#Jour 22 : Peut-on aimer les comédies romantiques de Noël sans bafouer son féminisme ?

« Hihi c’est trop fun d’être à moitié à poil sous la neige »

Noël, le moment de la joie, de la bonne bouffe, des cadeaux, mais surtout de… l’amour.

Quoi de mieux pour se mettre dans l’ambiance, dès le 1er décembre, que de bonnes comédies romantiques de Noël, qui réchauffent le cœur face à la grisaille, et nous font oublier que la plus grande relation qu’on vit, c’est avec nos fiches de révision ?

Les classiques Love actually, The Holiday, Le journal de Bridget Jones, mais aussi les sorties de Netflix chaque année comme A christmas prince, La princesse de Chicago… elles sont partout. Pourquoi préciser les comédies romantiques de Noël ? D’une part parce que c’est l’époque et le thème, mais aussi parce qu’elles sont encore plus stéréotypées que les comédies romantiques lambdas.

Le scénario ? Une new-yorkaise carriériste rencontre par hasard le prince d’un petit pays inconnu (mais quand même, c’est un prince quoi), ils s’embrassent sous la neige, et se fiancent enfin le 24 décembre sous le sapin immense et illuminé (alors qu’ils se connaissent depuis deux semaines), tout le monde applaudit, FIN. Le tout entrecoupé de problèmes risibles (parce qu’il faut bien faire durer un peu) et d’une scène de bal où la fille descend les escaliers avec une belle robe devant une foule émerveillée (il faut bien ça pour être intéressante).

« Heureusement qu’il m’a pas vue en pilou-pilou et sans maquillage »

Ou autre alternative : Une femme malchanceuse en amour rencontre un coureur de jupons : soit ils se détestent, soit ils refusent de s’engager, jusqu’à ce que, le 24 décembre (encore, à croire que c’est magique), ils se rendent compte qu’ils sont faits l’un pour l’autre, et contemplent main dans la main les enfants qui jouent dehors dans la neige.  

Il y a plusieurs variantes, mais finalement, c’est un peu toujours la même structure et les mêmes clichés.

On peut se poser plusieurs questions devant ce genre de film : Pourquoi, chez eux, il y a toujours de la neige ? Qu’en est-il des repas interminables avec Tonton Hubert et ses blagues beaufs ? De la Fnac bondée le 24 parce qu’on ne sait pas s’y prendre à l’avance pour les cadeaux ? Mais surtout, pourquoi faut-il obligatoirement être amoureux à Noël ?

On ne peut nier que ces histoires, qui se placent souvent du point de vue  féminin, entretiennent le mythe qu’une femme dévouée à sa carrière sera toujours rattrapée par un prince charmant qui lui fera tout abandonner par amour. Car finalement, l’objectif premier d’une femme est de se marier et de faire des gosses, c’est bien connu. Et qu’avec ces belles robes de bal (et les acteur.rices à physique de mannequin) on met l’apparence au centre de la question amoureuse. Qu’être célibataire est un échec. Ces films sont l’équivalent du « Alors, les amours ? Pourtant tu es belle comme un cœur. Oui c’est très bien de travailler, de voyager, de sortir avec ses amis, mais tu sais, ensuite ce sera trop tard » de Mamie Josette entre le saumon fumé et la dinde aux marrons.

Mon esprit fleur bleue me pousse à regarder ces films tout en sachant que je vais y retrouver les mêmes problèmes. Et je pense ne pas être seule là-dedans : si Love Actually rencontre un énorme succès commercial en restant dix-huit semaines au box-office, et que Netflix en produit des tas chaque année, c’est bien que les histoires d’amour niaises ont leur public.

En fait, il n’y a aucun mal, dans une société individualiste et hypersexualisée, à croire à la romance. Même si les scénarios sont plats, même si les acteurs jouent parfois mal, on s’en accommode parce que l’amour fait rêver. Et je pense qu’on a tous besoin d’amour dans notre vie (mais cet amour peut aussi bien être celui de sa famille, de ses amis, ou de ses animaux de compagnie). Quand la vie nous met des claques, ça fait du bien de se réfugier sous un plaid avec un chocolat chaud et de penser qu’il reste un peu d’humanité dans ce bas monde.

Mais si on pouvait avoir des comédies romantiques un peu plus diversifiées, un peu moins hétéros, et un peu plus féministes, ce serait sympa aussi ! 

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