Frankenstein : un savant philanthrope.

Laissez-moi vous raconter rapidement un histoire : il était une fois un homme habité par un désir insatiable d’apprendre et de comprendre. Il entreprit un jour le projet expérimental de créer un corps humain à partir de différents cadavres et de lui insuffler la vie. C’est par une nuit d’hiver que ce corps s’anima et prit vie.

Vous l’avez peut-être deviné, ce brillant savant qui a offert la vie à la créature est Victor Frankenstein.

Son acte a tout de suite été jugé « immoral » et « démesuré ». Cette vision péjorative a été amplifiée par les adaptations cinématographiques au point de caricaturer Frankenstein en savant fou, lui qui était pourtant un illustre scientifique polymathe.

Aujourd’hui, je me tiens devant vous afin de mettre un terme à cette injustice terrible, à cette diffamation qui perdure à travers les siècles.

Aujourd’hui, je souhaite laver Frankenstein de l’opprobre et rétablir la vérité.

Pour ce faire, j’ai besoin de votre participation. Au lieu de vous laisser aller à la critique facile par paresse intellectuelle, au lieu de catégoriser tout de suite Frankenstein comme ayant un complexe de Dieu ou comme étant atteint de démence, soyez philosophe et étonnez-vous.

Quelle était l’intention de Frankenstein à travers cet acte?

Tout d’abord, Frankenstein, avant d’entreprendre son projet, a vu sa mère mourir lentement sous ses yeux, dans une longue agonie causée par la maladie. C’est alors qu’il s’est donné la mission de bannir la maladie du corps humain pour le rendre invulnérable. Et ce, afin que personne n’ait à craindre ou à vivre la souffrance déchirante de la perte d’un être cher. Il espère ainsi alléger ne serait-ce qu’un peu le fardeau de l’humanité. Je vous le demande, mes cher·e·s ami·e·s, qu’y a-t-il de plus honorable, de plus respectable que d’essayer d’apaiser les peurs qui habitent l’être humain ?Je vois là en Victor Frankenstein un homme honnête, plein de bonté et de compassion envers autrui.

Pour remplir cet objectif fort louable, le docteur Frankenstein s’est posé la question suivante : d’où vient le principe de la vie? Qu’est-ce qui anime la matière inanimée? Frankenstein est habité par les mêmes questions que le philosophe, par l’éros, ce désir de vérité et de vie créatrice. Une fois qu’il a compris le lien entre la vie et la mort, il a créé ce pseudo être humain et ce, sans aucune arrogance. Jamais Frankenstein n’avait eu la prétention de devenir un dieu parce que, comme tout vrai philosophe, il a conscience en toute humilité de sa place dans le monde. Il était seulement cet intermédiaire transmettant la vie, facilitant le passage du néant à l’être. L’intermédiaire permettant la métamorphose d’un autre être. Rien de plus, rien de moins.

Ceux qui ne sont toujours pas convaincus des bonnes intentions du docteur Frankenstein et qui persistent malgré ce que je viens de dire, diront sans doute que le docteur reste un lâche et un irresponsable pour avoir abandonné sa créature.

Il s’agit là encore d’une interprétation hâtive. En effet, Frankenstein n’a pas abandonné la créature comme on essaie de le faire croire, mais il voulait la rendre libre. C’est seulement quand il s’est rendu compte que la créature n’avait pas encore développé sa conscience morale qu’il a réalisé qu’il l’avait laissée partir trop tôt. Erreur faite par ignorance, et non par malveillance ! Sa culpabilité, sa souffrance intérieure et son voyage pour réparer son erreur montrent son sens des responsabilités. 

Frankenstein voulait, du début à la fin, faire le bien.

Victor Frankenstein avait seulement une intention bienveillante et souhaitait sauver l’humanité de sa souffrance, pour que personne n’ait à souffrir comme lui avait souffert.

Mais toutes ses actions ont été mal interprétées par une société prompte au jugement de valeur sans réflexion préalable. Il a été diffamé et condamné hâtivement par des personnes qui n’ont jamais cherché à comprendre les raisons de son acte. Ces injustices ont traversé les siècles sans jamais être dénoncées. Jusqu’à aujourd’hui.

Frankenstein n’est pas un scientifique fou et arrogant, mais un savant philanthrope.

Par Pauline Rousseau

1 commentaire pour “Frankenstein : un savant philanthrope.”

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