#Jour 11 : Et si toutes les facettes de Noël se retrouvaient au rayon chocolat du supermarché ?

Oui, vous avez bien lu : et si l’on retrouvait toutes les facettes de Noël au rayon chocolat ? Je vous le dis tout de suite, cet article n’est pas une publicité pour des chocolats de Noël (bien qu’en tant qu’amateur, je l’aurais fait avec plaisir). Cet article a plutôt vocation à regarder de plus près ce qu’il se cache derrière cette fête. Car derrière la magie affichée par les grandes enseignes, il y a des petits couacs (ou même des gros voire des très gros…). Et quoi de mieux que le rayon chocolat de votre supermarché pour les déceler ? Si, je vous assure, prenez les tablettes unes par unes, regardez bien les étiquettes, le prix, l’origine du cacao…Vous ne voyez toujours pas ? Allons donc explorer le rayon ensemble. Rassurez-vous, je n’en ferai que deux ou trois car, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, toutes les tablettes se ressemblent.

Photo réalisée par l’auteur

Il y a déjà la tablette « classique », la standard : celle qui a en moyenne 30% de cacao, elle n’est pas super stylée et elle n’est pas trop chère. Toutes les marques l’ont. C’est celle que tout le monde connaît. Et la fête de Noël la plus commune (oui, on va éviter de trop s’égarer). Un Noël pas trop cher mais bien festif quand même, des décos en nombre suffisant pour être dans l’ambiance. C’est la fête en famille, autour d’un traditionnel « bon » repas. Bon mais pas cher. Pas cher donc souvent de mauvaise qualité. Ainsi, la dinde c’est souvent un poulet de batterie, les marrons, quand ils sont là ils viennent de loin, et sinon c’est des patates (ça, heureusement, elles sont françaises). Et la bûche a visité plusieurs congélateurs avant d’arriver sur la table. Tous ces plats vont défiler sur la table, mais n’oublions pas qu’une partie d’entre eux finira à la poubelle, au compost ou dans la gamelle du chien. Ce n’est pas tout. Je n’irai pas vérifier la nappe et les couverts pour ne pas vexer Mamie. Mais regardons les décorations : vous voyez les guirlandes qui font briller le salon. Les ampoules qui clignotent jour et nuit. Les boules qui tombent du sapin sans se casser. Le sapin (bien sûr) qui est artificiellement vert. Tous ces éléments de déco ont un point commun : regardez-les de près, lisez l’inscription sur l’étiquette. À part la petite statue héritée de l’arrière-grand-père, tous ont une inscription du style « Made in China ». Et n’oublions pas les cadeaux. Eux ont des inscriptions de plus en plus variées mais la plus courante reste aussi le « Made in China ». En ce qui concerne le Père-Noël sur son traineau : il s’agit souvent d’un porte-conteneur ou d’un camion, tous les deux fonctionnant aux énergies fossiles. L’image est beaucoup moins féérique, d’un coup. Vous l’aurez compris, le portrait que je viens de vous dresser est celui d’un Noël à moindre coût, accessible au plus grand nombre mais pas très écoresponsable. Des aliments issus de l’agriculture intensive et des objets en plastique ayant fait plusieurs fois le tour du globe, c’est pas tiptop niveau environnement. Niveau social non plus : il est fort possible que les lutins chinois soient Ouïghour.es. Par contre en termes d’économie ça va plutôt bon train : déjà parce que cette fête n’a pas coûté trop cher. Et puis, comme cette tablette classique que l’on avale d’un coup et qu’on va aussitôt racheter, une bonne partie des cadeaux au pied du sapin va être revendue le jour même de Noël. Les plateformes de e-commerce et les livreurs.ses s’en réjouissent. Cependant, quel intérêt de faire un cadeau s’il passe plus de temps dans un carton au fond d’un camion que dans les mains du supposé.e bénéficiaire ? Je vous laisse face à cette question et continue de parcourir le rayon chocolat.

Montons maintenant d’un cran (ou plusieurs même). Oui, regardez ces quelques rangées dans un coin du rayon. C’est la collection des tablettes issues du commerce équitable. Celles-ci cumulent les récompenses. Elles sont exquises. Et elles coûtent un bras. Celles-ci s’apparentent à un Noël très écoresponsable. Avec elles, votre fête aura un impact vraiment minime… sur la planète. Mais pas forcément sur vous et vos dépenses. Et surtout en ce qui concerne le repas : la viande, il n’y en aura que si vous vous êtes abstenu.es pendant les deux (ou trois ou quatre ou cinq…) dernières semaines. Parce que produire de la viande a une empreinte écologique considérable et donc si vous voulez en avoir à table le 25, il faudra compenser d’une façon ou d’une autre. Et dans tous les cas, cette belle pièce de viande, si elle est présente, viendra d’un élevage en plein air, nourri qu’avec des bonnes choses, et proche de la maison. Je ne vous parle même pas du foie gras, car ça va être très compliqué de trouver une ferme qui ne pratique pas le gavage. Et si vous n’avez pas prévu de compenser, vous pouvez même oublier la viande et accueillir un délicieux repas végétarien (voire végan). Les légumes devront être locaux et de saison. Je vous rassure, le choix est relativement varié. Pour le dessert, ce sera des fruits, de saison aussi. A moins que vous n’ayez déniché une alléchante recette de gâteau végan (il y en a pléthore). Et pour les chocolats qui accompagnent les soirées, ils sont bien sûr issus du commerce équitable et le cacao est cultivé dans le respect de l’environnement. Et ils ne sont pas suremballés. Tout comme les cadeaux au pied du sapin fait en planches de récup’. Ils sont emballés avec le papier qui avait déjà servi l’année dernière. Sinon, ils ne sont carrément pas emballés (je sais, ça enlève un peu de magie mais bon). Ou alors, ils sont emballés dans du tissu, c’est la technique du furoshiki. On parle de l’emballage, mais les cadeaux en eux-mêmes sont bien sûr écoresponsables : ils ont été minutieusement choisis pour être sûr de plaire aux receveur.ses et sont made in France. Ce sont des produits artisanaux, et/ou faits en matériaux recyclés, et/ou cruelty free, et/ou éthiques etc… Ils n’ont pas non plus été secoués dans un camion de livraison car le Père-Noël, s’il ne les a pas confectionnés lui-même, les a achetés dans un petit magasin chaleureux fonctionnant à l’énergie solaire. Il en est de même pour les décorations de Noël. Du carton peint, des figurines sculptées par un.e artiste local.e, et des bougies ou des LED ultra-basse consommation qui ne seront allumées que le jour de Noël. Vous avez là le portrait d’un Noël en accord avec son temps. Une fête qui prend en compte la crise climatique et qui fait tout pour limiter son empreinte écologique. Néanmoins, je ne sais pas vous, mais cette fête me fait moins envie. Elle respecte la planète et ça c’est génial. Mais elle reste vraiment très contraignante. Et comme le chocolat issu du commerce équitable, elle coûte un bras. Ce Noël n’est donc pas accessible à tout le monde. Seule une petite partie de la population aura les moyens de faire une telle fête. 

Ne baissez pas pour autant les bras ! Je vous disais au tout début que nous étions face au rayon chocolat du supermarché. Or, n’est-il pas grand, ce rayon ? Il y a des dizaines de tablettes, à la fois toutes différentes et similaires. Et il y en a une dont nous n’avons pas encore parlé : la belle tablette de chocolat noir. Celle en haut au milieu, avec 75% de cacao. Bien fine, bien belle, avec plusieurs labels écoresponsables. Presque les mêmes que ceux que l’on retrouve dans le sac de courses. Courses qui ont été minutieusement planifiées quand la famille s’est réunie quelques jours plus tôt. Tati est allée chercher la dinde chez l’éleveur.se à 5mn de la maison. Les marrons viennent du supermarché (on ne peut quand même pas investir partout à la fois). Et il reste quelques cageots de pommes de cet automne à la cave. Ce sera donc tarte aux pommes pour le dessert. Sinon, on trouvera des fruits locaux sur le marché du samedi. Donc là, le repas est fait maison, de l’entrée au dessert. Ça coûte un peu cher, ça prend du temps, mais tout le monde est content et c’est bien meilleur. Pour les cadeaux, certain.es ont fait le choix d’une petite enveloppe avec un peu d’argent. Au moins, on est sûr de ne pas se tromper, et l’impact écologique et social de l’achat ne repose pas sur nous. D’autres se sont un peu plus donné.es et ont offert des produits locaux : paniers garnis du producteur.rice d’à côté, objets artisanaux etc… Mais certain.es n’ont pas eu le temps : le smartphone dans les mains, iels ont commandé quelques babioles qui seront livrées à domicile depuis l’autre bout de la France (dans le meilleur des cas) ou de l’autre bout du monde. Tant qu’elles arrivent pour le 25, on se fiche de savoir d’où elles viennent, après tout. Dans ces familles, en général le sapin a été pris dans la forêt à quelques kilomètres de la maison. Ou alors la coopérative agricole en vendait des pas trop chers qui ont poussé en France. Ce n’est pas si mal : s’ils sont en pot, on pourra les replanter. Sinon on les mettra au compost ou au feu. Pour ce qui est des décorations, la plupart sont encore en plastique, mais la guirlande n’est allumée que quelques heures tous les soirs (c’est les petits-enfants très engagé.es qui l’ont imposé). Le portrait que vous avez ici, c’est celui d’un Noël un minimum en accord avec le développement durable. C’est celui où au moins la moitié du repas est faite d’aliments locaux. Les décos et les cadeaux viennent de tous horizons, il y en a avec une très faible empreinte écologique, d’autres avec une plus grosse, mais on peut dire que, grosso modo, l’empreinte totale n’est pas si mauvaise. Et c’est un Noël accessible à presque tout le monde, pour peu que l’on fasse des efforts et que l’on économise par ci par là. Comme lorsque l’on achète cette belle tablette de chocolat à 75%. Ce n’est pas celle que l’on achète tous les jours. On économise un petit peu pour se l’offrir. Et une fois achetée, on la déguste. Tout comme ce Noël de qualité.

Quel que soit votre supermarché, le rayon chocolat ne se limite sûrement pas à trois tablettes. Ces dernières m’ont permis de souligner les petits détails qui font que Noël, ça ne rime pas toujours avec écologie. Des détails, il y en a plein d’autres. J’ai présenté les principaux, et je compte sur vous pour déceler les restants. Une fois décelés, il ne vous restera qu’à les corriger pour que cette année, Noël soit un peu plus écoresponsable. Je vous l’assure, vos efforts, même s’ils vous semblent insignifiants, auront un impact positif. Et tout comme le rayon comptant une multitude de tablettes, il y a mille et une façons de fêter Noël !

PS : Je n’oublie pas celleux qui ne mangent pas de chocolat (aka celleux qui ne fêtent pas Noël). Vous êtes le sujet d’articles passés et futurs.

Mathis Sireyjol

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