LUNDI ALUMNI #23 : Sarah P*

Cette semaine, Lundi Alumni vous emmène à la rencontre de Sarah P*, étudiante de la 2e promotion du CPES,actuellement élève-fonctionnaire à l’École Nationale de l’Administration Pénitentiaire. Son parcours atypique, qui l’a amenée à quitter le CPES à l’issue de la deuxième année pour laisser libre cours à sa passion du droit pénal, saura très certainement vous inspirer !

*Pour des raisons de sécurité liées à sa fonction actuelle, le nom de famille de Sarah ne peut pas être affiché.

Pour toute question, crise existentielle ou recherche d’âme sœur pour vous guider après le CPES, CPES-PSL Alumni est là pour vous aider !

« Elève d’un petit lycée, fille d’ouvrier, Sarah est dans l’autocensure, et n’envisage pas de postuler dans les grands lycées pour ses études supérieures. L’un de ses professeurs pour l’encourager, lui dit alors : « Mais Sarah, si toi tu ne peux pas y entrer, alors personne dans le lycée n’y entrera jamais. Donc vas-y, va à Paris ! » »

Sarah, étudiante de la deuxième promotion du CPES, est originaire d’une petite ville du Béarn. Depuis toujours, elle souhaite être professeure d’histoire, mais ses professeurs lui déconseillent. Durant son stage de 3e, elle découvre le métier d’ingénieur, qui lui plait énormément. S’ensuit une longue hésitation, tout au long du lycée, entre l’histoire et l’ingénierie, qui l’amène à rejoindre la filière S pour ne pas se fermer de portes.

Ses premières recherches d’orientation la portent vers les journées portes ouvertes de prépas scientifiques, et se révèlent très infructueuse : à leur issue, Sarah se rend compte qu’elles ne sont vraiment pas sa tasse de thé, notamment car elles comportent bien trop de mathématiques à son gout.

Finalement, à l’issue de tests d’orientation qu’elle accomplit, elle décide de ne plus projeter son orientation en termes de métiers, mais en termes d’écoles. C’est là qu’elle découvre l’ENS, et notamment le master PDI (pratique de l’interdisciplinarité), un master qui mêle une diversité d’enseignements, de sociologie, d’histoire, de droit. Elle se focalise sur ce master et regarde quelles études permettent d’y accéder… c’est alors qu’elle découvre l’existence de la prépa B/L !

Elève d’un petit lycée, fille d’ouvrier, Sarah est dans l’autocensure, et n’envisage pas de postuler dans les grands lycées pour ses études supérieures. L’un de ses professeurs pour l’encourager, lui dit alors : « mais Sarah, si toi tu ne peux pas y entrer, alors personne dans le lycée n’y entrera jamais. Donc vas-y, va à Paris ! ».

Elle part donc faire les JPO à Henri IV et LLG, où elle va découvrir les prépas A/L et B/L. À cette époque, elle ne connait pas du tout le CPES, qui n’en n’était qu’à sa première promotion. « [Le CPES] ce n’était pas connu à l’époque, et je ne l’ai pas vu aux journées portes ouvertes, on m’avait juste filé la plaquette ». C’est lorsqu’elle prend le train pour rentrer à Pau qu’elle lit la plaquette, et se rend compte que c’est la formation qui lui correspond, même si au moment de saisir ses vœux sur APB elle est toujours dans l’hésitation. Elle conserve la prépa B/L à ses deux premiers vœux, et le CPES en 3e. Le jour des résultats, en attente et/ou refusée dans ses deux premiers vœux (B/L Henri IV), elle est cependant acceptée au CPES.

Elle n’attend pas la suite de la procédure, et dit oui au CPES.

L’arrivée au CPES

« PSL sur la plaquette c’était génial, en plus moi ça m’offrait des possibilités… Je sortais de ma petite province, je n’avais quasiment jamais été au musée, j’avais jamais été au théâtre ni rien, donc j’avoue que toute la perspective culturelle qui était offerte avec PSL, avec Madame Dasi, un monument de PSL (rires), c’est vraiment ça qui avait fait pencher la balance » 

Sarah entre en CPES SESJ, et choisit l’option droit en première année. D’abord un peu par défaut, bien que le droit fît partie des traits qui ressortait dans ses tests d’orientation, et notamment la profession de juge des enfants. Elle a en fait, au départ, une vision particulière des études de droit (beaucoup de par cœur, peu stimulant, etc.), qui n’est pas améliorée par le format des cours de droit en au premier semestre : le va-et-vient entre les professeurs fait que très peu de cours de droit sont effectivement assurés. Selon elle, : « l’option droit a été un peu foireuse en première année ».

Les cours « Lire, écrire, écouter, parler » lui plaisent énormément : « moi je n’avais aucune idée de comment se tenir en société, ou comment s’exprimer, c’était très impressionnant pour moi… surtout Madame Boulay… Mais c’est des cours qui étaient très instructifs parce que moi je n’avais pas du tout l’habitude de parler en public ».

« La première année c’était vraiment bien, parce que ça m’a fait une grande culture générale, que ce soit dans les cours : je n’avais jamais fait de sociologie, ni d’économie ; bon je n’ai pas du tout aimé l’éco, mais j’ai adoré la socio, les cours avec Monsieur Riutort mais aussi les TD. Les cours de ‘Lire, Écrire, Écouter, Parler’, et notamment aussi la partie ‘Lire, Ecrire’, avec Madame Safa, j’aimais beaucoup parce que c’était de l’histoire et de la littérature mélangées. J’étais vraiment contente, parce que la première année ça a vraiment répondu à toute mon envie de culture générale, de découvrir plein de trucs, et j’ai pu aller au théâtre pour la première fois, j’ai pu voir plein de musées, plein d’expositions, c’est vraiment un épanouissement culturel ».

Boursière, elle vit à la cité U, qu’elle décrit comme une « très grande expérience humaine », les gens qu’elle y rencontre deviennent ses meilleurs amis. C’est aussi pour elle un moyen de se rassurer, face au déracinement et l’arrivée à Paris.

Au deuxième semestre de L1, les cours de droit se renforcent : c’est le début d’un dilemme pour Sarah. Le cours de droit pénal est pour elle une révélation, et bouleverse son projet initial, qui était de continuer en double majeure sociologie-histoire en L2. Le droit constitutionnel, enseigné sous forme d’histoire du droit, lui plait aussi beaucoup. La découverte du droit la déstabilise. Après mûres réflexions, sachant que le master PDI est également accessible en faisant du droit, et tout en n’étant pas convaincue de faire carrière dans la recherche, et notamment en histoire, elle décide de continuer en double majeure Sociologie-Droit en L2.

La deuxième année

« On a un peu été la génération crash test, plus que la première promo« 

Elle garde un très bon souvenir de sa L2 à l’école des Mines : « c’était un tout autre univers, avec une autre manière de fonctionner, et puis on avait les controverses ». Elle réalise sa controverse sur le sujet des MOOC, et de la démocratisation du système éducatif. Ce projet lui permet de sortir des cours classiques, de découvrir et interviewer des acteurs de terrain, mais aussi d’envisager la recherche sous un nouvel angle, autre que les cours dispensés par David Schreiber en L1. Elle regrette d’ailleurs que le format des cours de recherche de L1 ne soit pas reproduit les années suivantes.

Au cours de sa deuxième année, elle comprend rapidement qu’elle poursuivra en droit en troisième année. C’est notamment sa participation au concours Cassin, dans le cadre d’une équipe de CPES, au sein de laquelle elle occupe la fonction de plaideur, qui l’en convainc. Ce concours lui fait prendre conscience de sa passion pour le droit, et notamment pour le droit pénal.

La deuxième année est compliquée pour toute la promotion, comme Sarah le dit elle-même : « On a un peu été la génération crash test, plus que la première promo ». Très occupée par les cours, elle n’effectue pas vraiment d’activités extra-scolaires en parallèle de ses études. Le concours Cassin demande beaucoup d’investissement, en parallèle des cours et examens, le rythme est très soutenu.

Le concours Cassin

Sélectionnée après écrit, l’équipe du CPES, dont c’est la première participation, part pour les demi-finales à Strasbourg, pour la 30e édition du concours. Sarah plaide à la fois au Conseil de l’Europe et à la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Elle découvre qu’elle adore plaider. L’équipe du CPES finit finalement en cinquième position, une performance à saluer. Une super expérience pour elle, durant laquelle elle met notamment à profit les compétences cultivées lors des cours ‘Lire, Ecrire, Ecouter, Parler’ :

« Le concours Cassin, je pense que ça a été pour moi ma plus grande expérience à PSL, et c’est aussi à cette occasion que je me suis rendue compte que je ne voulais pas du tout être avocate (rires). J’avais adoré plaider mais j’avais vraiment pris ça comme un jeu, et j’aurais eu un petit peu de mal à me détacher, parce que quand on est avocat il faut vraiment croire en ce qu’on dit, en ce qu’on plaide, et moi je suis extrêmement sensible, voire hypersensible, et je pense que j’aurais pas réussi à me détacher de la cause de mes clients : si eux gagnaient, je gagnais avec eux ; mais si eux perdaient, je pense que j’aurais perdu avec eux, donc je me suis dit que ce n’était pas fait pour moi, et je me suis aussi fait la remarque que je n’étais pas forcément prête à défendre des gens en qui je ne croyais pas, et notamment des gens qui avaient commis des infractions… ».

Un stage effectué dans un cabinet d’avocat, à la fin de sa L2, achève de la convaincre que la carrière d’avocat ne lui convient pas.

En parlant à Hélène BRONNENKANT, l’une de ses professeures au CPES, celle qui a mené la participation de l’équipe au concours Cassin, elle se rend définitivement compte que c’est le volet pénal du droit des enfants qui l’intéresse. Sarah souhaite alors s’orienter vers une carrière de magistrate.

Problème : la troisième année de droit au CPES est dispensée à Dauphine, et les cours sont très orientés vers le droit de l’entreprise, des sociétés et des affaires. Sarah se bat, lors de sa deuxième année, pour que d’autres cours soient ouverts au sein de la L3 droit, notamment des cours en lien avec les cours de sociologie suivis en L2, par exemple de sociologie du travail et de la famille. Elle essaie de mettre en place des cours de droit de la famille, de droit du travail et de droit pénal, en vue de la L3, afin que la troisième année du CPES ne s’impose pas comme une obligation de se spécialiser dans des thématiques juridiques davantage commerciales. Mais, cela en vain.

Elle ne parvient pas à convaincre du bien-fondé de cette démarche. Du fait de cette situation, elle quitte le CPES. Elle décide alors de rejoindre une L3 de droit classique, et n’obtient donc pas le diplôme du CPES.

Le droit après le CPES

Sarah quitte Paris et entre en 3e année de droit à la faculté de Bordeaux-Montesquieu. Les équivalences permises par les crédits accumulés en CPES lui permettent de rejoindre cette formation sans souci, bien qu’elle ait fait très peu de droit en comparaison avec les étudiants d’une licence de droit classique. Elle avait l’appréhension de la fac, qui rompait avec les petits effectifs qu’elle avait connus en CPES.

« L’avantage avec le CPES c’est que, niveau travail, avec la fac de droit, j’ai eu absolument aucun problème d’organisation, moi avec le CPES j’avais un rythme d’enfer (rires). Donc c’était pas du tout un problème et j’ai géré très bien ma troisième année, alors que pourtant j’avais beaucoup de lacunes, parce qu’à la fois en première et en deuxième années, j’avais fait peu de droit, donc il y avait quand même pas mal de sujets et de matières que je n’avais jamais vus ».

Entre la L3 et le M1, elle effectue un stage au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Pau auprès d’une magistrate. Celle-ci lui a permis pendant un mois de tourner dans tous les services, et notamment d’assister à un important procès d’assises. « C’était très important pour moi. Quand on est en fac de droit, toutes les matières sont séparées, c’est très clivé, on ne nous apprend pas vraiment l’organigramme et le fonctionnement d’un tribunal et du système judiciaire. On ne se rend pas vraiment compte des liens entre chaque matière, de la communication et des relations entre les agents. Donc ce stage a été très important et bénéfique, parce que ça m’a donné une vision très globale et précise du fonctionnement d’un tribunal, et du coup de me représenter mieux la chaîne judiciaire. Et surtout ça permet aussi de voir ce qu’on aime, qu’on n’aime pas ; moi ça m’a confirmé que j’aimais vraiment beaucoup le droit pénal, et surtout que j’adorais le juge des enfants ».

Par la suite, elle continue en M1 Droit Pénal et Sciences Criminelles à Bordeaux, pour se spécialiser, toujours avec l’idée de devenir magistrate. Cette année à Bordeaux, elle se rend régulièrement au théâtre et à l’opéra, gout qui lui a été transmis par ses années CPES.

Toujours déterminée à passer le concours de la magistrature (« l’un des 2 plus durs de France avec l’ENA »), et dans l’optique de rattraper le « retard » pris durant ses deux premières années de CPES dans certaines matières juridiques, Sarah entre en M2 Carrières Judiciaires à Poitiers, qui prépare à tous les types de carrières judiciaires, tout en sachant qu’elle ne « passera » pas le concours cette année-là, car elle souhaite combler son retard avant. Elle apprécie ce master, qui lui permet de faire un stage plutôt qu’un mémoire, n’étant pas intéressée par la recherche en droit ; elle apprécie également d’avoir des magistrats comme enseignants, et notamment l’enseignement de culture générale. Le master lui accorde beaucoup de temps libre pour pouvoir rattraper ses cours de L1 et L2, tandis que ses camarades révisent le concours.

Durant son M2, elle effectue un stage d’un mois au tribunal de Pau, auprès de la juge des enfants. Elle est à nouveau confortée dans l’idée que dans la magistrature, c’est le métier de juge des enfants qu’elle souhaiterait exercer. Toutefois, en parallèle du stage, elle est amenée à travailler avec les éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Elle décide alors d’effectuer un second stage, dans la foulée, de deux semaines, pour découvrir le milieu de la PJJ. En son sein, « elle s’est éclatée ». Alors que son stage au tribunal était principalement de l’observation, au sein de la PJJ elle est lancée dans le bain, anime des mesures, est invitée au domicile des gens, prend la parole en réunion, peut s’exprimer en commission, etc. Ce stage lui permet de s’affirmer, et de prendre confiance en elle.

Cependant, après Paris et Bordeaux, la vie à Poitiers lui parait bien terne…

Elle continue alors sa formation, cette fois à l’IEJ (institut d’études judiciaires) de Bordeaux, une prépa publique créée par la fac de Bordeaux pour se préparer au concours, dans de la spécialité magistrature. Parallèlement, elle s’inscrit à la Clinique du Droit de l’université de Bordeaux. Cette clinique est un « point d’accès au droit », qui regroupe une grande diversité de spécialités juridiques (droit du travail, pénal, de la famille…). Animée par des étudiants et des professeurs, gratuite, elle accueille des personnes qui rencontrent un problème juridique. Les étudiants, en équipe de 3, reçoivent la personne, recueillent les informations et documents, et disposent ensuite de quelques jours pour réfléchir au cas et proposer des solutions juridiques, évaluées ensuite par leur professeur référent. 

« J’ai fait ça parce que ça m’intéressait, mais aussi pour sortir un peu de mes révisions. Je pense que dans une année de préparation de concours c’est très, très important, et je savais que ça m’avait maqué au cours du CPES de ne pas avoir fait autre chose que les cours… En plus j’avais pris la spécialité droit du travail, et je savais que ça m’aiderait à préparer les oraux de l’ENM si jamais j’y arrivais. C’était une très bonne expérience, parce que ça m’a appris à vulgariser mon propos, et surtout c’est aussi un premier contact avec le public, et on n’a pas forcément des publics faciles, surtout en droit du travail où on a beaucoup de problèmes de harcèlement, donc des gens qui arrivent, qui sont forcément très mal, qui pleurent, donc c’est aussi voir comment nous on gère le public, donc ça a été très bien pour moi, très enrichissant. ».

Elle passe le concours de l’Ecole Nationale de ma Magistrature (ENM) à la fin de l’année mais ne l’obtient pas. Déçue de son année à l’IEJ, et des enseignements, elle entre l’année suivant au CPAG (Centre de Préparation aux Concours de l’Administration Générale) de Sciences Po Bordeaux. Elle choisit ce centre, qui permet de préparer une grande diversité de concours de la fonction publique, non forcément pour les cours de droit, mais surtout pour les cours de culture générale. Ainsi, cette année-là, dans le même temps, elle prépare 3 autres concours en plus de l’ENM, bien que perdue et ne sachant pas vraiment ce qu’elle aimait dans le secteur : directeur de greffe (car plusieurs matières en commun) ; CPIP (conseiller pénitentiaire d’insertion et probation) et DPIP (directeur pénitentiaire d’insertion et probation).

Malheureusement, le COVID vient casser cette dynamique : les cours sont stoppés en mars. Du fait du COVID, le concours de l’ENM est décalé au mois de septembre, alors qu’il devait avoir lieu en mai : « Franchement c’était la mort, c’était très difficile à vivre moralement, surtout que je n’avais pas du tout de point de repère sur les autres concours à cette époque-là, c’était donc difficile de continuer à réviser. Ça a été des mois très difficiles pour la motivation ».

Contre toute attente, elle est admissible au concours de directeur de greffe et au concours de CPIP, auquel elle sera finalement admise. Sarah passe également le concours de l’ENM en septembre mais elle est épuisée, et a peu d’espoir de l’avoir, ce qui a été le cas.

L’entrée à l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire et le métier de CPIP

En septembre 2020, Sarah entre à l’ENAP (Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire) à Agen, pour suivre sa formation CPIP (Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et probation). Cette formation dure deux ans durant lesquels il y a une alternance de périodes de cours et de stages. Son statut est celui d’une élève-fonctionnaire, et lui donne le droit à un traitement durant ses études, comme dans toutes les écoles de la fonction publique.

À l’ENAP, elle suit tout un ensemble de cours en vue de l’exercice de son futur métier : droit des étrangers ; droit du travail ; psychologie ; criminologie ; psychopathologie. Par ailleurs, une fois qu’elle sera en poste, et tout au long de sa carrière, un ensemble de formations permettent de se spécialiser, par exemple dans les auteurs d’infraction sexuelle, dans la radicalisation et le terrorisme, ou encore les violences conjugales. Il est également possible dans le cadre de ses missions de monter des projets, par exemple d’équithérapie, de thérapie canine, des ateliers culturels, etc.

Sarah fait un premier stage de surveillant pénitentiaire à la maison d’arrêt de Pau, dès octobre, ce qui est une obligation pour s’immerger dans la réalité du métier pénitentiaire. Puis, elle formule des vœux, et arrive en stage au service pénitentiaire d’insertion et probation de Versailles, poste qu’elle occupe actuellement.

Quelle est la fonction du CPIP ?

« On est un peu à la fois officiers de probation, mais aussi assistante sociale, psychologue, sans l’être vraiment. C’est un poste à part s’inspirant de tous les autres mais en ayant notre propre spécificité. Notre rôle est d’étudier avec [ceux qui ont été condamnés] le passage à l’acte, parce que notre mission principale c’est la prévention de la récidive, mais c’est également de les orienter vers les partenaires afin de garantir leur insertion professionnelle. Je ne suis pas juste là pour contrôler qu’ils respectent bien leurs obligations et interdictions, mais aussi pour les aider à retrouver leur place de personne à part entière dans la société ».

Dans le cadre de ses prérogatives d’aide à la réinsertion, Sarah est par exemple en charge de l’accompagnement pour trouver un travail, un logement, ou d’orienter les personnes vers les soins dont elles ont besoin. C’est donc avec grand nombre de partenaires qu’elle traite au quotidien : pôle emploi, la mission locale, les structures de soins pour l’addictologie et les maladies psychologiques et psychiatriques, des partenaires culturels, des groupes de parole, etc.

En parallèle, Sarah intervient dans les établissements pénitentiaires : elle s’occupe des personnes en détention provisoire et des personnes condamnées à une peine de prison. Le but : les aider à construire un projet de sortie de prison, et également de les accompagner dans leurs démarches d’aménagement et de réduction de peine.

« C’était vraiment un choix par défaut, je me suis retrouvée là un peu par hasard, et finalement je me suis éclatée, parce que c’est extrêmement humain, et c’est aussi ça qui m’intéresse dans la magistrature […] moi à la base j’avais fait du droit et du droit pénal parce que je voulais être au contact des gens, je voulais les aider, je voulais me sentir utile. Là, je me sens utile, non seulement parce que j’aide les gens en leur permettant de leur de donner une deuxième chance, voire une énième chance pour certains (rires), mais également j’ai l’impression d’aider la société parce que mon but c’est de prévenir la récidive, et d’empêcher que de nouvelles infractions soient commises, et qu’il y ait de nouvelles victimes ».

La deuxième année à l’ENAP se compose essentiellement de stages, ce qui permet d’avancer progressivement dans la formation : « Je ne regrette finalement pas du tout d’avoir passé ce concours ! Je m’éclate ! Franchement, si on veut travailler avec des gens et les aider, il ne faut pas hésiter à penser à ce métier ».

« Les gens, ce n’est pas forcément le métier auquel ils pensent. Ce n’est pas forcément le métier le mieux vu, mais finalement on aide les gens, autant que les magistrats et les avocats. Et il y a aussi une petite satisfaction personnelle : je fais souvent des rapports au juge, car c’est moi qui propose les aménagements de peine, c’est moi qui à la fin des mesures dit si j’estime qu’une personne a bien respecté le parcours, et est prête à la réinsertion. C’est le juge qui prendra la décision finale, mais moi je lui donne toujours mon avis, dans le cadre de cette fonction d’aide à la décision judiciaire. On connaît mieux les personnes que les juges, donc ils se basent quand même sur notre avis, même s’ils ne sont pas obligés de le respecter. C’est satisfaisant quand on s’est battu pour la réinsertion de quelqu’un et qu’on peut se dire « peut-être qu’il ne reviendra pas !»»

That’s all folks ! Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau portrait !

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