Bullets Over Broadway, par le Do’s Musical !

Ces quelques lignes écrites à la hâte pour complimenter une comédie musicale dont j’ai été le spectateur mardi 29 mars au soir, au théâtre de l’Atelier.

Cette comédie musicale, c’est Bullets over Broadway. Elle était interprétée par le Do’s Musical, la troupe de comédie musicale de l’université Paris Dauphine-PSL. 

Ce spectacle est basé sur le scénario du film éponyme de Woody Allen et Douglas McGrath. C’est l’histoire d’un jeune dramaturge du nom de David Shayne, qui cherche le succès alors même que ses écrits sont peu reconnus et les financements, manquants. Son producteur Julian Marx parvient finalement à dégoter ces derniers, mais petit problème : ils viennent d’un gangster redouté, Nick Valenti. Et celui-ci a posé une condition : sa petite amie Olive Neal doit avoir le rôle principal, alors même qu’elle n’a aucun talent. Elle comprend la moitié des répliques et ses intonations sont désastreuses. Au-delà de ces rôles principaux, c’est une multitude de personnages hauts en couleur qui entrent en jeu. La femme de David, des acteurs renommés de Broadway comme Helen Sinclair ou Warner Purcell, le garde du corps d’Olive, les gangsters du clan de Nick Valenti ou encore les Atta Girls, tous ont des personnalités différentes qui apportent profondeur, humour décalé, retournements de situations ou encore tragique à la pièce. Car oui, avec un titre aussi transparent, trigger warning : pendant le spectacle, les balles fusent de toutes parts et, il y en a beaucoup !

Ce résumé succinct vous donne une idée du synopsis. Il n’explique cependant pas le pourquoi de cet article : cette comédie musicale était juste excellentissime.

Musiciens, comédiens, danseurs, chanteurs, tous sont extrêmement talentueux. J’étais happé, pris par le spectacle, dès les premières mesures (et oui, c’est une comédie musicale). Les acteurs sont tellement dans leur rôle qu’on jurerait assister à un spectacle professionnel. Ou bien à une véritable scène de la réalité. C’est à en oublier qu’il s’agit d’étudiant.e.s ! Claquettes, chorégraphies, montées dans les aigus et descentes dans les graves, accompagnement en direct par un orchestre (présent sur scène), tous sont dignes de grands noms. 

Dès que les lustres du théâtre se sont éteints, un son harmonieux s’est élevé. Mais, s’il y a des grosses enceintes de part et d’autre de la scène, ne vous y trompez pas. Il y a un orchestre. Avec une cheffe d’orchestre. Et des musiciens, avec des instruments luisants sortant des sons brillants. Je ne les ai pas comptés, mais trompettes, trombones, saxophones, hautbois, flûte, violon, basse, batterie, piano, guitare, clarinette, tous sont là et jouent en harmonie parfaite pour accompagner la pièce. Ils la rythment et la font avancer.

Ils donnent le tempo et permettent aux acteurs de caler leur pas de danse ou leurs répliques. Des acteurs tous très talentueux, même si certains sont plus ou moins mis en avant du fait de leur rôle. Très talentueux de par leur jeu déjà : le caractère théâtral mais surtout impérieux d’Helen Sinclair, le jeu plus que mauvais d’Olive Neal, la personnalité débordante de joie d’Eden, le sérieux du producteur et les mille et une facettes des autres personnages sont tous interprétés à la perfection. Aucune faille (ou presque) dans ce jeu. Mais s’il y a le jeu, il y a aussi une chorégraphie plus que captivante. On en soupçonne vite la présence d’une chorégraphe dans la troupe ! Et on apprendra par la suite que certain.e.s étudiant.e.s de la troupe ont effectivement une formation de chorégraphe. Le numéro de claquettes des Gangsters m’a littéralement abasourdi. Comment est-ce possible, pour des étudiant.e.s, de faire des claquettes à un niveau si proche des pros ? Non mais vraiment, comment peut-on être le matin sur les bancs et le soir sur les planches d’un amphi-théâtre ? Et surtout, à taper du pied en synchronie ? Et le solo de danse, lui, était ma-gique. Je dirais qu’il a transporté la salle pendant plusieurs mesures. Enfin, last but far from least, le chant. Ces acteurs, en plus de savoir jouer et danser, savent aussi chanter ! Et même si je ne m’y connais pas en chant, là, ça ne sonne vraiment pas comme des étudiant.e.s amateur.rice.s mais bien plus comme des professionnel.le.s. Les gradations ascendantes et descendantes, les vocalises, les changements de rythmes… Je ne serais pas surpris d’apprendre que leur cordes vocales attendent avec impatience un repos bien mérité. Car pour sortir des sons aussi mélodieux, qui plus sont en accord avec l’orchestre, ces chanteur.se.s ont incontestablement entraîné leur voix. Et pas qu’un peu. 

Je ne pourrai enfin clôturer cette appréciation sans mentionner les décors et les costumes. Ce ne sont peut-être pas ceux sur lesquels l’œil du spectateur s’attarde, mais sans eux, le théâtre de l’Atelier ne se serait pas transformé en Broadway, au plein cœur du New York de la fin des années 20. Sans eux, les gangsters n’auraient pas été aussi imposants, les Atta Girls pas aussi scintillantes, la troupe de David Shayne quant à elle, pas aussi radieuse. 

Vous l’aurez compris, ces quelques lignes pour vous inviter à… foncer ! Vous ne le regretterez pas, mais vraiment pas. Vous passerez une soirée de folie, même si vous avez partiel le lendemain. Par contre, même si l’on est poussé à l’oublier, cette troupe reste une troupe étudiante. Et ils ne font donc “que” trois représentations. Ils jouent encore vendredi 1er avril au soir, mais c’est la dernière alors, n’attendez pas ! Et si jamais c’est trop tard, vous pourrez toujours les rejoindre l’année prochaine, derrière les coulisses ou dans le public. Ils recrutent en septembre et jouent au printemps.

Un peu de contexte: Sachez que la subjectivité flagrante de cette appréciation est pleinement assumée par le spectateur que j’ai été. Étant moi-même comédien amateur, je me suis permis de mobiliser mes faibles connaissances des coulisses d’un spectacle pour rédiger une appréciation personnelle de cette comédie musicale. Et ce car je ne m’attendais pas à un tel génie, un tel niveau (digne de professionnalisme), de la part d’une troupe étudiante. Je souhaite simplement souligner le prodige qu’une association étudiante visiblement très organisée est capable de produire. Cette appréciation est proposée de ma propre initiative et n’a en aucun cas été demandée par l’association du Do’s Musical, qui découvrira ces lignes en même temps que les autres lecteurs et lectrices de ce journal. 

Mathis SIREYJOL

3 commentaires sur “Bullets Over Broadway, par le Do’s Musical !”

  1. Quelles belles éloges ! Incroyablement bien rédigé, merci d’avoir pris le temps d’écrire ces lignes ! Ça nous touche beaucoup.

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