Lundi Alumni time ! Ingénieure, physicienne, philosophe... Découvrez le portrait savant d’Amira Guediche, doctorante en physique au CEA !
Pour toute question, crise existentielle ou recherche d’âme sœur pour vous guider après le CPES, CPES-PSL Alumni est là pour vous aider !
« J’avais pris l’option de philosophie politique en L2 et de géopolitique en L3 : ce que j’aimais c’est que, comme c’était une matière de majeure d’une autre filière, ce n’étaient pas des cours réduits pour les élèves scientifiques où on ne faisait que survoler le sujet. Ça m’a manqué en école d’ingénieur où les options sont des résumés plutôt moyens.«
Originaire de Paris, Amira intègre le CPES après une année de prépa PCSI à Janson de Sailly : « Comme le CPES était une nouvelle formation, j’ai attendu un an avant de postuler. A la fin de ma première année de prépa je suis entrée en deuxième année en Sciences expérimentales ». Elle poursuit sa L3 en physique, en regrettant de ne pas pouvoir suivre la mineure Chimie. Ce qui lui plaît au CPES c’est la pluridisciplinarité : « C’était moins intense que la prépa, on avait de super professeurs et une toute petite promotion. J’avais pris l’option de philosophie politique en L2 et de géopolitique en L3 : ce que j’aimais c’est que, comme c’était une matière de majeure d’une autre filière, ce n’étaient pas des cours réduits pour les élèves scientifiques où on ne faisait que survoler le sujet. Ça m’a manqué en école d’ingénieur où les options sont des résumés plutôt moyens. Le CPES c’était aussi l’accès privilégié au matériel de TP de l’observatoire de Paris sur le site de Meudon, ou au laboratoire de l’ESPCI ». Le seul point négatif c’est l’orientation, la bête noire du CPES : « On ne savait ni comment ni où candidater, et les réponses à nos questions à l’administration ne venaient jamais ou très tard ».
« J’ai toujours voulu faire de la recherche, mais c’est dangereux d’avancer uniquement avec un parcours académique«
En sortant du CPES, Amira sait qu’elle veut faire de la recherche. Mais elle sait aussi l’incertitude qui existe autour de ce métier. « J’ai toujours voulu faire de la recherche, mais c’est dangereux d’avancer uniquement avec un parcours académique. J’ai donc intégré l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers ». Cette formation en trois ans n’est pas vraiment dans la continuité du CPES : les Arts sont orientés vers la mécanique et la plupart des élèves viennent de prépa PT ou de filières techniques. Le tronc comporte de la mécanique, mais aussi – et cela fait partie de son histoire – des procédés de fabrication industriels comme la forge ou la fonderie. L’école des Arts et Métiers comporte des particularités du point de vue de la cohésion : « aux Arts, l’intégration dure trois mois. C’est une école héritière de traditions militaires qu’on nous transmet et elle a pour vocation d’inculquer des valeurs de fraternité, d’égalité et d’entre-aide. Et c’est vrai qu’il y a une grande solidarité entre les membres d’une promotion. Je ne connais personne qui regrette d’y être allé. » La société Alumni des ingénieurs des Arts et Métiers est l’association d’école d’ingénieurs qui regroupe le plus de membres en Europe. Conformément à sa vocation de chercheuse, elle se spécialise la dernière année en physique dans un double diplôme « science de la fusion et du plasma » avec l’université d’Aix-Marseille, pour pouvoir ensuite continuer en doctorat.
“L’université de Nanterre propose divers parcours à distance, c’est très pratique pour les gens qui font ça en parallèle de leurs études ou de leur travail car les cours sont dispensés sous forme de polycopiés ou de vidéos et seuls les examens sont à faire en présentiel.”
Durant le CPES, elle effectue deux stages, un de trois semaines qui a consisté en l’élaboration de couches de graphène, et un autre qui a duré tout le long de la L3 et qui a consisté en l’étude expérimentale du problème des gouttes soufflées en déterminant leur viscosité selon le fluide et la surface utilisée. En première année des Arts, elle réalise son stage ouvrier d’un mois dans le secteur de la rénovation du bâtiment. Elle effectue ensuite un stage de trois mois orienté vers la recherche appliquée dans l’entreprise Aptiv au sein de leur pôle R&D lors de sa deuxième année, où elle s’intéresse au vieillissement des polymères. Enfin, elle fait son stage de fin d’étude au laboratoire d’utilisation des lasers intense, à l’école Polytechnique.
En parallèle de son double master puis de sa première année de thèse, Amira s’inscrit en deuxième année de licence de philosophie à distance à l’université Paris Nanterre : “l’université de Nanterre propose divers parcours à distance, c’est très pratique pour les gens qui font ça en parallèle de leurs études ou de leur travail car les cours sont dispensés sous forme de polycopiés ou de vidéos et seuls les examens sont à faire en présentiel.”
“Le doctorat permet de continuer à être stimulé intellectuellement, par rapport au métier d’ingénieur qui peut proposer moins de challenge. Seulement, faire une thèse est un long chemin débouchant sur des postes précaires qui peuvent empêcher une certaine stabilité de vie, donc ce n’est pas évident à gérer«
Amira entreprend donc de faire un doctorat, rattaché à l’Université de Tours et au laboratoire du Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) sur l’élaboration et la caractérisation de matériaux pour diminuer la densité de dommages des composants optiques utilisés sur les grandes installations laser. Concrètement, elle développe des matériaux en couche mince à ajouter sur les composants optiques pour diminuer leur usure dûe aux rayons lasers. Elle mobilise ainsi tant la physique que la mécanique, l’optique et la chimie.
Si sa thèse permet d’assouvir sa curiosité intellectuelle, Amira a cependant conscience des enjeux et des désavantages du monde de la recherche : “Le doctorat permet de continuer à être stimulé intellectuellement, par rapport au métier d’ingénieur qui peut proposer moins de challenge. Seulement, faire une thèse est un long chemin débouchant sur des postes précaires qui peuvent empêcher une certaine stabilité de vie, donc ce n’est pas évident à gérer. C’est pourquoi à terme je ne m’orienterai pas vers la recherche : il y a trop d’embuches pour quelqu’un qui a fait plus de huit ans d’études. En effet, les chercheurs passent beaucoup de temps à chercher des financements et à enseigner plutôt qu’à se dédier à leurs recherches, je souhaiterais personnellement exercer un métier d’ingénieure Recherche et Développement à l’étranger au sein d’une entreprise.”
That’s all folks ! Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau portrait !