Le langage FALC

Le langage FLAC

Il est probable que vous n’ayez jamais entendu parler du langage FALC, alors même que vous l’avez peut-être croisé à plusieurs reprises, notamment dans une mairie ou dans les couloirs des hôpitaux. Sur le site du Ministère de la Culture, vous en trouverez la définition suivante : 

« Le facile à lire et à comprendre (FALC) est une méthode qui a pour but de traduire un langage classique en un langage simplifié. Le FALC permet de rendre l’information plus simple et plus claire et est ainsi utile à tout le monde, notamment aux personnes en situation de handicap, dyslexiques, âgées ou encore maîtrisant mal la langue française. »

Le FALC présente l’intérêt majeur de simplifier la lecture et la compréhension d’un texte, facilitant le quotidien des personnes mentionnées plus haut. Il tente de mettre fin au DALC, « le difficile à lire et à comprendre », un obstacle quotidien que peut représenter pour certains la lecture des textes de lois, des contrats d’assurance ou des articles de presse. Pour y remédier, les traducteurs veillent à respecter 5 consignes principales : l’utilisation des mots d’usage courant, l’emploi de phrases courtes, le respect d’une mise en page simple, l’ajout d’un pictogramme au texte pour illustrer l’idée et enfin, aller à l’essentiel du message. Plutôt que d’utiliser des synonymes (comme c’est justement le cas dans ma phrase précédente avec « utilisation »), on préférera l’emploi du même mot, privilégiant toujours la clarté apportée par la répétition. Un texte FALC s’accompagne d’un logo et nécessite avant tout d’être transcrit et testé par le public concerné.

Logo "facile à lire et à comprendre"

Afin de se renseigner sur la démarche et le processus de transcription en FALC, CPEculationS a posé quelques questions à Alexandre Camus et à Clotaire Vander-Jeugt, qui travaillent tous deux à l’APEI de Soissons (Aisne) : 

Comment s’organisent les séances de transcription en FALC ? 

Clotaire Vander-Jeugt, parent et administrateur à l’APEI, référent FALC, explique que les séances s’organisent en trois temps : « une traduction avec une équipée composée de deux personnes formées au FALC et une personne handicapée ; une relecture par une deuxième composée comme la première ; une correction et une validation du texte ». Alexandre Camus, en charge de la communication et de l’accessibilité au sein de l’APEI, précise : « L’idée du FALC n’est pas une transcription au mot à mot mais plus une transcription de l’idée générale du texte. Nous commençons par lire une ou deux phrases puis nous demandons à la personne d’expliquer avec ses mots ce qu’elle a compris et au contraire les mots qu’elle ne comprend pas. Ensuite nous adaptons selon les règles du FALC : une phrase trop longue est par exemple coupée en deux phrases, les notions complexes sont expliquées. Vient ensuite le choix des pictogrammes ou des illustrations. Par exemple, comment représenter une gare ? L’idée qui vient en premier serait de mettre des trains ou des rails. Un de nos usagers a eu une tout autre réponse : mettre le logo de la SNCF ! C’est en ça que leur participation est indispensable. »

J’ai appris que aviez déjà traduit la charte du patient de l’hôpital de Soissons. Dans ce genre de cas, est-ce vous qui êtes sollicités par les établissements ou est-ce l’inverse ? Quelles ont été vos autres réalisations ?

Alexandre Camus nous résume la démarche : « Nous avons pu présenter le FALC lors d’une réunion de la Commission Handicap et l’hôpital s’est montré très intéressé pour transcrire plusieurs documents, dont la Charte du Patient hospitalisé. Nous travaillons aussi sur la transcription de leur livret d’accueil. La démarche est la même avec la Mairie de Soissons. Lors d’une rencontre, nous leur avons présenté le FALC et début 2022 nous avons signé une Convention pour la traduction de documents en FALC comme des articles du journal municipal. En parallèle nous avons aussi formé du personnel de l’hôpital à l’accueil des personnes en situation de handicap mental. Cela s’appelle la démarche 3A (accueil, accompagnement, accessibilité). »

Quels sont vos prochains projets ?

« Nos prochaines actions seront de sensibiliser le maximum de collectivités, la presse écrite et de traduire de plus en plus de textes », répond Clotaire Vander-Jeugt. Pour précision, l’APEI de Soissons à choisi de ne pas facturer ses prestations afin de d’abord généraliser l’utilisation du FALC. D’autres ESAT (établissements ou services d’air par le travail accueillant des personnes handicapées) rendent payantes leur travail. L’APEI ne dispose pas, pour l’instant, d’un atelier fixe qui lui permettrait de prendre plus de commandes, mais espère pouvoir en ouvrir un à moyen terme. 

Le média Handicap.fr, de même que nos deux interviewés, regrettent néanmoins le caractère encore trop confidentiel du dispositif FALC. Clotaire Vander-Jeugt souhaite que les politiciens traduisent leurs programmes électoraux en FALC par souci d’équité, et que la ministre en charge du handicap, Sophie Cluzel, fasse connaître le dispositif. Alexandre Camus souligne qu’encore très peu d’associations sont formées et disposent d’ateliers de transcription. Néanmoins, il semble que la demande soit réelle et grandissante puisque « les collectivités sont en général très intéressées ».

Prendre connaissance du langage FALC permet de poser la question de l’accessibilité pour tous, mais sous un angle auquel nous sommes peu habitués. Quand nous parlons « d’accessibilité », nous pensons plutôt spontanément à l’accessibilité spatiale – et surtout à son manque et ses difficultés – des personnes en situation de handicap physique. Or, il existe d’autres formes inaccessibilités, peut-être encore plus invisibles car non-physiques, ce qui redouble (mais n’excuse pas) notre ignorance sur le sujet. Comme nous l’oublions parfois en ce qui concerne le handicap, l’accessibilité n’est pas qu’un problème physique d’accès aux lieux mais aussi un problème d’accès à la connaissance et à l’information. « Rendre l’information accessible, c’est permettre aux personnes d’être plus autonomes au quotidien et cela favorise leur inclusion et leur participation à la société », remarque Alexandre Camus, ce qu’on ne peut que reconnaître et encourager.  

Si cet article n’est pas écrit en FALC (et ne peut l’être, car cela nécessiterait la vérification d’une équipe spécifique), il est néanmoins possible d’envisager qu’à long terme, tous les articles puissent s’accompagner d’une version traduite en FALC. Le dispositif bénéficie à beaucoup de personnes (étrangères, handicapées, âgées, etc.) et mérite qu’on s’y intéresse et qu’on le popularise, car il est un des moyens par lesquels nous pouvons espérer rendre la société plus solidaire et plus inclusive ; le genre de société où la citoyenneté est accessible à tous. 

Claire Jeandidier.

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