Après avoir manqué l’exposition « Christian Dior, couturier du rêve » en 2017 organisée par le musée d’Art décoratifs, je ne pouvais manquer l’exposition « Harper’s Bazaar – Premier magazine de mode ». Cette exposition retrace une histoire de la mode occidentalisée à travers un magazine de mode : le Harper’s Bazaar créé en 1867 par les frères Harper du groupe Harper & Brothers. La première rédactrice en chef est Mary Louise Booth, femme engagée, abolitionniste et progressiste. Les magazines que nous connaissons qui imposent aux femmes de faire des régimes, de toujours faire plus de sport ou de savoir comment plaire à son homme nous sont devenus insupportables. Ici, au contraire le Harper’s met la femme en avant et a non pour but de donner des conseils vides de sens mais de glorifier la femme. La visite se fait chronologiquement. Nous sommes invités à découvrir les premières couvertures du magazine et les premiers textes qui accompagnaient les photographies. Par exemple, Woolf, Sagan ou Colette y écrivaient des nouvelles chaque mois. J’ai eu l’impression de parcourir en une visite 150 ans de mode et de représentation de la mode.
Passionnée par la mode et par la finesse de la couture, je me suis extasiée tout au long de la visite. Les commissaires de l’exposition ont eu la volonté de choisir des robes de grands couturier, issues principalement des collections du musée et de présenter comment ces mêmes robes étaient photographiées et animées dans le magazine. Chaque robe est alors montrée avec sa parution dans le magazine. Les sources de cette exposition sont plurielles : croquis, photographies, films, illustrations… Par exemple, une même robe est présentée premièrement avec un croquis, puis le visiteur peut voir la pièce finie puis enfin voir sa représentation dans le magazine ou même encore voir la dans un film. Quelle ne fut pas ma joie de pouvoir admirer une pièce iconique: le tailleur Dior de 1950.
Ce magazine met en avant plusieurs formes d’art. Certains « grands » noms y ont participé comme Andy Warhol par exemple. Les couvertures du magazine sont la signature du Harper’s. On y retrouve les grandes stars ou mannequins comme Audrey Hepburn, Madonna mais aussi Kylie Jenner ou Claudia Schiffer. Elles reflètent la société à travers différentes époques. Ce sont de véritables œuvres d’art et on ressent le projet du photographe dans chacune d’elle sans oublier le tempérament (couleurs vives, fort design) et la ligne éditoriale des rédactrices en chef qui ont su garder l’héritage de la première version du magazine.
Cette exposition était pour moi réussie, belle et surtout intéressante. Nous passons du style victorien, à la mode du XXIème siècle avec Alexander McQueen tout en passant par Dior, Lanvin et Courrèges. L’esthétique est forte et élégante, l’ancrage dans l’évolution de la société est indéniable mais cela n’enlève pas pour autant au magazine une qualité, une ambition et une teneur littéraire qui en fait sa singularité.