LUNDI ALUMNI #43: Claire Duret

Est-ce que les lundis ne sont pas terriblement plus agréables maintenant que le premier semestre est passé ? Le printemps arrive (prochainement), le soleil revient (timidement), et on entend les enfants riant aux éclats sur le chemin de l’école…les enfants, justement, c’est le quotidien de Claire Duret, passée du CPES en SESJ puis Humanités au poste de directrice d’école maternelle !

Claire découvre le CPES par hasard, alors qu’elle cherchait une formation à la fois exigeante et sans concours. « Je déteste la concurrence, j’avais peur de l’esprit lié aux prépas (…) le CPES c’était vraiment du sur-mesure pour moi ». Elle intègre ainsi la promo de 2015, dans la filière SESJ, aujourd’hui ESD. Pourtant, les cours ne lui plaisent pas tous, elle ne se retrouve pas dans les enseignements proposés. « J’ai tout de suite compris que les maths et l’économie, ce ne serait pas pour moi, tout le monde encensait Mr Combemale, et moi je me rendais juste compte que ça ne m’intéressait pas vraiment ». Elle va ainsi intégrer la filière Humanités au second semestre, changement qui s’accompagne d’une charge de travail importante : « j’ai dû rattraper tout le premier semestre d’Humanités en l’espace de deux semaines, c’était dur mais ça s’est fait ! ».

« il y avait une super ambiance entre les élèves, avec beaucoup de soutien quand j’ai changé de filière, j’ai pu compter sur l’entraide du CPES »

Son entrée au CPES s’accompagne de sa découverte de Paris, Claire étant originaire de la région de Tours. Pour autant, la capitale n’est pas un coup de cœur « Paris, c’est super quand tu as de l’argent, mais sinon c’est difficile de pouvoir en profiter ». Sa première année, chargée avec son changement de filière, lui plaît malgré un rythme intense : « il y avait une super ambiance entre les élèves, avec beaucoup de soutien quand j’ai changé de filière, j’ai pu compter sur l’entraide du CPES ». Pendant sa deuxième année, « la pire en termes de travail, on se retrouve avec deux matières hyper exigeantes », Claire prend grâce à PSL une option avec l’école des Chartes, sur l’histoire de l’édition. « C’était un cours assez exigeant, on devait faire beaucoup de résumés de livres, s’intéresser aux différentes maisons d’éditions, mais c’était très enrichissant ! J’ai découvert un autre univers avec l’école des Chartres, avec des élèves qui parlent latin entre eux, c’est assez particulier ». Un accident survenu en cours d’année l’oblige à rentrer chez elle pendant trois mois, et à suivre les cours à distance. « J’ai inventé les cours en distanciel au CPES, avant que ce soit un concept (…) pour autant, ça a rendu mon année très dure, j’ai failli abandonner ». Finalement, elle choisit la majeure histoire en 3ème année. « J’ai pris socio-histoire en 2ème année. Je pensais garder la sociologie, mais j’ai apprécié le dialogue plus constructif qu’il y avait en histoire, on pouvait vraiment faire évoluer le cours sur mesure, notre groupe de neuf était restreint et il y avait une bonne ambiance ». Claire retient du CPES des cours absolument passionnants, malgré la charge de travail très conséquente, qui donne un solide sens de l’organisation et du travail pour la suite.

« J’ai découvert que j’adorais travailler en école, je faisais des choses variées, je travaillais sur le contact social avec les anciens du village, avec les élèves, je faisais des projets artistiques ».

Pendant ses études, Claire effectue un stage au service communication de la Poste de sa région. « C’était très intéressant, mais je me suis vite rendu que de travailler dans une grosse société, ça n’allait pas me convenir. On est assez anonymisés, dans les bureaux on a peu de rencontres (…) j’ai compris que je n’allais pas m’orienter là-dedans ». Cette première expérience professionnelle lui fait prendre conscience de son besoin de toucher à du concret pendant ses études, mais aussi à retrouver le contact qu’elle avait connu avec le CPES. Elle se tourne donc vers le master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) de l’université de Tours, avec pour objectif de devenir professeur d’histoire-géographie. Le retour à la fac est particulier : « J’ai tenu trois mois, ça ne m’allait pas du tout. J’allais en cours mais je n’apprenais rien de nouveau. Entre l’exigence des cours du CPES et celle de Tours, j’ai eu l’impression de retourner au lycée, c’était vraiment particulier. En faisant simplement acte de présence en cours, je me retrouvais quand même major aux évaluations ». Ne se sentant pas à l’aise dans sa formation, elle décide néanmoins de tester le métier de professeur avant d’arrêter, en faisant un stage dans son ancien collège. « La première personne que j’ai rencontrée, c’était mon ancienne prof d’espagnol, qui m’a reproché de ne faire « que » prof après mes études (…) sinon, j’ai adoré ce stage, le contact avec les élèves, connaître leurs réflexions, mais ça manquait de pluridisciplinarité pour moi. J’avais besoin de toucher à tout, comme au CPES. Enseigner simplement l’histoire, la géographie et l’éducation morale et civique c’était un peu trop restreint ».

Claire abandonne donc la formation, et se lance dans un service civique, qui la passionne et lui montre une nouvelle voie. « Il fallait faire des recherches historiques pour un village. Une fois que j’avais fait ces recherches, il fallait ensuite que je transmette le résultat de mon travail à des enfants, sur leur temps de périscolaire ». Cette expérience va lui permettre de continuer dans la recherche, tout en travaillant sur la transmission auprès des plus jeunes, et est un premier pas vers la pédagogie et la didactique, qui la passionnent. « J’ai découvert que j’adorais travailler en école, je faisais des choses variées, je travaillais sur le contact social avec les anciens du village, avec les élèves, je faisais des projets artistiques ».

« Mon poste actuel, c’est passionnant mais c’est aussi physiquement très dur, pour l’instant je suis jeune. Je sais que par la suite, ça pourrait être plus difficile si un problème de santé arrive par exemple, donc je chercherai à faire évoluer ma carrière ».

Cette expérience la conforte dans son envie de continuer dans l’enseignement, mais à une échelle différente : elle se tourne alors à la rentrée suivante vers un autre master MEEF, dans l’objectif de préparer le concours maternelles et élémentaires, en 1er degré. Comparé au rythme effréné du CPES, c’est encore une année plutôt tranquille pour Claire, qui lui permet de prendre du recul sur sa future orientation, mais surtout de faire un stage d’enseignement d’un mois en Grèce. « On faisait semblant de ne pas connaître un mot de grec ni d’anglais auprès des élèves, donc il fallait absolument que les enfants nous parlent en français. C’était un challenge pour eux, mais aussi pour nous, pour leur transmettre des concepts sans jamais passer par leur langue. Ça m’a permis de décortiquer les processus à l’œuvre pendant un enseignement, de développer plein de méthodes pédagogiques ». Avec le recul des années, Claire apprécie les outils que le CPES lui a prodigué pour son orientation : « c’est la meilleure formation qui existe pour préparer le concours de prof ! On a une pluridisciplinarité qui est demandé lorsqu’on est enseignant dans le 1er degré, et on sait analyser rapidement des situations ». Après son M1, ayant eu son concours, elle doit valider sa formation pendant son M2 avec une année de titularisation, dans une classe de maternelle. « C’est une année assez stressante, là en revanche il a fallu bien travailler. On est à 50% en formation, et à 50% en classe avec des élèves ». Elle profite de cette expérience pour lancer un projet inspiré des pays scandinaves, sur l’« école du dehors », où elle fait classe dehors de manière régulière, « j’ai présenté ça à la réunion de rentrée avec les parents, au départ étant jeune on ne m’a pas trop prise au sérieux, mais finalement enfants et parents ont adoré ».

Cette année, Claire a pris un poste de direction dans son école, en plus d’une classe avec des enfants de 2 ans et demi à 5 ans. Être directrice d’école maternelle, c’est une charge supplémentaire lourde, notamment au niveau administratif, mais cela a permis à Claire d’avoir directement un poste fixe. « Étant dans une toute petite école de deux classes, j’ai juste une journée par mois de décharge pour m’occuper de la direction, en plus de mon travail. Pour demander ce poste, il suffit d’être volontaire, c’est avant tout du travail en plus (…) je suis la seule en stage à avoir demandé un poste de direction, il faut être un peu fou pour le faire dès le départ. Mais je me suis dit que ça ne pouvait pas être pire que ma deuxième année au CPES. Jusqu’à maintenant, je le vis plutôt bien ! ». Claire envisage pour la suite de tester d’autres facettes de l’enseignement, en tant que maître formateur par exemple, ou bien en se lançant dans un doctorat de recherche en pédagogie. « Mon poste actuel, c’est passionnant mais c’est aussi physiquement très dur, pour l’instant je suis jeune. Je sais que par la suite, ça pourrait être plus difficile si un problème de santé arrive par exemple, donc je chercherai à faire évoluer ma carrière ».

Si elle s’épanouit pleinement dans son travail actuel, Claire évoque son passage du CPES à la fac, qui peut être perçu à tort comme un « déclassement » aux yeux de certains. « Mes profs de troisième année pouvaient avoir plus d’enthousiasme pour des élèves qui avaient demandé des masters à l’ENS par exemple ». Pour Claire, ce regard des autres, il faut savoir s’en détacher, pour se concentrer sur ce que l’on souhaite vraiment. « Il faut essayer de ne pas le prendre en compte. Ce qui compte c’est toi, ce que tu vas faire plus tard, ta vie en bref. Si toi tu ne la prends pas en main, les autres vont le faire à ta place, et ça peut mener à des situations difficiles où l’on n’aime pas ce que l’on fait. Ensuite, il peut y avoir des problèmes psychologiques, et on voit aujourd’hui à quel point la santé mentale c’est primordial ».

On se retrouve la semaine prochaine !

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