parole

MauxMots170221

Les maux et les mots

Y a pas à dire, la détresse des pauvres est bien inconvenante. Il faut pourtant choisir face à ces clochards du bonheur entre les ignorer en changeant de trottoir ou les égayer d’une pièce lourde de désespoir. Et dans tout ça, le jugement des scientifiques, bafouillant comme un puceau des sentiments, tripote cette peine avec méthode et grossièreté. Il l’écrase cette souffrance, sous le poids du devoir de savoir et il la fouette encore cette dissidente récalcitrante.

Tais-toi quand tu parles (en dehors de l’ordre du discours)

Nous avons tendance à dire que la parole c’est le pouvoir. Qu’à l’image de la cité démocratique athénienne du Ve siècle, cellui qui sait parler est cellui qui domine. Le discours aurait donc un pouvoir immense auquel nous pourrions accéder dès que nous ouvrons la bouche. Certains reprocheront – et sans doute le faites-vous vous-même à cet instant en lisant ce texte – à cette parole d’être trop superficielle, peu raisonnée, peu nuancée : en somme, pas légitime. C’est là toute la complexité de la parole, du discours. Ce qui est énoncé doit répondre à des règles de structure, de scientificité, de morale sans quoi il n’est pas considéré comme audible. Les interrogations sur le langage et sur son accès sont paradoxales. En ce sens qu’elles sont les interrogations de celleux qui font partie prenante de l’ordre du discours. Mais pourquoi et comment renverser cet ordre?