Alors que la fin du premier semestre a vu, cette année, une migration (une fuite ?) conséquente des membres de la filière Maths et Société chez les Économie et Société, en quête d’un cours de maths plus abordable (ou de la moyenne, c’est au choix), découvrez le portrait de Kenza, qui y a survécu et en a même fait son métier : elle est aujourd’hui data scientist chez Engie !
Kenza effectue ses études dans un lycée français au Maroc, et découvre le CPES grâce à ses professeurs qui lui décrivent une « formation d’excellence ». Hésitant entre le CPES, la prépa, Paris Dauphine, et ne sachant pas réellement ce qu’elle veut faire, elle se laisse convaincre, comme beaucoup d’entre nous, par la pluridisciplinarité du CPES. Elle intègre ainsi en 2016 la filière Maths et So, en Sciences (aujourd’hui en ESD), qui lui permet de combiner à la fois un cursus scientifique et la découverte d’autres matières comme l’économie et la sociologie. « Tous ces enseignements forgent une certaine vision du monde, les sciences sociales m’ont permis de développer des qualités humaines, de l’empathie et de la curiosité par exemple. J’ai adoré être sur le campus du 5ème, découvrir le quartier et d’étudier dans différents établissements ».
« J’étais avec une docteure en mathématiques appliquées, ça a été ma première initiation à la modélisation mathématique et, concrètement, au monde de la recherche. Ça a été formateur : résoudre un problème de la vie réelle, ce n’est pas la même chose que sur un cahier d’exercices ! »
Sa deuxième année, en filière Maths Éco, confirme son intérêt pour ces matières. « C’est une année certes hyper intense mais pour moi ça s’est bien passé, j’ai eu la chance de faire de belles rencontres. Tout au long du second semestre, on doit préparer une soutenance, soutenir un « mini mémoire », c’était impressionnant ». Elle fait alors un stage à temps partiel, entre les maths et l’économie, dans un laboratoire de maths appliquées à la Sorbonne, « j’étais avec une docteure en mathématiques appliquées, ça a été ma première initiation à la modélisation mathématique et, concrètement, au monde de la recherche. Ça a été formateur : résoudre un problème de la vie réelle, ce n’est pas la même chose que sur un cahier d’exercices ! ». Kenza apprécie la diversité qu’elle retrouve au CPES entre filières, en particulier en 1èreet 2èmeannée. « On pouvait avoir des discussions de philo le midi, les gens étaient passionnés et c’était passionnant ! ». Si beaucoup d’étudiants gardent un souvenir particulièrement intense de la deuxième année au niveau du travail, c’est la 3èmeannée qui marquera le plus Kenza. « On est arrivés à Dauphine, c’était moins convivial : on a perdu le côté encadré du CPES, avec un suivi des profs et une ambiance presque de prépa. On avait beaucoup de cours, l’année était vraiment rythmée par les partiels et les examens. On avait perdu le côté pluridisciplinaire, alors que les autres matières étaient une bouffé d’air frais pour moi ! Ma vie tournait uniquement autour des maths ».
Durant sa troisième année, elle effectue en cours d’année un stage au laboratoire de Mathématiques appliquées de Dauphine, et un autre durant l’été, en tant que chargée d’assistance chez Allianz. « Je coordonnais les prestations de services dans le monde, avec différentes filiales à l’étranger, dans le pôle automobile. Ça m’a permis de découvrir le monde du travail, qu’on n’a pas forcément l’occasion de côtoyer pendant le CPES, et de savoir comment m’organiser et gérer mes différentes tâches ».
« Je pouvais mettre en application ce que j’avais appris, le système américain est beaucoup plus tourné vers l’industrie, avec des cas d’études. L’expérience sur le campus est formidable. »
Restant au sein de PSL, elle rentre par la suite dans le master Mathématiques et applications de l’université Paris Dauphine. Son premier semestre se fait dans la continuité de sa troisième année, mais cette continuité justement, très théorique, lui fait ressentir son besoin de toucher à plus concret. « J’avais besoin de savoir comment ça se passe, comment mettre en application ce que j’avais appris jusque-là ».
Son échange aux Etats-Unis durant son deuxième semestre, qu’elle préparait depuis sa dernière année du CPES, tombe alors à pic. « C’était une charge supplémentaire en troisième année, il fallait préparer le dossier, passer le TOEFL, et on avait les résultats de la mobilité en même temps que ceux du master ». Arrivée à l’Université du Massachussetts, ses cours sont beaucoup plus pratiques. « Je pouvais mettre en application ce que j’avais appris, le système américain est beaucoup plus tourné vers l’industrie, avec des cas d’études. L’expérience sur le campus est formidable. ». Ce changement d’environnement de travail ne lui est pas inconnu, et elle le vit bien. « Le CPES ça rend un peu passe-partout, tu es allé dans beaucoup d’écoles déjà, et j’ai l’impression qu’après tu sais te mouvoir dans des contextes différents ! ». Ayant découvert la science des données, les modèles et la résolution de problèmes, et l’application concrète de tous ces concepts grâce à son échange, Kenza décide d’effectuer son M2 en Ingénierie statistique et financière, avec le parcours Data Science. « J’ai fait un stage en tant que data scientist chez Sirdata à la fin de mon M1. C’était une expérience enrichissante qui m’a donné envie de continuer sur cette voie ».
« On sent qu’on apporte une valeur ajoutée, c’est la science, les maths qui sont mises au service des intérêts humains. On utilise ça pour améliorer le quotidien des gens, pour faciliter la prise de décisions ».
Elle effectue son stage de fin d’études chez Engie, qui constitue une véritable « révélation ». Elle commence donc sa vie active dans la continuité de son stage, en tant que Data Scientist chez Engie. « Ça me plaît beaucoup, c’est le métier que je voulais exercer. Data Scientist, c’est un métier qui a trois grands aspects : tout d’abord, il y a de l’analyse de la donnée, par rapport à un contexte, à une problématique précise. Ensuite, on cherche à modéliser la donnée, ça permet d’exprimer une certaine créativité, j’adore ça : on cherche un fil conducteur, comment mettre en place un algorithme pour répondre à ce problème. Enfin, on conçoit une solution à partir du modèle qu’on a obtenu : là aussi, il faut faire preuve de créativité, mais surtout de rigueur pour exploiter la donnée et l’interpréter correctement. ». C’est un métier dans lequel elle trouve du sens : « on sent qu’on apporte une valeur ajoutée, c’est la science, les maths qui sont mises au service des intérêts humains. On utilise ça pour améliorer le quotidien des gens, pour faciliter la prise de décisions ».
Kenza apprécie les outils qui lui a donné le CPES, et qui lui ont été utiles pendant tout son cursus par la suite.« J’ai développé des atouts qui m’ont été utiles pour la suite. On acquiert des capacités sans nous en rendre compte, on apprend à structurer notre réflexion, on apprend à être efficace, mais surtout on développe une réelle curiosité, qui nous accompagne dans toutes nos expériences. C’est très enrichissant. ».Elle reconnaît pour autant la pression mise par la formation, et encourage à profiter des opportunités proposées. « Au lycée, on a tous été habitués à avoir de bonnes notes, au CPES on est souvent challengés : on finit par être très exigeants envers nous-mêmes, parfois dépassés par les cours, les enjeux de la formation, nos examens. On peut facilement douter, on le fait tous, ma solution c’est de me concentrer sur ce qui me plaît sur l’instant. Il faut garder conscience qu’on fait au mieux, et que c’est le principal. Il faut savoir apprécier ses progrès, qui sont continus : mentalement, on évolue, et c’est important de croire en soi ».