LUNDI ALUMNI #48: Julien Nguyen Dang

Cette semaine, Lundi Alumni vous raconte les pérégrinations de Julien, CPESien issu de la promo 2016. Après beaucoup d’hésitations entre la recherche en histoire et le journalisme, Julien s’est finalement lancé dans un parcours de journalisme avant travailler pour l’Agence France Presse (AFP).

« Le catalyseur, ça a vraiment été mes professeurs à Janson de Sailly, c’est eux qui m’ont aiguillé vers le CPES ».

Initialement, le CPES n’était pas le premier choix de Julien. Son refus catégorique de s’autocensurer l’avait plutôt conduit à postuler à des classes préparatoires parisiennes en B/L. En 2012, il intègre donc le lycée Janson de Sailly en prépa B/L. « Ce qui m’a poussé vers le CPES, le catalyseur, ça a vraiment été mes professeurs à Janson de Sailly. Ils avaient été contactés par les professeurs du lycée Henri IV pour faire la promotion du CPES auprès de leurs élèves ». La formation est pluridisciplinaire avec des airs de prépa B/L sans le rythme effréné des concours. « J’ai volontairement décidé d’intégrer en CPES2 pour repousser le choix de mon orientation ». Julien est particulièrement attiré par les majeurs histoire et sociologie, deux disciplines qu’il appréciait déjà en classe prépa. « J’arrivais à la fin de la prépa, j’étais exténué et je n’avais pas envie de refaire une année comme ça. Je me disais qu’intégrer en deuxième année serait forcément plus respirable et que je profiterai mieux de la formation. »

« Quand je suis rentré au CPES, j’ai vraiment eu l’impression de respirer physiquement et socialement »

La transition de la prépa vers le CPES se déroule sans accroc : cette nouvelle formation est même rafraîchissante. « Quand je suis rentré au CPES, j’ai vraiment eu l’impression de respirer physiquement et socialement ». Julien le reconnait, arriver de prépa l’a beaucoup aidé pendant sa deuxième année. « Je me rappelle avoir beaucoup travailler quand même mais les méthodes de travail que j’avais acquises en prépa faisaient la différence. En fait, j’ai toujours été très fort pour sauter la haie d’un coup, réviser la veille au soir et performer le jour J, et beaucoup moins finalement pour faire un an de révision. » Pendant sa scolarité au CPES, Julien a également une place à la cité universitaire internationale, une expérience qui participe à sa respiration. « Mes potes de la cité u, les souvenirs que je me suis fait, je vais les garder toute ma vie ».

« Le CMJ, ça a vraiment été super. Bon, je ne vais pas dire que les cours d’histoire ou d’économie des médias m’ont transcendé mais c’était la première fois que j’écrivais depuis longtemps »

La fin de la deuxième année se clôture par le stage d’écriture journalistique à l’IPJ. Julien écrit sur KEO, une initiative de capsule temporelle qui n’a jamais vraiment vu le jour mais il apprécie l’exercice d’écriture. « C’est un peu un des premiers petits fils qui ont été déroulés pour m’amener jusqu’au journalisme ». L’été suivant, il postule pour participer au Certificat Média et Journalisme en parallèle de sa troisième année d’histoire. « Le CMJ, ça a vraiment été super. Bon, je ne vais pas dire que les cours d’histoire ou d’économie des médias m’ont transcendé mais c’était la première fois que j’écrivais depuis longtemps ». Julien s’entend tout de suite très bien avec Maya Blanc, responsable du CMJ, qui le prend un peu sous son aile. « J’ai vraiment profité de ce moment pour essayer d’écrire même si mes études d’histoire étaient le cœur de ce que je faisais. ». Même si le CMJ occupe une place importante parmi ses intérêts académiques, Julien ne considère pas du tout le journalisme comme un débouché qui lui conviendrait. « Le journalisme était une potentialité qui me semblait extrêmement précaire. J’avais en tête surtout les difficultés. Je pense aussi qu’on nous avait pas vraiment fait de bonne pub au journalisme et je me réconfortais par l’histoire. Je pensais que je correspondais plutôt au profil de l’historien ».

« Je crois que c’était un peu une errance, je suis parti à Paris 7 de manière naïve et je n’ai pas retrouvé la stimulation intellectuelle que je ressentais au CPES »

Toutes ces considérations enfouies mais également son mémoire de fin de L3 sur la déportation des homosexuels sous le nazisme dessinent une orientation post-CPES tournée vers l’histoire. Julien met de côté le journalisme et ne passe aucun concours de journalisme à la fin de la troisième année. Il postule et est admis au tout nouveau master d’histoire transnationale de l’ENS Ulm. « Dans un élan que je ne m’explique même plus, je décide d’aller faire un master d’histoire à Paris 7. » Julien veut faire l’histoire du coming-out en France et il veut l’écrire avec une professeure en particulier qui se trouve à Paris 7. « Je crois que c’était un peu une errance, je suis parti à Paris 7 de manière naïve et je n’ai pas retrouvé la stimulation intellectuelle que je ressentais au CPES ». En digne CPESien, Julien est intéressé par beaucoup de disciplines et surtout par l’apprentissage de beaucoup de langues. C’est une année compliquée, il se heurte à des rigueurs administratives, un niveau qu’il ne juge pas suffisant. « J’ai aussi trouvé que la recherche était une voix très solitaire, j’avais besoin de retrouver une stimulation, j’avais l’impression d’être sous-stimulé ».

« Juste avant de postuler à Sciences Po, je me suis dit « Fais un tableur excel avec des listes de master, essaye de planifier sur le long terme. »

De nouveau, Julien se pose beaucoup de questions sur son avenir. « Le déclic, ça a aussi été une discussion avec une amie qui devant mon état de déprime m’a dit « Je t’interdis de rester une année de plus là-bas ». De but en blanc et surtout à cinq jours de la date limite de candidature, Julien candidate au master d’histoire de l’école doctorale de Sciences Po. La possibilité de se lancer dans le journalisme le traverse tout de même : master d’histoire ou de journalisme à sciences po ? « Juste avant de postuler à Sciences Po, je me suis dit « Fais un tableur excel avec des listes de master, essaye de planifier sur le long terme. J’ai presque fait un plan quinquennal par scénario. Le scénario numéro 7, c’est celui que j’ai fini par réaliser ».

« Je renais à Sciences Po, je prends des cours de russe, des cours d’allemand, je m’engage dans l’association LBGT… Je profite vraiment de l’aspect école et j’ai vraiment l’impression d’être utile ».

Après un été passé à étudier l’histoire et le journalisme au sein de NYU grâce à une bourse d’étude qu’il a obtenu, Julien intègre Sciences Po en septembre 2017… en master d’histoire. « Je renais à Sciences Po, je prends des cours de russe, des cours d’allemand, je m’engage dans l’association LBGT… Je profite vraiment de l’aspect école et j’ai vraiment l’impression d’être utile ». Il apprécie les cours d’histoire qui sont de très bonne qualité mais la solitude qu’il ressent en faisant de la recherche instille le doute, qui persiste. Entre son M1 et son M2, Julien réalise un stage de recherche au sein de l’université de Luxembourg. « J’ai beaucoup aimé l’expérience mais ça m’a surtout convaincu que le temps long de la recherche n’était pas vraiment pour moi ». Son M2 d’histoire engagé, il travaille son mémoire. Mais, plus s’approche le rendu final de son mémoire sur l’exploration spatiale française et ses échos dans la société, plus Julien commence à douter. Une question raisonne en fond sonore : que faire l’année suivante ?

« À l’oral [pour le master de] journalisme, je me suis énormément démené face aux examinateurs. De manière logique, je m’attendais à ce qu’on me questionne sur mes revirements de parcours et il y en avait beaucoup. »

Julien se rend au centre d’orientation de Sciences Po et réalise plusieurs tests. « Je me rends compte que j’ai besoin de trouver un sens à ce que je fais et surtout j’ai besoin de retrouver un contact humain ». Les entretiens sociologiques qu’il a réalisés pour son mémoire lui rappelle les petits exercices du CMJ : et s’il postulait au master de journalisme de Sciences Po ? « À l’oral [pour le master de] journalisme, je me suis énormément démené face aux examinateurs. De manière logique, je m’attendais à ce qu’on me questionne sur mes revirements de parcours et il y en avait beaucoup. » Julien est accepté à la condition implicite qu’il passe le permis B l’été qui suit. « J’étais habitué à être le plus jeune dans toutes mes classes et là, j’étais le plus vieux. Mais je n’ai pas du tout regretté ce choix, c’était très intense mais pour la première fois depuis longtemps j’avais l’impression de faire un truc utile de mes mains ». Julien apprécie beaucoup la temporalité du journalisme. Le fait de brosser plusieurs sujets le galvanise, oser interviewer des personnes dans la rue, le rend plus confiant. « Comme j’étais boursier, j’ai eu le droit de postuler à une bourse pour faire un apprentissage à France TV. Mon profil a plu à franceinfo.fr et j’étais pris au sein du service de fact-checking ». Julien réalise donc son master en apprentissage.

« À l’AFP, l’important c’est de transmettre l’info et de traiter des sujets rapidement »

Pour la deuxième année de son deuxième master, il se spécialise et choisit le parcours data et écriture. Son objectif ? l’Agence France Presse. « Je voulais travailler pour des boites qui avaient l’éthique que je recherchais. À l’AFP, l’important c’est notamment de transmettre l’info et de traiter des sujets rapidement. Tu signes avec tes initiales, on s’en fiche de qui tu es ». Julien intègre l’AFP grâce à une bourse de sélection qui lui permet d’obtenir un CDD de trois mois. « Je suis rentré à l’AFP en sortant du master et pendant les trois premiers mois, je suis passé par plusieurs services, info générales, économie, infographie et fact-checking ». Après un CDD de six mois dans ce dernier service, il se dirige dès juillet prochain vers le bureau de Hong Kong de l’AFP en tant qu’éditeur francophone.

On se retrouve dans deux semaines pour le prochain portrait !

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