés à réussir ce concours n’avaient pas besoin du salaire de l’ENS pour poursuivre leurs études ; j’ai compris très tôt qu’ils le passaient pour acquérir une légitimité intellectuelle ou s’inscrire dans une tradition familiale mais qu’ils se tourneraient ensuite vers d’autres voies que l’enseignement ou la recherche.  Cela me paraissait socialement très hypocrite.»

Après l’obtention de son baccalauréat littéraire dans un lycée de la banlieue nantaise, Lauren entre en hypokhâgne au lycée Henri IV.  Intégrer l’une des meilleures prépas parisiennes est avant tout l’excuse idéale pour quitter le foyer et rejoindre la capitale. Elle garde un souvenir mitigé de cette année de prépa à Henri IV : “c’était une expérience à la fois éblouissante, par la rencontre de personnes incroyables et le fait que je me sentais enfin dans mon univers à échanger quotidiennement autour de sujets “intellectuels” avec des jeunes de mon âge, et à la fois étrange, car je passais de la banlieue nantaise, d’un environnement bourgeois certes mais aussi plus rural et plus récent, et où la bourgeoisie n’était pas le lot de tous, à un environnement, bourgeois également, mais marqué par un fort entre-soi et où une familiarité déjà acquise avec la vie artistique et politique de la capitale, voir l’héritage intellectuel familial, jouaient un grand rôle chez des étudiants d’à peine dix-huit ans. Même venant d’une famille aisée et ouverte à la culture j’ai perçu la condescendance que pouvaient avoir certains et le choc sociétal que cela représentait ou aurait pu représenter pour mes amies de familles plus modestes. Je me suis aussi retrouvée face à certains professeurs qui ne nous parlaient que du concours, alors que j’ignorais quasiment l’existence de l’ENS à mon arrivée. » 

A cela s’ajoute une contradiction entre sa vision de l’intellectuel engagé et les concours de l’ENS : « J’avais une vision très désintéressée de ce que devaient être certaines disciplines comme la philosophie ou la littérature : je les envisageais comme des exercices de liberté, autorisant une expression très personnelle, conçus pour rendre libre. Je n’avais jamais été une élève très scolaire auparavant, j’ai donc vécu la préparation au concours de l’ENS, ses normes formelles, son programme précis, comme un carcan. Surtout, la majorité de mes camarades de classe, dont plus de la moitié seraient amenés à réussir ce concours n’avaient pas besoin du salaire de l’ENS pour poursuivre leurs études ; j’ai compris très tôt qu’ils le passaient pour acquérir une légitimité intellectuelle ou s’inscrire dans une tradition familiale mais qu’ils se tourneraient ensuite vers d’autres voies que l’enseignement ou la recherche. Cela me paraissait socialement très hypocrite.»  

« C’était un choix qui sortait des sentiers battus (j’étais presque la seule des quatre classes prépa à le faire et ce n’était que la deuxième promotion du CPES, alors peu connu), mais je savais que je restais dans une formation de bon niveau, avec notamment certains des professeurs que j’avais déjà eu en L1. Je savais également que les cours d’Humanités en L2 auraient lieu à Henri IV, que je restais dans le giron de l’établissement.Cela restait donc aussi très sécuritaire sur le plan de la reconnaissance sociale . »

C’est M. Masanet, professeur d’histoire à Henri IV, qui lui fait découvrir le CPES. Elle y voit la porte de sortie idéale de la prépa. « C’était un choix qui sortait des sentiers battus (j’étais presque la seule des quatre classes prépa à le faire et ce n’était que la deuxième promotion du CPES, alors peu connu), mais je savais que je restais dans une formation de bon niveau, avec notamment certains des professeurs que j’avais déjà eu en L1. Je savais également que les cours d’Humanités en L2 auraient lieu à Henri IV, que je restais dans le giron de l’établissement.Cela restait donc aussi très sécuritaire sur le plan de la reconnaissance sociale ». Elle entre donc en L2, en majeures Histoire et Histoire et Théorie des Arts : « J’étais plus proche de la philosophie, mais j’ai décidé de travailler mes lacunes plutôt que mes points forts. Mon arrivée à Paris m’avait fait comprendre que j’avais tout intérêt à engranger des connaissances. Et puis, j’avais adoré les cours de M. Masanet et j’ai découvert que l’Histoire était aussi un art de la pensée. Il y avait une vitalité, un dynamisme dans les jeunes écoles historiques, qui dialoguaient avec la “french theory”, que je ne retrouvais pas dans la philosophie analytique ou la phénoménologie. J’étais aussi ravie de pouvoir suivre d’autres discipline en auditrice libre. »   

Ce qui lui plaît aussi, « c’est d’enfin vivre ce pourquoi [elle était] venue à Paris : aller voir une exposition sans culpabiliser, boire des cafés en développant avec des camarades des tas de projets qui ne verraient jamais le jour… être dans cette effervescence plus souple que la discipline de la prépa. L’atelier artistique et journalistique furent très marquants. » 

 Si la plupart des cours sont très cadrés, quelques uns sont marqués par les tâtonnements du CPES pour former la deuxième promotion : « Il y avait des cours passionnants, solides et originaux, comme ceux de M. Masanet ou de Clyde Plumauzille dans la filière Histoire mais d’autres étaient parfois un peu farfelus, que ce soit à cause de professeurs très cultivés mais pas forcément formés à la pédagogie ou de certains qui s’investissaient moins qu’en prépa sous prétexte qu’il n’y avait pas de concours.” Elle se sent attirée par l’engagement politique comme par la création artistique. Elle poursuit donc sa L3 en spécialité Histoire, tout en suivant l’intégralité des cours de la majeure HTALe CPES n’est cependant pas habilité à certifier la double licence. 

 

 « J’y suis allée pendant une quinzaine de jours à la fin de la L3, et j’ai tellement aimé que j’y suis retournée pendant trois ans en tant que bénévole (mais un peu moins longtemps les fois suivantes), et que je continue d’y aller comme simple spectatrice. On était logés et nourris avec les acteurs et le personnel du festival, et on travaillait la journée. C’était intense mais j’avais l’impression d’être au bon endroit au bon moment, avec de jeunes acteurs qui étaient sortis du conservatoire et qui réfléchissaient à de nouvelles manières de faire du théâtre. Avec Lena Paugam et le collectif Lynceus, j’ai découvert un théâtre in situ, faisant appel à de jeunes auteurs pour écrire des textes pour des endroits divers, loin de Paris et des scènes de théâtre officielles, et mis en scène dans des usines, sur la plage, dans les champs, près des fermes… Des textes joués par des comédiens passés comme moi par Paris, mais qui souvent n’en venaient pas, pour et avec une population locale de plus en plus engagée dans le festival. Tout cela a beaucoup résonné en moi, avec d’où je venais, la campagne de Nantes, la mer. J’ai appris plein de choses, j’ai fait un peu de tout  : j’ai passé du temps à tracter des flyers, à faire la cuisine et à éplucher des dizaines d’oignons pour toute la troupe, mais j’ai aussi été assistante son, assistante à la régie lumière ou encore souffleuse lors des répétitions. »

Ces années sont marquées par la rencontre avec la doctorante, actrice et metteuse en scène Lena Paugam : « J’ai adoré ses cours, j’ai vraiment découvert ce qu’était la mise en scène et le théâtre contemporain. Elle avait un rapport aux étudiants très ouvert, elle dialoguait avec ses élèves et était vraiment dans une optique de partage, elle nous faisait découvrir qu’une grande partie d’une discipline ou d’un art s’apprend aussi en dehors d’une heure de cours bien déterminée. » Lena Paugam proposait alors à ses élèves de venir à son festival de théâtre, le Lynceus en Bretagne, en tant que bénévoles : « J’y suis allée pendant une quinzaine de jours à la fin de la L3, et j’ai tellement aimé que j’y suis retournée pendant trois ans en tant que bénévole (mais un peu moins longtemps les fois suivantes), et que je continue d’y aller comme simple spectatrice. On était logés et nourris avec les acteurs et le personnel du festival, et on travaillait la journée. C’était intense mais j’avais l’impression d’être au bon endroit au bon moment, avec de jeunes acteurs qui étaient sortis du conservatoire et qui réfléchissaient à de nouvelles manières de faire du théâtre. Avec Lena Paugam et le collectif Lynceus, j’ai découvert un théâtre in situ, faisant appel à de jeunes auteurs pour écrire des textes pour des endroits divers, loin de Paris et des scènes de théâtre officielles, et mis en scène dans des usines, sur la plage, dans les champs, près des fermes… Des textes joués par des comédiens passés comme moi par Paris, mais qui souvent n’en venaient pas, pour et avec une population locale de plus en plus engagée dans le festival. Tout cela a beaucoup résonné en moi, avec d’où je venais, la campagne de Nantes, la mer. J’ai appris plein de choses, j’ai fait un peu de tout  : j’ai passé du temps à tracter des flyers, à faire la cuisine et à éplucher des dizaines d’oignons pour toute la troupe, mais j’ai aussi été assistante son, assistante à la régie lumière ou encore souffleuse lors des répétitions. » dit-elle en riant. Une autre révélation est celle des cours de Joseph Minster en L3: « Je ne comprends toujours pas pourquoi on n’a pas de cours de cinéma au lycée ! Je ne sais pas pourquoi on a des cours de littérature et de musique et pas de cinéma ! » 

Le CPES a permis à Lauren de toucher à tout et d’explorer différentes facettes de sa personnalité, mais s’agissant d’une formation qui encourage à une spécialisation progressive, les choix d’orientation se sont révélés difficiles. « En L3, choisir mon orientation a été un dilemme, je ne savais pas encore ce que je voulais faire, à part me lancer dans des études tournées vers l’engagement social et politique, ou vers les arts. J’avais aussi envie de partir à l’étranger, de me désaxer au contact d’autres langues. »  

« J’ai été séduite par l’idée d’étudier les mobilités, les migrations, les transferts, comme je l’avais fait avec mon mémoire de L3 sur la place du mouvement féministe égyptien au sein des diverses révolutions du printemps arabe. Cela parlait à mon désir de me “désaxer”. Ce master d’histoire était aussi proche de l’histoire de l’art avec des professeures comme l’historienne de l’art Charlotte Guichard et des matières comme Transferts culturels ou Circulation d’objets par exemple. Ce master m’a donc permis de repousser un peu le moment du choix entre mon désir d’engagement politique et un parcours vraiment orienté vers les arts, mais aussi entre la possibilité de préparer des concours de la fonction publique, de poursuivre peut-être dans la recherche, ou de trouver une autre voie. » 

Elle postule d’abord à un double master Science Po affaires publiques – école du Louvre auquel elle est reçue à l’écrit. « L’oral a malheureusement été une catastrophe. Je manquais de confiance en moi et je n’étais pas préparée à ce genre d’entretien de personnalité, où l’on attend pas de connaissances particulières et où le but du jeu est un peu de prendre le lead de la discussion sans se laisser déstabiliser.Sur le coup c’était une vraie déception bien sûr, mais aujourd’hui cela ne fait pas parti de mes regrets. Pour avoir ensuite discuté avec des gens ayant intégré le dit master, je pense que si j’étais passée par là j’en serais arrivée, en autant de temps, au même endroit qu’aujourd’hui. » Elle postule ensuite au master d’Histoire Globale et Transnationale présenté par Blaise Wilfert à sa promotion. « J’ai été séduite par l’idée d’étudier les mobilités, les migrations, les transferts, comme je l’avais fait avec mon mémoire de L3 sur la place du mouvement féministe égyptien au sein des diverses révolutions du printemps arabe. Cela parlait à mon désir de me “désaxer”. Ce master d’histoire était aussi proche de l’histoire de l’art avec des professeures comme l’historienne de l’art Charlotte Guichard et des matières comme Transferts culturels ou Circulation d’objets par exemple. Ce master m’a donc permis de repousser un peu le moment du choix entre mon désir d’engagement politique et un parcours vraiment orienté vers les arts, mais aussi entre la possibilité de préparer des concours de la fonction publique, de poursuivre peut-être dans la recherche, ou de trouver une autre voie. »  

Ce master est cohabilité entre l’ENS Ulm et l’Ecole nationale des Chartes. Elle déclare avoir été passionnée par les matières proposées mais l’expérience à l’ENS lui a laissé un souvenir mitigé : « J’étais administrativement à l’Ecole des Chartes, où je me sentais très bien. Il y avait moins d’élèves, nous étions très bien accueillis par l’administration. Par contre, à l’ENS, à laquelle était rattachée mon directeur de recherche, on nous faisait parfois sentir que nous, “masteriens”, étions des citoyens de seconde zone par rapport aux élèves-fonctionnaires, “normaliens”, entrés sur concours, parmi lesquels je retrouvais beaucoup de camarades de L1 et quelques-unes de mes amies. Cette hiérarchie se manifestait au-delà de l’existence des salaires, elle impliquait un accès différent aux bourses de mobilité, aux logements évidemment, elle se manifestait parfois dans des détails. Pour moi ce genre de choses auraient davantage dû dépendre des besoins économiques des élèves, ou de la pertinence de la mobilité par rapport à leur recherche, que de leur statut, entrés sur dossier ou sur concours au sein de l’école. J’ai décidé de faire mon mémoire de master  sur un sujet plus politique qu’artistique, sur un congrès de droit international tenu à Bruxelles en 1936 et d’une première tentative de définition internationale d’un statut juridique pour les réfugiés  et les apatrides. Cela m’a permis d’interroger l’articulation entre appartenance à une communauté linguistique, culturelle, religieuse et participation politique, en me confrontant à un cas historique très concret. » 

« Mon travail consiste essentiellement à lire et corriger des articles et ouvrages d’histoire de l’art. C’est passionnant, j’apprends et réfléchis au quotidien grâce à ces lectures. Il y a aussi la recherche iconographique et une partie plus administrative. Le Louvre est un cadre de travail absolument exceptionnel. »

Lauren réalise en M1 que malgré son appétence pour l’histoire, elle ne voulait pas s’engouffrer dans une carrière universitaire. « Je m’étais aussi tournée vers l’histoire pour son côté très charnel et très concret, et cette soif de concret a fini par m’en éloigner. Les querelles de clochers entre certaines écoles méthodologiques en Histoire, pourtant terriblement proches les unes des autres, pouvaient m’ennuyer. Et puis la recherche est un sacerdoce qui demande une grande passion, une grande discipline, que je ne parvenais pas à concilier avec la création artistique. » Elle fait donc une année de césure entre son M1 et son M2 où elle effectue un stage de six mois en maison d’édition, chez Gallimard, en partie grâce à Philippe Artières, professeur inspirant du CPES 3 qui lui avait fait découvrir la collection Verticales de Gallimard. Elle effectue aussi un stage d’une semaine aux cours Florent en option cinéma et un séjour d’un mois chez un ami en Suisse allemande. « Je voulais finir mon master mais au cours de cette année tout est devenu plus clair, j’ai compris que j’allais chercher à poursuivre ma voie entre l’édition, le théâtre et le cinéma. » Elle fait donc son M2 pendant lequel elle passe six mois à Berlin en Erasmus, puis effectue un deuxième stage dans l’édition après son rendu de mémoire. Après une audition, elle intègre les cours florent dans une classe allemande en cours du soir et se met en quête d’un poste dans l’édition. Elle travaille aujourd’hui en tant qu’assistante éditoriale à mi-temps pour les éditions de l’École du Louvre. “Mon travail consiste essentiellement à lire et corriger des articles et ouvrages d’histoire de l’art. C’est passionnant, j’apprends et réfléchis au quotidien grâce à ces lectures. Il y a aussi la recherche iconographique et une partie plus administrative. Le Louvre est un cadre de travail absolument exceptionnel. » Elle poursuit en parallèle sa formation théâtrale. 

 « Je crois que dans une carrière artistique, il est tout aussi important de savoir s’affirmer que s’effacer, c’est-à-dire être un leader, une meneuse de projets, et aussi quelqu’un de généreux prêt à s’investir pour sublimer la création d’autrui en se réjouissant que l‘autre soit dans la lumière. C’est important que des personnes veuillent travailler avec nous et il faut savoir entraîner une équipe, diriger des projets -c’est pour cela que je suis plus attachée à l’expression de ‘film director’ que ‘réalisateur’ – mais aussi avoir l’ambition de se mettre au service d’autres créateurs, de les aider, de collaborer avec eux Il ne faut pas dépendre du désir des autres, mais il faut savoir se rendre disponible à celui-ci. C’est ce que m’apprennent, entre autres, l’édition et le théâtre.  » 

L’écriture est pour Lauren l’activité qui lie ces diverses activités et aspirations artistiques: « Mon but à terme est de naviguer de manière autonome entre l’édition (en auto-entrepreneuse), l’écriture, la mise en scène, le jeu, la réalisation… Je pense qu’un parcours artistique peut se construire entre différentes pratiques. L’écriture a toujours été mon fil conducteur, et travailler dans une maison d’édition m’a permis de désacraliser la publication ; le cinéma et le théâtre m’ont fait comprendre que ce qui me correspondait le mieux était peut-être une écriture ayant vocation à être dite et partagée plus directement d’humain à humain, à être quelque fois traduite en images, cherchée en gestes. L’objet livre a un peu perdu de son caractère sacré au profit de la partition et de l’archive, mais il reste là. Le texte fait le lien entre théâtre, cinéma, et édition. » 

Elle garde un souvenir bouleversant de ses stages dans l’édition « Le monde de l’édition est extrêmement divers. Lors de mon premier stage j’étais en charge du services des manuscrits : c’était une expérience incroyable et vertigineuse. On lit des choses qui, officiellement, ne correspondent pas à la ligne éditoriale de la maison ; parfois c’est vraiment pas mal, mais souvent on est face à de l’art-thérapie, voir à quelque chose qui ressemble à une espèce d’art brut, des choses semblables à des journaux intimes de personnes qui vont mal et qui ont pris la plume pour exorciser leurs peines et leurs traumatismes. C’est très personnel, très intime, et pourtant on ne rencontre jamais ces personnes, on est seule au milieu des piles immenses de manuscrits. » L’édition conforte également sa vision de l’artiste comme élément d’un processus plus vaste: « Dans l’édition, on voit tout le processus de création littéraire (les retouches, les évolution, les parcours parallèles ou préalables des écrivaines…) mais aussi sur celui de reconnaissance et de consécration littéraire. J’ai réalisé que les artistes ne travaillent jamais seuls, même l’écrivaine, figure qui paraît très solitaire, est soutenue par ses éditeurs et éditrices, sortes d’agents à la 10 % (série), de producteurs voir de co-créateurs… Mais tout cela varie en fonction des maisons d’édition. Certaines sont de vraies familles, de vraies nébuleuses amicales. » 

Pour Lauren, arborer tous les visages du processus de création est essentiel dans sa vie d’artiste : « Je crois que dans une carrière artistique, il est tout aussi important de savoir s’affirmer que s’effacer, c’est-à-dire être un leader, une meneuse de projets, et aussi quelqu’un de généreux prêt à s’investir pour sublimer la création d’autrui en se réjouissant que l‘autre soit dans la lumière. C’est important que des personnes veuillent travailler avec nous et il faut savoir entraîner une équipe, diriger des projets -c’est pour cela que je suis plus attachée à l’expression de ‘film director’ que ‘réalisateur’ – mais aussi avoir l’ambition de se mettre au service d’autres créateurs, de les aider, de collaborer avec eux Il ne faut pas dépendre du désir des autres, mais il faut savoir se rendre disponible à celui-ci. C’est ce que m’apprennent, entre autres, l’édition et le théâtre. » 

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